Tête de liste du RNI à Casa-Anfa, Ali Benkirane, homme d'affaires de 42 ans, fait partie de cette jeune garde qui veut s'investir dans le développement local de sa cité. Portrait. Il est jeune, dynamique et ambitieux. Ali Benkirane, natif de Casablanca le 12 avril 1961, conduit la liste de son parti, le Rassemblement national des indépendants (RNI), dans l'arrondissement de Casa-Anfa et pour la présidence du conseil de la ville. Une liste qui émerge du lot, compte tenu du profil de son chef de file. Militant du RNI depuis 15 ans, membre de son comité central, vice-président du conseil de la région du Grand Casablanca dont il est également président des relations internationales, membre élu de la Chambre des pêches maritimes de l'atlantique nord, Ali Benkirane a fait des études prestigieuses. Après un baccalauréat (sciences physiques et mathématiques) obtenu en juin 1979, il se rend en France pour poursuivre ses études supérieures. Là, il décroche une maîtrise en sciences de gestion à l'université Paris-Dauphine ( juin 1983), un DEA à l'université Paris-Sorbonne ( juin 1984) et un Doctorat en sciences de gestion (janvier 1987) à la même université. En 1986, il intègre comme enseignant-chercheur l'université Georgetown à Washington D.C. Fondateur et dirigeant d'un groupe de sociétés opérant dans les secteurs de la pêche industrielle, l'agriculture et l'immobilier, Ali Benkirane est un entrepreneur accompli. Il veut s'impliquer davantage dans l'action locale et le travail de proximité. Ayant réussi dans les affaires grâce à son esprit d'initiative et son goût du risque, il ne perçoit pas la commune, à l'instar de nombre de candidats, comme un moyen d'ascension sociale. Bien au contraire. Aux électeurs (35.000) de sa circonscription, M. Benkirane tient un langage de vérité, à savoir que la création des postes d'emploi est affaire de promotion de l'investissement. Ce n'est le genre à faire des promesses impossibles à tenir. C'est que M. Benkirane, porteur d'une vision nourrie d'expérience et de pragmatisme, refuse de se mettre dans la peau du marchand d'illusions qui, pour une poignée de voix, baratine les électeurs. Dans sa tournée électorale, tout en étant attentif à leurs attentes, il leur expose les moyens adéquats et réalistes de les satisfaire, loin de toute démagogie ou surenchère. Homme d'ordre et de méthode, Ali Benkirane a des projets plein la tête. À ses yeux, la priorité des priorités pour Casablanca qui souffre des embouteillages est de faire aboutir le nouveau plan de déplacement urbain à l'intérieur de la métropole qui englobe la circulation des voitures, des taxis, des bus et même des chemins de fer. “Ce nouveau plan aura un impact considérable sur la population et au plan économique et de l'environnement, assure M. Benkirane. L'étude de ce projet est en cours. Ali Benkirane est pour beaucoup dans la recherche des moyens de son financement. Il a fait, en effet, appel en sa qualité de vice-président du conseil de la région du Grand Casablanca à un camarde de sciences Po à Paris : Paul Huchon n'est autre que le président de la région île de France. Pour sa coopération décentralisée dont le budget atteint les 20 millions d'euros, l'île de France hésitait entre trois pays : Liban, Tunisie et Maroc. Grâce au lobbying de Ali Benkirane auprès de son ami français, le choix s'est porté finalement sur le Royaume. C'est ainsi que fut signé il y a deux ans environ un accord de jumelage et de coopération entre la région du Grand Casablanca et l'île de France. Consul général honoraire d'Estonie (un pays candidat à l'entrée à l'UE en 2004), Ali Benkirane a invité il y a trois ans au Maroc Mme Ojualnd- la ministre des Affaires étrangères de cette république- qui a annoncé publiquement le soutien de son pays à la position du Maroc sur l'affaire du Sahara. L'arrondissement d'Anfa ne compte pas seulement des villas cossues et des résidences riches. Cette circonscription est en proie à une mal-vie qui se manifeste particulièrement à travers la prolifération des bidonvilles. Des îlots de prospérité dans un océan d'extrême dénuement. Comment réduire le malaise ? “ Il faut rendre la dignité au citoyen en lui permettant d'accéder à un logement décent tout en sévissant contre les complices de cet habitat anarchique conformément aux Hautes instructions Royales“, explique M. Benkirane. Dans une commune où l'extrême richesse et l'extrême pauvreté se côtoient, les nantis ont à coup sûr un rôle important à jouer. “ Cette richesse que je respecte étant moi-même entrepreneur, observe notre interlocuteur, est descendue dans la rue pour manifester contre les attentats du 16 mai. J'espère que cette marche se poursuivra jusqu'aux urnes et que chacun vote pour le candidat de son choix mais qu'il vote quand même“. Pour Ali Benkirane, l'essentiel, c'est que les citoyens, toutes classes confondues, participent massivement à l'émergence de leur élite locale. “ La citoyenneté agissante commence dans l'isoloir“, lâche-t-il sur un ton ferme.