Aucun vote n'était prévu jeudi lors de la réunion du Conseil législatif palestinien (Parlement) au cours de laquelle le Premier ministre Mahmoud Abbas devait présenter le bilan de son gouvernement. Une décision sur ce point ne devait pas intervenir avant la fin de la semaine prochaine après les discussions en commissions parlementaires sur le discours du Premier ministre. «Nous avons décidé de donner du temps à tous ceux qui font l'intermédiaire entre Yasser Arafat et Mahmoud Abbas afin de leur permettre de surmonter leurs divergences», a indiqué un député du Fatah qui a ajouté qu'il est «possible de parvenir à un compromis notamment sur un partage de pouvoirs pour les services de sécurité, en créant par exemple un Conseil national de sécurité où chacune des parties serait représentée». Mahmoud Abbas, qui souhaitait que les députés le confirment dans ses fonctions par un vote de confiance, dès jeudi, essuie un revers car le président du Conseil législatif lui oppose dès mercredi une fin de non-recevoir. Ahmed Qorei a estimé que Mahmoud Abbas avait déjà reçu la confiance du Parlement lors de son investiture en avril et qu'un nouveau vote de confiance n'était pas nécessaire. Il considère que le CLP ne doit pas se mêler du contentieux qui oppose le Premier ministre au Président palestinien. «Le Parlement n'accepte pas d'être transformé en un lieu de conflit ou d'être un élément de la crise actuelle», a-t-il souligné. Le vote est théoriquement possible si plus de la moitié des 83 députés le demandaient, mais une telle probabilité semble exclue. De nombreux députés, s'ils n'hésitent pas à critiquer Mahmoud Abbas, ne veulent pas l'évincer pour autant et militent pour rapprocher ses points de vues de ceux de Arafat. En se présentant devant le CLP, le Premier ministre palestinien entend obtenir son soutien sur sa quête d'obtenir le contrôle de tous les services de sécurité palestiniens. En tant que détenteur du portefeuille de l'Intérieur, M.Mahmoud Abbas contrôle seulement trois des branches des forces de sécurité palestiniennes, la police, la défense civile et la sécurité préventive. Les membres de la force de sécurité nationale (40.000 hommes) ainsi que d'autres unités comme le renseignement, la marine et la police aux frontières sont sous le commandement direct de Yasser Arafat. La légitimité du Président Yasser Arafat est inaliénable et il est du devoir de toutes les institutions officielles de ne pas l'outrepasser», estime le Mouvement palestinien Fatah. Depuis plusieurs mois, l'Administration Bush accroît ses pressions pour que Yasser Arafat remette l'entière responsabilité de l'appareil de sécurité palestinien à Mahmoud Abbas afin de mieux contrôler les activistes du Hamas et du Jihad islamique responsables d'attentats suicide contre Israël. Tel-Aviv s'est également mis de la partie : son ministre des Affaires étrangères, Silvan Slomo a averti qu'Israël ne négociera pas avec un nouveau gouvernement palestinien nommé par Arafat, et son homologue de la défense, Shaul Mofaz a averti de son côté qu'Israël pourrait bientôt expulser le Président palestinien. Suite à cette déclaration, Washington a demandé des explications à Ariel Sharon. Un observateur israélien a rappelé que l'Administration américaine considérait Arafat comme «une partie du problème et non de la solution», mais les Etats-Unis ne veulent pas qu'il soit exilé. À cet égard, l'Autorité palestinienne a réaffirmé qu'elle restait liée par «la feuille de route» : «la partie palestinienne continue de respecter le plan du Quartette (USA, Russie, U.E. et ONU)», a déclaré Nabil Abou Roudeina, proche conseiller du Président palestinien.