Le projet de loi de Finances 2016 ne fait guère exception et répond également à des perspectives bien précises. Il intervient dans une conjoncture internationale perturbée où la poursuite de la reprise de l'économie mondiale se fait à des rythmes différenciés selon les régions et pays. Assurer coûte que coûte la soutenabilité à court terme… Certes, les perspectives des pays avancés s'améliorent, tandis que la croissance dans les pays émergents et les pays en développement semble s'atténuer, face à une dégradation des perspectives de quelques grands pays émergents et de pays exportateurs de pétrole. Au niveau national, la spatialisation des politiques publiques, désormais interpellées par la régionalisation avancée, donne également le ton à la nouvelle loi de Finances. Globalement, la configuration des finances publiques, telle qu'elle ressort de l'actuel projet de loi de Finances, s'inscrit dans la logique de rééquilibrage du profil des finances publiques dans le sens de la maîtrise du déficit budgétaire et ce, afin d'assurer leur soutenabilité à moyen terme. Une nouveauté et pas des moindres, c'est que la loi de Finances 2016 présente une rubrique au niveau des dépenses relatives aux remboursements, dégrèvements et restitutions. Ces dernières sont d'ailleurs estimées à 5,3 milliards de dirhams. En matière d'investissement, le projet de loi de Finances 2016 prévoit des émissions d'un montant de près de 53,1 milliards de dirhams (y compris le Fonds spécial routier), soit près de 5,1% du PIB après 5% en 2015. Recul des recettes agricoles et essoufflement de la croissance S'agissant des prix de l'énergie, l'exercice de prévision table sur un cours de pétrole de 56 dollars le baril en 2015 et 61 dollars en 2016 après environ 100 dollars le baril en 2014 et un prix du gaz butane de 450 dollars la tonne en 2016. En matière de change, le taux de change de l'euro vis-à-vis du dollar est resté égal à 1,11 en 2015 et 2016 après 1,33 en 2014. La demande étrangère adressée au Maroc en biens hors phosphates et dérivés devrait, quant à elle, se redresser pour atteindre 4,1% en 2016 après 3,5% en 2014. Par ailleurs, l'exercice de prévision a pris en considération une production céréalière de 115 millions de quintaux en 2015 et une hypothèse de 70 millions de quintaux en 2016 après 67,3 millions de quintaux en 2014, et la consolidation des autres cultures et de l'élevage. Il faut dire que le contexte macroéconomique national a été marqué, durant l'année sortante, par un allégement du déficit commercial, un redressement des transferts des Marocains résidant à l'étranger (+5,2% à fin août 2015) et un maintien à la hausse des réserves de change. Dans ce contexte, l'économie nationale devrait enregistrer un net rebond de sa croissance en 2015, pour s'établir à 5%. Ce rythme devrait toutefois s'atténuer en 2016 pour se situer à 3%. Evolution de l'industrie, tassement de l'activité touristique… Un autre pan important de l'économie nationale qui a été pris en considération par la nouvelle loi de Finances est l'industrie de transformation. Celle-ci devrait connaître une augmentation de 3,4% en 2016, après 1% en 2014, tirée par la dynamique de l'ensemble des branches du secteur alimentaire, du tabac, du textile, du cuir, mais surtout de la chimie-parachimie qui devrait profiter du repositionnement stratégique d'OCP sur les dérivés de phosphate. L'autre secteur à fort potentiel est celui de l'industrie mécanique, métallurgique et électronique, dont la valeur ajoutée devrait augmenter de 2,2% en 2016, sous l'impulsion du bon comportement de l'industrie automobile et aéronautique. Concernant les activités du bâtiment et des travaux publics, elles devraient s'améliorer de 2,1% en 2016 après 1,4% en 2014. Ce redressement est en lien avec le renforcement des liquidités bancaires, la consolidation de l'investissement des entreprises publiques et l'adhésion des promoteurs immobiliers au dispositif de relance du logement social. La composante «travaux publics» devrait d'ailleurs profiter de la consolidation de l'investissement public qui devrait atteindre 189 milliards de dirhams. En revanche, l'activité touristique devrait se tasser, affichant une évolution négative en 2016, après 2,4% en 2014. en lien avec la bonne production agricole, à la reprise des activités non agricoles et au dynamisme du commerce extérieur.