La lutte du Maroc contre la maladie à virus Ebola n'est pas finie. Le ministre de la santé, El Houssaine Louardi, a annoncé la réactivation du plan national de veille et de préparation à la riposte à cette épidémie. «Suite aux derniers développements en République de Guinée, qui connaît une recrudescence des cas d'Ebola, et conformément aux instructions royales, nous allons relancer le plan national mis en place en début du mois d'avril 2014», a déclaré le ministre, s'exprimant lors d'une réunion de haut niveau tenue hier, lundi, à Rabat. La propagation du virus représente toujours un danger sanitaire considérable en Afrique de l'Ouest, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). «La situation en Guinée confirme que l'épidémie n'est pas terminée, qu'elle reste encore hors de contrôle dans certaines zones», a affirmé Yves Souteyrand, représentant de l'OMS au Maroc. Ainsi, loin de verser dans l'alarmisme, cette décision est principalement mue, selon Louardi, par un souci réaliste de prévention. Selon le ministre, «cette relance a pour principal objectif d'éviter de tomber dans le relâchement», précisant que «ces mesures ne doivent pas se transformer en une routine». Concrètement, la relance du plan national consistera en des campagnes d'information et de sensibilisation adressées aux divers intervenants, l'organisation de visites de terrain afin d'évaluer l'efficacité du dispositif mis en place, le renforcement des unités de contrôle sanitaire sur les points frontaliers, l'amélioration du processus de prise en charge et de traitement par l'ajout de 5 unités mobiles dans les régions les plus exposées au risque d'épidémie, la mise en place d'appareil PCR qui permet d'avoir les résultats d'analyses dans un délai d'une heure au lieu de cinq heures et enfin la relance des centres régionaux et provinciaux de coordination présidés par les gouverneurs. «Nous sommes ici pour soutenir le ministre de la santé», a assuré Mohamed Hassad, ministre de l'intérieur, soulignant que le Maroc avait les capacités humaines et logistiques pour lutter contre cette épidémie. Les experts de l'OMS semblent, eux aussi, partager l'avis du ministre de l'intérieur. «Le Maroc est sans aucun doute bien préparé pour faire face à une éventuelle importation de cas d'Ebola», a noté Yves Souteyrand, ajoutant que «l'OMS utilise d'ailleurs régulièrement l'expertise marocaine pour aider d'autres pays de la région à renforcer leur capacité et parfaire leur préparation». L'OMS insiste, néanmoins, sur la nécessité de parfaire le dispositif mis en place par le Maroc. Le volet formation semble celui qui inquiète le plus les experts de l'organisation. «Nos experts insistent particulièrement sur la nécessité de renforcer la formation des intervenants à tous les niveaux géographiques», a précisé le représentant de l'OMS. «Il y a, en effet, un risque que la routine entrave la mobilisation immédiate et la réactivité nécessaire pour faire face à une situation réelle d'importation de cas», a-t-il ajouté. Cette réunion dédiée à la réactivation du plan national de lutte contre la maladie à virus Ebola a connu une réelle mobilisation des départements concernés. En plus des deux ministres, Louardi et Hassad, étaient présents à cette rencontre le président de la Royal Air Maroc, Driss Benhima, le général de corps d'armée coordinateur national de la lutte contre la grippe aviaire ou encore le directeur de l'Office national des aéroports (ONDA). Ebola dans le monde : Où en sommes-nous ? Un peu plus d'une année depuis la déclaration des premiers cas d'Ebola en Afrique de l'Ouest, 25.000 personnes ont été contaminées par le virus et 10.460 en sont mortes. Trois pays comptaient des foyers épidémiques et étaient les plus touchés. Il s'agit de la Sierra Leone avec, à elle seule, quelque 12.000 cas, du Liberia avec près de 10.000 cas et de la République de Guinée avec 3.500 cas. Il est à noter que d'autres pays avaient également connu un nombre limité de cas (entre 1 et 20). Il s'agit du Nigeria, du Mali, du Sénégal, de l'Espagne, des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Actuellement, l'épidémie semble être contrôlée, exception faite de la Guinée. Au Liberia, un seul cas a été identifié tout au long du mois de mars, alors que l'on en comptait 450 par semaine en 2014. Au Sierra Leone, le nombre de cas connaît une baisse significative. Il est passé de 248 cas la première semaine de janvier à 25 cas la dernière semaine de mars. En Guinée l'épidémie reste non stabilisée. Au cours de la dernière semaine de mars, 57 nouveaux cas ont été rapportés contre 45 la semaine précédente. «On y constate un élargissement de l'aire géographique de transmission, en particulier à l'Ouest du pays», précise le représentant de l'OMS au Maroc, Yves Souteyrand. Une année de lutte contre Ebola pour le royaume La stratégie préventive du Maroc semble avoir porté ses fruits, d'après le jugement de l'Organisation mondiale de la santé. «L'OMS a procédé à une évaluation du plan national mis en place par le Maroc en mars dernier, et je peux vous dire que les résultats étaient très positifs», a déclaré El Houssaine Louardi, ministre de la santé. L'OMS a par ailleurs salué l'engagement du Maroc envers les pays touchés par Ebola, notamment à travers l'acheminement et la distribution de médicaments et de matériel médical mais également le maintien de lignes aériennes entre le Royaume et les pays d'Afrique de l'Ouest. «Cette politique est conforme aux recommandations de l'OMS qui ne préconise aucune restriction au voyage et au commerce avec les pays touchés. De telles restrictions entraveraient l'acheminement de l'aide et le déploiement des équipes d'intervention», a noté le représentant de l'OMS au Maroc, Yves Souteyrand. L'engagement du Maroc s'est également concrétisé par des formations sur la préparation à la riposte à Ebola adressées à 15 pays d'Afrique francophone, dont la Guinée. «L'OMS souhaite prolonger ce partenariat en organisant prochainement une formation d'urgence en direction des équipes de réponse rapide à Ebola», a ajouté Yves Souteyrand.