En marge de la 8e Conférence africaine sur le négoce et le financement du pétrole et du gaz qui se tient à Marrakech, Amina Benkhadra, dresse pour ALM la situation de la recherche pétrolière au Maroc. Il ne faut ni trop jubiler, ni voir tout en noir. Entretien. ALM : Qu'est-ce que vous attendez de cet événement en terme d'impact sur le Maroc? Amina Benkhadra : Cette conférence réunit plus de 600 participants venues d'une quarantaine de pays dont 25 en Afrique, avec de hauts responsables, des ministres et des experts dans toute la filière depuis l'exploration, la production et le raffinage, le financement et le négoce. L'intérêt premier du Maroc dans cet événement, c'est la promotion. Le Maroc en tant que terre des investissements, aussi bien dans l'exploration que dans les autres secteurs de l'énergie. Nous avons une demi-journée consacrée aux potentialités du Maroc, présentées par nous-même (l'ONHYM), et également par nos partenaires qui contribuent à promouvoir l'image du Maroc. La rencontre constitue également une occasion pour parler de l'expérience marocaine dans d'autres domaines comme l'électrification rurale que de nombreux pays africains regardent avec beaucoup d'intérêt, quand ils ont vu le succès récolté. De nombreux pays demandent à la partie marocaine de les faire bénéficier de ce savoir-faire et de cette expertise acquise depuis le lancement du programme en 1995. D'autre part, c'est pour nous l'occasion de raffermir nos liens de coopération avec un certain nombre de pays et tous ceux qui sont représentés ici et avec lesquels nous engageons des réunions et des mises au point sur la coopération qui nous unit à travers des compagnies nationales, mais également à travers les gouvernements et les ministères de l'Energie et des Ressources. Donc, c'est une manifestation qui aura plusieurs impacts et qui ne peut rapporter au Maroc que du positif. Et en plus, on vend l'image de marque d'un pays ouvert au partenariat et où l'environnement des affaires est extrêmement incitatif. Vous dites que l'environnement des affaires est extrêmement incitatif. Est-ce que dans le récent code des hydrocarbures et le futur code des mines, cette volonté est suffisamment soulignée ? Dans le code des hydrocarbures, la principale innovation réside dans la participation de l'Etat ramenée à 25% au plus. Il y a ensuite des exonérations de taxes et impôts sur tout le matériel importé, l'exonération de l'impôt pendant les dix premières années de production et il y a, avant tout cela, des conditions d'octroi de permis de manière simple et rapide, pour encourager nos partenaires. Ceci en gros. Tout cela fait partie des cinq premiers pays dont les législations sont les plus motivantes et les plus intéressantes au niveau mondial. Alors sur le terrain, où en sommes-nous aujourd'hui ? Aujourd'hui, grâce aux importants efforts de promotion menés depuis l'année 2000, nous avons réussi à attirer et à intéresser plus de 17 sociétés pétrolières, des majors comme Shell, Total, de grands indépendants comme Kerr Maggy, Repsol, Maersk Oil, des juniors comme Venco, Energy Africa, Thorus, et des compagnies nationales importantes comme Petronas. Sur les trois années, nous avons réalisé beaucoup de travaux de sismiques 3 D et 2D. Pour la sismique 2D, il y a 60 000 kilomètres carrés et 11 000 kilomètres carrés de sismiques trois dimensions. Ces résultats et leurs interprétations ont permis d'identifier un certain nombre de prospects, que certains de nos partenaires sont prêts à forer dans les semaines et mois qui viennent. Donc, ce qu'il faut retenir en fait, c'est que le processus de recherches – je voudrai y insister dessus- s'inscrit dans le durable. La recherche minière est un processus extrêmement long, risqué, qui demande des moyens techniques très sophistiqués et d'importants moyens financiers. On ne doit pas brûler les étapes. Il faut les faire les unes après les autres. Nous sommes dans un processus de recherche qualité. Globalement nous avons octroyé 72 permis représentant une superficie totale de 123 000 kilomètres carrés répartis ainsi : 100 000 en offshore. Nous avons quatre autorisations de reconnaissance d'une superficie totale de 231 700 kilomètres carrés dont 300 en on shore. Et nous avons trois concessions d'exploitations. Les concessions, c'est l'acte final, donc cela ne représente que 20 kilomètres carrés environ. S'agissant du pétrole, pour un souci de clarification, peut-on dire qu'aujourd'hui il y a des zones plus «probables» que d'autres ? En fait, on ne peut pas dire des zones plus probables. Mais à travers les études géologiques que nous avons, des zones qui donnent des résultats plus rapidement. Pour le moment, notre intérêt, c'est d'attirer des opérateurs, des investisseurs, encore plus que nous avons fait jusqu'aujourd'hui. Maintenant, on peut dire que certaines zones sont plus travaillées que d'autres, elles sont plus mûres pour la prospection. Mais on ne peut pas dire que les autres sont moins prospectives. Combien les multinationales misent-elles sur le Maroc dans la recherche et les forages ? Vous savez la recherche est difficile à évaluer. Il n'y a pas de prix définitif. Cela dépend de la zone, de l'étendue et de l'ampleur des travaux. Mais déjà aujourd'hui, nos partenaires dépensent entre 350 et 450 millions de dirhams par an. C'est déjà un chiffre encourageant pour le Maroc. Nous espérons en faire beaucoup plus. Pour les forages, chacun d'eux contre qui vont être faits bientôt en offshore 25 millions de dollars. Et il s'agit de forages d'exploration. Cela donne une idée de l'importance des coûts et des investissements.