Partir pour l'au-delà à 39 ans, c'est malheureux, affreux, émouvant et même injuste. Surtout lorsqu'on a brillé en compétition, que l'on s'est surpassé dans sa discipline et que l'on a été très respecté par ses congénères. C'est pourtant ce qui est arrivé à un grand nom du monde des rallyes, Colin McRae, dans la soirée du 15 septembre 2007. Ce samedi soir-là, l'hélicoptère personnel de Colin McRae s'est écrasé près de sa propriété de Lanark, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Glasgow (Ecosse). Selon l'agent de McRae, ce dernier se trouvait, au moment du crash, lui-même aux commandes de l'hélicoptère, qui transportait également son fils Johnny, âgé de 5 ans, un ami du pilote et un autre enfant. Le pilote écossais s'est ainsi éteint, laissant derrière lui un palmarès des plus remarquables. Né le 5 août 1968 (à Lanark), Colin McRae est le fils d'une légende des Rallyes en Grande-Bretagne : Jimmy McRae. Il a donc baigné son enfance dans une famille passionnée de sports mécaniques avant de travailler, dès la fin de son adolescence, dans l'entreprise de plomberie familiale. Ses débuts, McRae les fera d'abord en moto (1984-1985), puis sur une quatre-roues en 1985 au volant d'une Talbot Sunbeam. Elle révélera son caractère de pilote pressé et fou du volant, en l'envoyant sur un bas-côté. Le nom de Colin McRae était né et avec lui un style de conduite risqué. Et ses quelques sorties de route lui avaient valu le surnom de «McCrash». Deux ans plus tard, il fait sa première participation en championnat du monde des rallyes (WRC). En 1988, il gagne le championnat écossais puis remporte les championnats anglais en 1991 et 1992. L'année suivante, il s'investit pleinement dans le WRC avec Subaru et remporte sa première victoire lors du Rallye de Nouvelle Zélande. McRae n'a donc pas tardé pas à briller, puisqu'en 1995 il est sacré champion du monde des rallyes (sur Subaru toujours). Or, il n'a que 27 ans, soit le plus jeune âge pour une tête couronnée dans cette discipline. McRae va ensuite passer une décennie au plus haut niveau de la compétition. D'abord chez Subaru, ensuite chez Ford, puis Citroën et même Skoda. Outre son titre de 1995, il a terminé trois fois à la deuxième place du classement général (1996, 1997, 2001). Et malgré ses 25 victoires et plus de 40 podiums, l'Ecossais n'avait pas trouvé de baquet en WRC depuis 2004. Il fait alors un passage en rallye-raid sous les couleurs de Nissan pour qui il a couru le Dakar en 2004 et en 2005. D'ailleurs, dans cette dernière édition, McRae (ou plutôt McCrash) abandonne l'épreuve après un tonneau spectaculaire, effectué par l'avant du véhicule. Plus proche de nous dans le temps, McRae avait effectué une pige sur Citroën Xsara en 2006 pour pallier au forfait de Sébastien Loeb. Souvenez-vous : la chute en VTT du Français l'avait brièvement écarté des dernières épreuves WRC de la saison 2006… La mort de Colin a provoqué un grand émoi dans les milieux du sport automobile. Même du côté des coureurs motos, on regrette beaucoup la disparition de l'ex-«enfant terrible des rallyes». Le septuple champion du monde Moto GP Valentino Rossi (et occasionnellement pilote de rallye), qui s'est imposé au Grand Prix du Portugal (dimanche 16 septembre) à Estoril à ainsi déclaré : «Je veux dédier ma victoire à Colin McRae, qui malheureusement est décédé samedi. Colin était l'une des grandes idoles de mon enfance. Quand j'étais très jeune, il m'a donné la passion du rallye». Au-delà de son coup de volant, McRae était un homme qui avait le cœur sur la main comme on dit. Parmi les anecdotes qu'on pourrait conter, son arrêt en pleine spéciale sur une étape du Dakar 2004, afin d'aider un motard à réparer sa monture! Colin avait acquis le respect de ses adversaires et la notoriété auprès du public, y compris le plus jeune, puisqu'un jeu vidéo (sur Playstation) qui portait son nom, s'est vendu à 8 millions d'exemplaires dans le monde. Le sportif écossais était ainsi devenu un businessman averti, possédant également une ligne de vêtements et parrainant des stages de conduite sur glace en Suède. McRae est donc parti rejoindre le paradis des pilotes automobiles, là où repose Manuel Fangio, Ayrton Senna et autres Richard Burns. Adieu champion.