La Chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat a reporté, à l'audience du lundi, le dossier du ressortissant français Pierre Robert, alias « Abou Abderrahmane » et des trente-trois autres «takfiristes» de la Salafiya Jihadia, impliqués dans les attentats terroristes du 16 mai. La Chambre criminelle près la Cour d'appel de Rabat a entamé sa séance de l'après-midi du mercredi dernier, en se prononçant sur la requête présenté lors de la séance matinale, relative à son incompétence dans ce dossier, en vertu de la loi 03-03 anti-terroriste. A ce propos, elle a statué qu'elle était compétente en vertu de cette même loi entrée en vigueur le 28 mai 2003. La défense avait expliqué que ce procès devrait se dérouler devant une chambre criminelle ordinaire ou devant un tribunal militaire et non pas en vertu de la loi anti-terroriste, arguant du fait que les actes perpétrés par leurs clients ont été commis avant l'entrée en vigueur de la loi 03-03. Une requête que le représentant du ministère public a qualifié d'infondée et a demandé son rejet en prenant en considération la date du déclenchement de la procédure. Après avoir tranché sur sa compétence, la Cour a donné le feu vert aux avocat de la défense de présenter leurs requêtes sur les vices de forme. La défense a demandé la convocation, en qualité de témoin, du consul général de France, Bruno Perdu, qui a rendu visite à Pierre Robert à la prison pour l'assurer de la protection française, afin qu'il donne des éclaircissements à la Cour. Elle a, aussi, requis l'annulation des procès-verbaux pour absence du flagrant délit et la non information des familles des mis en cause. La défense a requis en outre la présentation des objets saisis dont des CD contenant des informations sur les méthodes de fabrication des explosifs et des armes blanche et à feu. La défense a réclamé également la levée de la détention préventive en faveur du français Pierre Robert, ainsi que de quelques autres mis en cause impliqués dans ce dossier. Prenant la parole, le représentant du ministère public a expliqué que les requêtes de la défense sont infondées, puisque les mis en cause ont été arrêtés en vertu de la procédure du flagrant délit, que leurs familles ont été informées et que toutes les dispositions de la procédure pénale ont été respectées. Après avoir écouté les répliques et contre répliques de la défense et du ministère public, la Cour s'est retirée pour délibérer. Elle a ainsi décidé de joindre les requêtes relatives à la nullité des procès-verbaux et la présentation des objets saisis au fond et rejeté les autres requêtes. La cour d'appel de Rabat a décidé, mercredi, tard dans la soirée, de reporter à lundi prochain l'examen du dossier du groupe du Français Pierre Robert, alias "Lhaj", alias "Abou Abderrahmane", en raison de l'incapacité du ressortissant français à continuer d'assister au procès. Signalons que l'agence de presse, Associated Press (AP), a rapporté que Me Vincent Courcelle-labrousse, l'avocat parisien du Français Pierre Robert s'est étonné, jeudi, du “silence persistant“ de l'ambassade de France à Rabat dans ce dossier ». L'avocat qui vient de soutenir son concitoyen a déclaré, à ce propos, à AP qu'il « trouve curieux que, dans un dossier où un ressortissant français encourt la peine de mort, les autorités diplomatiques françaises observent une passivité tout à fait inhabituelle ». Et de s'interroger : « Est-ce le fruit de la spécificité de la relation franco-marocaine? ». Signalons enfin que la Cour d'appel de Rabat devra entamer, lundi, l'interrogatoire de Robert Pierre et les 33 autres « takfiristes », impliqués dans ce dossier.