«Renault et Dacia ont largement contribué à la croissance du marché en 2011» Les Echos quotidien : Quel bilan commercial dressez-vous pour l'activité de Renault Maroc en 2011? Jean-Frédéric Piotin : En 2011, les ventes cumulées de Renault et Dacia ont atteint plus de 41.500 véhicules neufs, soit un volume historique pour Renault Maroc. Maintenant, lorsqu'on regarde d'un peu plus près ces résultats chiffrés, on remarque une pénétration de marché à hauteur de 20% pour Dacia et 17% pour Renault. Trait particulier dans nos résultats sur le marché marocain, nous affichons un bel équilibre entre les marques Renault et Dacia, ce qui constitue une grande satisfaction pour nous. L'autre point positif, c'est de voir qu'au total, nos deux marques ont progressé de 18,8%, soit 10 points de plus que l'évolution du marché (NDLR : +8,4%), ce qui nous permet de dire, sans aucune exagération, que Renault et Dacia ont largement contribué à la croissance du marché automobile marocain en 2011. Quel commentaire faites-vous globalement sur l'évolution du marché automobile marocain au terme de l'année écoulée? Plusieurs lectures peuvent être faites des chiffres et des résultats du marché. Ceci étant, j'en retiendrai deux choses. D'une part et dans la foulée, certaines marques ont inhabituellement bien vendu. Je pense notamment à Ford qui a réalisé une belle performance cette année, tout comme Nissan qui a explosé ses compteurs. D'autre part, je dirai qu'en 2011, le marché marocain a notamment souffert de phénomènes exogènes qui n'ont rien à voir avec la performance de telle ou telle marque. Je fais allusion aux marques japonaises et en particulier à Toyota, qui a dû faire face à un manque d'approvisionnement grave, causé par un phénomène extérieur qu'est le tsunami. D'ailleurs et cela doit nous pousser à rester humble et reconnaître que si nos performances commerciales ont été meilleures l'an dernier, c'est aussi parce que des phénomènes extérieurs nous y ont aidés. Justement, comment expliquez-vous les bons chiffres réalisés par la gamme Renault? La progression de Renault est véritablement ce que nous avions cherché à faire en 2011 et que nous avons finalement réussi à réaliser. Pour y parvenir, de gros efforts ont été déployés sur le plan marketing. Pour améliorer nos ventes dans le segment des petites voitures, nous avons réintroduit la Clio Campus sur le marché marocain en 2011 et ceci, parce que nous estimons que cette auto a une véritable légitimité par rapport à une typologie de clientèle. Nous avons également revu la gamme Clio III pour lui donner un positionnement plus adapté à la demande du marché. Idem pour des modèles comme la Symbol, la Fluence, le Koleos, la Latitude... Etc. En gros, nous sommes allés chercher tous les volumes possibles dans les segments ou niches dans lesquels nous sommes présents. Le tout, en mettant en place les moyens commerciaux qu'il fallait et surtout, une politique marketing mieux adaptée en produits et en prix. L'autre aspect qui nous a aidé à obtenir ces bons résultats, c'est notre filiale de financement, RCI Finance Maroc que nous avons utilisé comme un véritable accélérateur des ventes. Car avant 2011, nous utilisions le financement comme un aspect subi par le produit, alors que l'an dernier, nous avons fait des formules de RCI un énième argument pour nos produits. Enfin, nous avons utilisé le support de la communication, plus pour valoriser notre image de marque et nos produits, que pour une quelconque agressivité commerciale. N'est-il pourtant pas risqué d'avoir dans la gamme Renault, un modèle comme le Kangoo qui réalise plus de 60% des ventes? Je pense que le Kangoo est la résultante d'une adéquation entre la demande du client marocain et le produit qu'on lui met à disposition. D'ailleurs, il n'est pas le seul à bien se vendre. En 2011, nous avons fait 10.000 Kangoo, mais nous avons aussi vendu 10.000 Logan, ce qui constitue au passage un autre équilibre. Donc, pour répondre à la question, nous n'avons pas d'inquiétudes à nous faire à ce sujet. Quelles sont vos projections commerciales pour 2012? Les ventes de Renault Maroc dépendent d'abord du marché. Et moi, je crois sincèrement que le marché automobile marocain sera encore fort et en forte progression. Cela, pour plusieurs raisons. D'abord parce que le taux de motorisation est encore faible et correspond à la moitié de celui des autres pays d'Afrique du nord. Il y a ensuite plusieurs autres facteurs comme l'évolution du PIB du Maroc, le développement d'une nouvelle classe moyenne, les besoins des sociétés en parc roulant... Certes, nous avons aussi en face quelques risques, comme la problématique du prix du carburant qui influence lourdement la caisse de compensation ou encore, un éventuel resserrement du crédit du fait de l'absence de liquidité... Mais malgré tout cela, je pense que la demande pour l'automobile restera soutenue en 2012. Voilà pourquoi, je vois un marché automobile marocain autour des 122.000 unités, soit 10.000 de plus qu'en 2011. Et dans ce volume, l'objectif de Renault Maroc se focalisera surtout sur le maintien de sa pénétration à hauteur de 37% en parts de marché. Comment allez-vous répercuter le passage à 0% de droits de douane au-delà du 31 mars prochain? D'une part, nous ne voulons pas rentrer dans le jeu du dumping des prix. D'autre part, nous ne sommes pas obligés d'adapter notre politique commerciale exclusivement en baissant les prix et ceci, du fait du démantèlement douanier. À titre d'exemple et comme nous l'avons fait l'an dernier, nous pourrons cette année encore mettre l'accent et les moyens sur le financement. L'idée est de combiner des durées plus longues sur le financement avec des taux plus bas, afin de permettre l'accès à l'automobile neuve pour des gens aux budgets limités. Où en êtes-vous avec le déploiement des nouveaux services comme Renault Minute, Renault Rent et Renault Occasion? En étant à la fois une filiale d'un grand constructeur, mais aussi leader du marché, Renault Maroc a un rôle essentiel à jouer dans l'évolution et la maturité de la distribution automobile dans le royaume. Pour cela, nous développerons des activités complémentaires que doit avoir un réseau automobile et qui sont la vente de voitures d'occasion, la location de véhicules et l'entretien rapide. Jusqu'à aujourd'hui, la fiscalité actuelle ne nous permet pas de vendre des voitures d'occasion. Voilà pourquoi, nous en appelons aux pouvoirs publics pour modifier la structure de la fiscalité relative aux ventes de voitures d'occasion. Il y va de la sécurité des clients qui profitent de véhicules sûrs, fiables et garantis, mais cela vise aussi la normalisation du métier de vente des V.O qui ne doit plus rester confiné au marché informel. Seconde enseigne sur laquelle nous travaillons actuellement, Renault Rent est notre label de location que nous pensons installer au courant de cette année, une fois que nous aurons levé certains aspects juridiques et fiscaux. Enfin, troisième point, la rapidité de l'entretien régulier à travers l'enseigne Renault Minute. Celle-ci garantit, au-delà de la rapidité des opérations, à la fois la fiabilité des réparations et une transparence dans les prix, à travers des forfaits bien étudiés. Version PDF