C'était un week-end de deuil et d'affliction pour la Tunisie. Au fur et à mesure que s'éclairent les zones d'ombre du carnage de Sousse, les Tunisiens n'arrivent toujours pas à évaluer l'impact très lourd de conséquences sur l'économie et la sécurité de tout le peuple. Déjà qu'au premier trimestre, la croissance était seulement de 1,7%, alors que l'on tablait sur une évolution de plus de 3%. Il faut dire qu'entre-temps, le pays a connu deux cataclysmes majeurs : l'attaque terroriste du musée Bardo à Tunis le 18 mars dernier, et la paralysie de l'industrie des phosphates durant plusieurs semaines à cause des protestations des populations du bassin minier. Ces deux événements, conjugués aux interminables mouvements sociaux, présagent une croissance négative à la fin du premier semestre 2015. Une situation qui risque de s'aggraver pour le reste de l'exercice, du fait que l'attaque de Sousse a frappé au cœur le secteur touristique, l'une des locomotives de l'économie tunisienne. Employant quelque 400.000 personnes et contribuant au PIB à hauteur de 7%, le tourisme tunisien subit déjà le contrecoup, des milliers de touristes ayant quitté le pays au lendemain de l'attentat et plusieurs tour-opérateurs ayant annoncé des annulations de réservations pour les prochaines semaines. Les professionnels concèdent que l'attaque aura des répercussions très graves non seulement sur le tourisme mais aussi sur d'autres activités économiques, comme le transport aérien, l'investissement et l'agriculture. Une situation qui pourrait dépasser les frontières tunisiennes pour impacter l'ensemble des pays du Maghreb. En ce sens, les professionnels du tourisme marocains commencent à se poser des questions et se sont déjà mobilisés à petite échelle. «Pour l'instant, nous restons confiants. Si à aujourd'hui nous n'avons enregistré aucune annulation, nous avons tout de même tenu des réunions internes pour étudier les différents scénarios possibles», a confié à ALM M. Badir, directeur général adjoint du Kenzi Europa Agadir. Et de poursuivre : «Heureusement que la destination Maroc jouit d'une bonne réputation à l'étranger. Cependant nous devons attendre la décision du Quai d'Orsay pour savoir si après l'attentat de Tunisie, le Maroc ne sera pas, dans la foulée, affiché comme zone à risque». A l'heure où nous mettions sous presse, aucune réaction officielle de la part des responsables du secteur n'a été communiquée. Ainsi, contacté par ALM à plusieurs reprises, Lahcen Haddad, ministre du tourisme, ne s'est pas prononcé sur le sujet. Pour sa part, Abderrafie Zouitene, directeur général de l'Office national marocain du tourisme, nous a laissés sur notre faim. Contacté par ALM, il a souligné: «Il est encore trop tôt pour parler d'impact. Il faut d'abord laisser nos voisins tunisiens panser leurs blessures. Il est indécent de parler de tourisme et d'impact économique alors que nous sommes censés adresser des condoléances». En ce sens, Sa Majesté le Roi Mohammed VI s'est entretenu, samedi au téléphone, avec le président tunisien Béji Caïd Essebsi. Selon un communiqué du Cabinet Royal, lors de cet entretien, le Souverain a réitéré ses condoléances au président tunisien suite à l'attentat terroriste abject ayant visé des établissements touristiques dans la ville de Sousse. Aussi, SM le Roi a exprimé la solidarité totale du Maroc avec la Tunisie sœur dans cette dure épreuve et son soutien permanent à ce pays pour faire face au terrorisme ignoble qui est aux antipodes des valeurs de notre religion islamique et des principes humains universels. Bernardino Leon solidaire avec les victimes du vendredi noir Les condamnations des actes terroristes dont la Tunisie, le Koweït et la France ont été le théâtre fusent de toutes parts. Depuis le Maroc, le représentant spécial du secrétaire général des Nation Unies pour la Libye a exprimé la solidarité de l'ensemble des parties belligérantes et les représentants de la communauté internationale avec les pays victimes des attentats. «Tous les représentants dans le processus de paix libyen et tous les représentants de la communauté internationale veulent adresser un message de solidarité aux familles des victimes et les quatre pays où ont été perpétrées ces attaques terroristes», a affirmé dans ce sens Bernardino Leon, et ce en marge de la tenue des pourparlers politiques inter-libyens à Sekhirat. Et de poursuivre : «C'est pour nous une opportunité de se rappeler ceux qui ont perdu la vie en Libye qui vit malheureusement au rythme d'attaques quotidiennes». Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Libye a, par ailleurs, exprimé le vœu de voir «ce message de condamnation devenir aussi un message d'espoir pour tous les Libyens qui souffrent de la violence». Plus de 66 morts en une seule journée En une seule journée, une personne est morte décapitée sur un site industriel près de Lyon, dans le centre-est de la France, tandis qu'en Tunisie un homme armé a tué 38 personnes dans une station balnéaire. Au Koweït, au moins 27 personnes sont mortes dans un attentat suicide revendiqué par le groupe Etat islamique (Daech) contre une mosquée chiite. Une déferlante d'actes terroristes a secoué le monde en date du vendredi 26 juin. Des attaques qui mettent en évidence les défis auxquels doivent faire face tous les pays du monde afin de mettre fin à la situation de tension qui pèse avec la montée en puissance du terrorisme. Ainsi, le bilan de la seule journée du vendredi 26 juin a été lourd avec plus de 66 victimes.