«Chaque jour qui passe nous confirme qu'il ne faut rien attendre de ce gouvernement». Les propos émanent de Mohamed Kafi Cherrat, secrétaire général de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM). Le numéro un de la centrale syndicale, proche du parti de l'Istiqlal (opposition parlementaire), a décidé qu'il était grand temps d'agir. Le responsable annonce dans ce sens l'organisation de quatre marches de protestation le 19 avril dans quatre villes différentes. Il s'agit notamment de la capitale ouvrière, Casablanca, ainsi que Fès, fief de l'ancien dirigeant de l'UGTM et secrétaire général actuel de l'Istiqlal. Les deux autres villes concernées sont Kénitra et Tétouan. Des villes où les organisateurs pourront probablement mobiliser le plus de personnes. «L'organisation des marches de protestation vient bien évidemment en réponse au cheminement qu'a pris le dialogue social. Le gouvernement continue d'ignorer les principales revendications du mouvement syndical», explique le secrétaire général de l'UGTM. Et de poursuivre : «La décision a été prise en coordination avec nos alliés à la FDT qui seront également présents lors des quatre marches. L'ODT (Organisation démocratique du travail) vient également de nous rejoindre». Les trois syndicats lancent ce qui ressemble à un premier avertissement au gouvernement. En effet, le dialogue social entre les partenaires sociaux ne donne pas de résultats pour le moment. Au cours des dernières réunions, les centrales ont exigé une hausse généralisée des salaires et une amélioration de revenus à travers notamment une baisse de l'IR (Impôt sur le revenu). L'Exécutif, pour sa part, remet en cause la faisabilité, du moins à court terme, des revendications syndicales vu la conjoncture actuelle. C'est pour cette raison que l'UGTM, la FDT de Abdelhamid Fatihi et l'ODT de Ali Lotfi (ndlr : également membre du bureau politique du parti de l'Union socialiste des forces populaire, opposition) descendent dans la rue le 19 avril. Pour leur part, l'Union marocaine du travail (UMT) et la FDT de Abderrahmane Azzouzi ainsi que la Confédération démocratique du travail (CDT) ont lancé un ultimatum au gouvernement. Les trois centrales ont demandé une réunion avec le chef de gouvernement pour faire le point avant de prendre des mesures de protestation si les résultats du dialogue social ne s'avèrent pas concluants. Depuis la réunion avec le chef de gouvernement en février dernier avec les secrétaires généraux des cinq centrales syndicales les plus représentatives, le dialogue social n'avance pas à la vitesse escomptée. Les partenaires sociaux doivent également débattre de la réforme paramétrique au sein de la Caisse marocaine des retraites (CMR). Cependant, les syndicats refusent d'évoquer la question avant de parvenir à un accord sur la question des salaires. Pour rappel, les partenaires sociaux avaient décidé de créer quatre commissions concernant respectivement le secteur public, le secteur privé, la retraite et les élections professionnelles.