«Est-il légitime que les prescriptions pour la protection du climat soient dictées par ceux qui sont les premiers responsables du réchauffement de l'atmosphère ?». Cette question, qui relève l'un des paradoxes les plus saillants de la politique environnementale mondiale, est revenue dans l'allocution de SM le Roi Mohammed VI lors de la cérémonie d'ouverture de la Conférence des Nations Unies pour le climat (COP21) à Paris. Le Souverain souffrant d'une extinction de voix, comme l'a indiqué un communiqué du Cabinet royal rendu public quelques moments avant le début des travaux du Sommet, c'est SAR le Prince Moulay Rachid qui s'est chargé de lire, en langue française, l'allocution royale devant les 150 chefs d'Etat et de gouvernement réunis dans la capitale française hier lundi. SM le Roi a ainsi pris la défense de pays victimes de ce qu'il a appelé «l'ultime injustice» : les pays les plus vulnérables, en voie de développement, souffrent le plus de la crise climatique alors que, paradoxalement, ce sont eux qui polluent le moins. Dans ce sens, le Souverain a appelé à une attention particulière envers le continent africain. «C'est en Afrique, continent de l'avenir, que se jouera l'avenir de notre planète», a-t-il assuré. L'idée est d'éviter à ces pays le choix entre le progrès de leur économie et la protection de l'environnement. Pour cela, un accompagnement des pays développés est nécessaire. Ceux-là se doivent de promouvoir le transfert de technologie et la mobilisation des financements pour un développement durable des pays du Sud, toujours selon SM le Roi. L'allocution du Souverain note, par ailleurs, que les politiques environnementales et les mesures de lutte contre le réchauffement climatique doivent prendre en compte les particularités de chaque pays notant que dans tous les cas, «une réglementation contraignante est nécessaire». Le Souverain a naturellement profité de cette allocution à Paris pour exposer les avancées du Maroc en matière de protection de l'environnement. A commencer par la politique des barrages lancée au début des années 60 par Feu SM Hassan II, et jusqu'aux différentes stratégies mises en place par le Royaume dans ce sens lors des dernières années. «La Charte de l'environnement, le Plan Maroc Vert, le Plan d'investissement vert, l'interdiction des OGM et la récente loi sur les déchets plastiques, sont autant d'expressions de cette mobilisation et de cette cohérence», a-t-il noté. Le plan de transition énergétique était également l'un des axes principaux de cette intervention. Le Souverain a rappelé que l'objectif de 42 % qui avait été fixé pour la part des énergies renouvelables, dans la réponse à apporter aux besoins du Maroc en 2020, a récemment été porté à 52 % à l'horizon 2030. La COP21 est une véritable messe du climat, également considérée par plusieurs experts comme le dernier espoir du monde pour faire face au changement climatique. L'objectif global de ce Sommet est l'adoption de mesures concrètes et quantifiables par chacun des pays participants, en vue de limiter le réchauffement climatique en deçà de deux degrés Celsius. Les efforts du Maroc ont été, à plusieurs reprises, salués comme étant exceptionnels par rapport aux pays en voie de développement. Quelques minutes seulement avant l'allocution de SAR le Prince Moulay Rachid, Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères français, citait le Maroc et le Pérou comme exemples de l'engagement pour le climat.