Entre le P-dg de Fiat Group Automobiles Maroc (FGAM), Bruno De Mori et son homologue d'Auto Hall, Abdellatif Guerraoui, l'heure était à la diplomatie des coulisses pendant plusieurs semaines et jusqu'à ces derniers jours. On sait que les grands patrons des deux groupes se sont rencontrés en tout début de semaine et qu'ils ont finalisé un accord de partenariat. De quoi s'agit-il ? La filiale marocaine du groupe turinois va profiter du vaste réseau commercial d'Auto Hall. C'est ce qui a été officiellement annoncé à travers quelques communiqués de presse laconiques servis aux médias nationaux ces derniers jours. «Fiat Group Automobiles Maroc, dans le cadre de l'extension de son réseau de distribution, a signé avec la Société nouvelle du Garage Universal (SNGU), filiale du Groupe Auto Hall, un contrat de distribution des produits de marques Fiat, Fiat Professional, Alfa Romeo et Lancia», lit-on sur l'un des documents en question. Toujours selon le même communiqué, la «SNGU commercialisera et assurera le service après-vente des produits de FGAM de manière progressive à travers les succursales du Groupe Auto Hall : les marques Fiat et Fiat Professional dans les villes de Marrakech, Fès, Meknès, Tétouan, Oujda, El Jadida, Béni-Mellal, Safi, Settat, Attaouia et Chemmaia et les marques Alfa Romeo et Lancia dans les villes de Marrakech, Tanger et Fès», précise le dernier communiqué de FGAM. En revanche, la date effective de cette nouvelle «distribution» n'a pas été annoncée. Or, on ne distribue pas une marque du jour au lendemain, même avec le réseau le plus performant. Ceci étant, il est bien connu et admis dans le secteur automobile qu'Auto Hall dispose du plus large réseau de succursales au Maroc. Au total, des représentations directes dans les douze principales villes du Royaume. De belles bâtisses déjà amorties sur le plan immobilier et profitant d'une politique continue de modernisation et d'extension. Tout le monde sait aussi que ce groupe cherche à se développer et qu'il avait déjà eu, par le passé, à gérer la distribution de Fiat. C'était du temps des premières «voitures économiques». Reste une foultitude de questions que l'on est en droit de se poser. D'abord, celle de savoir si les anciens concessionnaires de Fiat resteront dans le circuit et comment cohabiteront-il dans le nouveau schéma? Puis, avec quels objectifs et pour quelle marge ? Auront-ils la même marge de manœuvre que le réseau d'Auto Hall? Assurément pas la même force de frappe, surtout dans les petites villes. Ensuite, quel intérêt pour un opérateur aussi grand et historique que l'est Auto Hall sur notre marché, d'avoir la licence de commercialiser la principale marque de FGAM (Fiat) sur tout le Royaume à l'exception des deux grandes villes du pays ? Les autres interrogations que l'on peut se poser sont encore plus existentielles… Pourquoi Turin ne lève pas plus de fonds pour reconstruire la politique réseau de FGAM ? Trancher une fois pour toute entre un réseau en fonds propres (succursales) d'une part et d'autre part des concessionnaires «mono-marques», sérieux et capables de booster l'image et les ventes de Fiat bien loin de l'axe Casablanca-Kenitra.Tout cela, alors que plusieurs observateurs se doutent bien que l'avenir de Fiat au Maroc est inévitablement radieux ! Entre l'arrivée de nouveaux produits, la sophistication de ses moteurs et notamment ceux axés sur le «downsizing» (la technologie Mult-Air), puis surtout une compétitivité tarifaire encore plus accrue à partir du démantèlement douanier total, en 2012… Voilà autant d'indices que les stratèges italiens devraient (ou auraient dû) prendre en compte et croire au futur potentiel de Fiat au Maroc.