Il est des hommes dont il ne faudrait pas se fier aux apparences. Frédéric Posez en fait partie. Car, dès ses premières rencontres avec la presse nationale, ce Parisien qui avait pris quelques mois plus tôt les commandes du département marketing de Renault Maroc, avait étonné plus d'un. Doté d'une énergie incroyable, M. Posez parle vite, enchaîne les explications argumentées et répond aux questions avec franchise et confiance. Pour certains, il donna vite l'image d'un «expat'» débarqué dans le Royaume Chérifien en terrain conquis. Erreur. Frédéric Posez est à la fois humain, attachant et sensible aux autres. Sans être atypique ou éclectique, son parcours professionnel est pourtant dense et intéressant. Fils d'un publicitaire (son père était chez Publicis) et d'une cadre de banque, Frédéric Posez a eu droit à une enfance heureuse, éveillée et instructive dans l'Ouest parisien, avant d'opter pour des études assez poussées. D'abord, une Maîtrise en Sciences de Gestion en 1992, ensuite un Mastère en Achats Industriels en 1994, encerclant un service national d'un an à la Police nationale à Paris. Auparavant, ce jeune passionné des voyages (et d'automobile) avait déjà mis le cap vers le Maroc, destination idéale pour ses vacances. «J'étais venu sillonner deux mois le Maroc aussitôt le permis de conduire obtenu dès le 1er mois de mes 18 ans en Renault 5 L (…) avec de magnifiques souvenirs encore à l'esprit», raconte-t-il. Après un stage commercial de fin d'études de six mois chez BSN (Groupe Danone aujourd'hui), il intègre le groupe Renault en 1994 en tant que chargé de mission à la Direction des achats. Il y apprend vite et passe au statut de chargé d'achats, chef de groupe puis, manager en relations fournisseurs. Au bout de six ans et quatre postes successifs à la direction des achats, Frédéric eut à choisir entre deux voies : continuer dans le même département lié à l'industrie (les achats), mais en s'expatriant ou alors, basculer vers une tout autre discipline à savoir, le commercial. Un choix cornélien sur lequel il revient. «J'ai pris la décision de faire un virage à 180° dans l'entreprise et de passer de l'amont vers l'aval, en partant du domaine industriel vers l'animation d'un réseau commercial dans le sud-ouest de la France». En fait, ce marketeur malgré lui ou marketeur en devenir avait envie d'aller voir le client (final) de plus près. Basé à Toulouse mais ayant ses bureaux à Bordeaux, Frédéric va alors suivre de près et au quotidien les 35 concessions/succursales et 310 agents de Renault de la région Midi-Pyrénées et un peu du Languedoc et d'Auvergne, dont il sera Team Manager Réseau. «Un choc culturel» pour l'industriel M. Posez qui va devoir tout apprendre du commerce automobile. Mais cela, non sans une forte capacité d'adaptation. Celle-là même qui lui sera utile pour mieux comprendre le marché automobile marocain. Entre-temps (de 2000 à 2004), le groupe Renault était en pleine mutation et dynamique commerciale. Offensive «produits», synergie avec Nissan et surtout refonte de la relation-client à tous les niveaux (ventes, après-vente, Internet), que de projets déployés, en plus d'un autre gros challenge : celui de l'amélioration de la qualité. Bref, toute une expérience qui ramènera notre personnage en 2004 à Paris, au siège de Renault, en tant que chef de produit senior du programme M1 (Mégane-Scénic) à la Direction Marketing Monde. «Ce passage au Siège de Renault était indispensable pour mon évolution dans le commerce puisque le seul siège que je connaissais de Renault était industriel», raconte-t-il. Arrivé au Maroc en juin 2007, Frédéric venait (revenait en fait) s'installer dans un pays qu'il aime et qu'il connaît suffisamment. Succédant à Saïd Karbache au poste de directeur marketing de Renault Maroc, il ne tarde pas à retrousser ses manches. Il commence par restructurer son département, dont il finira par presque doubler l'effectif, avec à la clé de profils jeunes, mais expérimentés et surtout comme lui : motivés. Logique pour lui -comme pour nous d'ailleurs- de penser que le travail d'équipe prend toute sa valeur dès lors que celle-ci est dûment constituée. S'en suivra alors toute une dynamique visant à rendre l'image de Renault beaucoup plus visible et mieux perçue dans le Royaume. Du jour au lendemain, le losange devient omniprésent dans le paysage national. Des grandes affiches sur des façades d'immeubles, jusqu'au parrainage d'événements ou festivals à forte couverture médiatique, en passant par des insertions publicitaires à tout-va, même au dos des pochettes d'agences de voyages. Sans oublier une priorité à la stratégie Internet. Ceci étant, pour M. Posez, il faut d'abord et surtout «être très client», comme il insiste en disant «c'est ce qui me guide personnellement et ce que je passe comme message quotidiennement à mes équipes». «Lorsqu'on décide quelque chose, il faudrait d'abord réfléchir à ce que va en penser le client», explique-t-il. Parallèlement au travail de fond opéré par les autres hauts cadres de Renault Maroc et notamment, l'amélioration de la qualité des services, des structures de vente et d'après-vente, ainsi que du réseau, l'effet Frédéric Posez porte très vite ses fruits sur la balance. En trois ans seulement, son département aura mené à bien le lancement de plus d'une quinzaine de nouveautés des marques Renault et Dacia. Un duo dont les ventes et la pénétration ont augmenté dans un marché automobile en baisse depuis 2008. En effet, de 28,2% en 2008, la part de marché de Renault Maroc est passée à 33,7% en 2009, puis à 35,7% à fin avril 2010 ! «Ce que je retiendrais du Maroc? Que du bonheur ! Beaucoup d'aléas, de problèmes et de solutions», répond Frédéric avant d'ajouter : «en fait, ici comme ailleurs, il ne faut pas lâcher». «La clé de réussite dans ce métier, c'est qu'il faut être volontaire, rapide et réactif». Ayant désormais montré de son talent dans sa spécialité, ce marketeur partira occuper la même fonction dans un pays plus grand (encore confidentiel), mais où le marché automobile est le plus important des pays où Renault est installé et dans lequel ce groupe affiche également de fortes ambitions de croissance. Un challenge qu'il est prêt à relever avec l'enthousiasme qu'on lui connaît. Son seul regret, finalement, c'est de ne pas accorder suffisamment de temps à sa famille, mais aussi au golf qu'il affectionne. Papa de trois enfants, il regrette de ne pas assez les voir grandir, si ce n'est sur son Blackberry ou «petit engin diabolique», comme il le surnomme et auquel il est tout le temps accroché.