Le groupe amazigh «Inouraz» a présenté son premier album récemment dans les locaux du Boultek, centre de musiques actuelles à Casablanca. Entièrement composé de musique instrumentale, cet opus tend à inscrire la musique amazighe dans un contexte d'universalité. Ses huit titres combinent sans complexe entre rythmes et modes traditionnels amazighs savamment maîtrisés et sonorités plus exotiques issues d'une panoplie d'instruments de différents horizons : les congas africaines, le zarb iranien, la table indienne en plus du tam-tam et du nakouss…. Et ce qui est frappant (percutant même) chez Inouraz est la subtile domination de la percussion. C'est elle qu'il faut suivre, c'est à elle qu'il faut se fier pour comprendre l'originalité de ce groupe. C'est elle qui dirige sa musique, elle gère ses arrangements. Elle est la colonne vertébrale du groupe… Cela n'étonne pas quand on sait que la formation Inouraz ( espoir en amazigh) est créée en 2006 par Khalid El Berkaoui leader de groupe, justement le percussionniste qui a rassemblé les trois autres musiciens. Et la chair d'Inouraz, c'est les mélodies du ribab et du outar en plus du guembri. Ces derniers voguent avec aisance dans les trois modes du pentatonique amazigh : le «amâakel», le «agnaou» et le «tachelhit» (gamme soussie). Un voyage dans le Moyen Atlas, le Rif, les plaines du Souss en passant par les mélodies kabyles. L'âme de la musique des Inouraz prend pour sa part vie grâce à l'interaction des quatre membres du groupe, qui développent un jeu de scène unique puisqu'ils sont assis à même le sol en face d'un public sur des tapis. Des membres qui sont aussi ouverts à d'autres musiques puisque le groupe collabore régulièrement avec des groupes jazz. On cite une version du titre Amadle (montagne) qui fait partie de l'album, une collaboration avec le groupe européen EM. En plus de compositions comme «Amadle», «Soudani» (une adaptation tagnaouite), «Tadinga» ( la vague ), l'album comprend quatre titres hommages inspirés des douars de chacun des quatre membres de Inouraz. «Talgjunt» un douar proche de «Oulad Berhil» à Taroudant , «Agred u walus» ( le cou de la mousse) dans la région de Tiznit, «Tagant u Wggid» (forêt des oiseaux) et enfin «Ijakkan» dans la région de Tafraout. Par ailleurs, le groupe est composé du percussionniste Khalid Berkaoui, Houssine Fadil au «tallunt» (bendir) et guenbri, Boumlik Hassan musicien polyvalent joue au outar , ribab, violon et à la guitare et enfin Mustapha Amal, violoniste. Avant de fonder le groupe et au cours de leur carrière de musiciens, ils ont accompagné plusieurs raiss, tout en côtoyant d'autres musiciens de divers autres styles et influences.