L'investissement est à l'ordre du jour dans la région du Souss-Massa. Le bilan est loin d'être satisfaisant et la région perd en vitesse depuis quelques années. Les problèmes sont nombreux et le diagnostic de la situation actuelle est devenu une urgence. Une journée a été consacrée récemment pour dresser les bilans, nommer les entraves et débattre des solutions. Elle a été présidée par le wali, Zineb El Adaoui, le président de la région, Brahim Hafidi et les représentants des différentes provinces, directions, structures bancaires et investisseurs. Le diagnostic de la situation fait ressortir plusieurs défaillances. «Il est malheureusement donné de constater que l'accès au financement demeure un des maillons faibles et fragiles de notre économie locale. Trois freins essentiels touchent le financement de l'investissement : la partialité dans l'octroi des crédits bancaires, le coût de l'argent qui pénalise la rentabilité des investissements, et les sur-garanties requises par les banques pour l'obtention du crédit», souligne Zineb El Adaoui, wali de la région. «Plusieurs projets d'investissement lancés au niveau de la région tardent à se réaliser faute de solutions financières capables de redresser leur fonctionnement. Les financements tendent à rester traditionnels. Les banques et les institutions financières ne développent pas suffisamment de produits financiers pour les investissements en rupture. Autre constat, les fonds d'investissement mis en place par les pouvoirs publics nationaux et régionaux demeurent moins utilisés, par manque d'information ou de vulgarisation mais également par méfiance des entrepreneurs vis-à-vis de ces nouvelles formules», diagnostique Zineb El Adaoui. Le premier frein est le foncier. Sur ce volet vient la nature du foncier, sa mauvaise gestion et sa rareté. «Le foncier est rare dans notre région et la majorité des terrains dont on dispose est à caractère forestier. Il est très difficile de mobiliser le foncier forestier et la décision relève de la direction centrale. Ce qui nous fait perdre beaucoup de temps», explique le directeur du Centre régional d'investissement. Notons dans le même cadre que la région connaît une prédominance du foncier collectif comme c'est le cas à Chtouka et Taroudant. Toujours dans le cadre de la nature du foncier, la région est une destination balnéaire. «Le littoral doit jouer son rôle mais malheureusement le littoral au niveau du Sud est hypothéqué par le Parc national de Souss-Massa où des zones ont été initialement ouvertes à l'urbanisation mais on attend que la SMIT fasse une étude avec les Eaux et Forets pour l'ouvrir», a déclaré Khalil Nazih. «Aglou et Tiznit ont été inondés de projets immobiliers déguisés en projets touristiques. Aujourd'hui, une loi vient d'être promulguée et qui impose 100 m pour construire sur le littoral», souligne-t-il. Un autre problème de taille fait perdre à la région sa vitesse de croisière : la spéculation. Des terrains sont sous la main de spéculateurs ou de gens qui se font des réserves foncières dans la perspective d'investir plus tard. À la rareté et nature du foncier s'ajoutent la mauvaise gestion et le manque d'optimisation. «La mauvaise gestion est très palpable par exemple dans la zone industrielle où des lots ont été donnés sans cahiers des charges à des spéculateurs. Des affectataires ont cinq à dix lots qu'ils ne valorisent pas en attendant de voir remonter les prix», a déclaré le directeur du CRI. Certes, le problème du foncier est loin d'être à lui seul l'unique frein à l'investissement dans la région. La lourdeur des procédures administratives a également été pointée du doigt. Des dossiers d'investissement se font reprogrammer, ajourner et reporter. Une demande d'allégement et d'assouplissement des procédures a été formulée dans ce sens. Le nerf de la guerre qui est l'accès au financement fait également défaut à l'investissement. «Les taux d'intérêt sont trop élevés comme il y a une opacité dans l'environnement bancaire. On ne connaît pas tous les produits. Et de ce fait, nous ne pouvons pas conseiller à nos clients les produits existants puisque ces derniers ne communiquent pas assez», explique le directeur du CRI. Ajoutons à ce constat la lenteur qui caractérise le déblocage des financements et la demande de plusieurs garanties. Les lignes de financement sont défaillantes. Deux exemples viennent illustrer cette donnée. La ligne de financement des petites entreprises «Moukawalati» qui ne débloque le fonds qu'après un an de l'accord, le fonds Igrane ainsi que Renovotel. Les initiatives proposées pour pallier ce constat se focalisent sur l'instauration d'approches par pôles (pôle productif et financier; pôle social, culturel et sportif ; pôle d'éducation et formation ; pôle aménagement, urbanisme et infrastructure.). Dans le même cadre, la commission régionale du climat des affaires est aujourd'hui appelée à jouer pleinement son rôle pour faire face à la lenteur administrative, simplifier les procédures et réduire les délais ainsi que pour anticiper les besoins des investisseurs. La commission d'investissement devrait également accélérer la fréquence de ces réunions, inviter le promoteur à défendre son dossier, orienter et assister le porteur du projet avant le dépôt de son dossier (adaptation/réorientation); et réexaminer et réadapter certains projets ayant reçu un avis défavorable et qui présentent un intérêt pour la région. Rappelons dans le même sens la mise en place d'un système de poursuite du traitement du dossier sur le Net «Si-Invest». Une étude se proposant de faire le diagnostic approfondi du comportement de la création d'entreprise est également en cours (par le CRI). Notons qu'un guide de création en ligne est également en phase de préparation.