Bien qu'aucun cas ne soit, pour le moment, enregistré au Maroc suite à la grande propagation du virus Ebola, la vigilance doit demeurer de mise. Le plan national de veille concocté par le ministère de la santé, avec le concours d'autres départements, et dont les contours ont été tracés lundi à Rabat, vise à prémunir notre pays de l'infiltration de cette épidémie. «Le fait qu'aucun cas ne soit enregistré ne veut pas dire que le risque zéro n'existe pas», a précisé Lhoussaine Louardi qui s'est réjoui de la conformité de notre pays avec les recommandations de l'OMS laquelle n'a émis aucune restriction de voyage ou de commerce, de et vers les pays où cette maladie silencieuse sévit. Ces propos de M. Louardi laissent comprendre que le Maroc n'est pas à l'abri de cette maladie de par les échanges qu'il a avec les pays les plus touchés par ce virus. Le dispositif de protection est, de surcroît, censé être renforcé puisque notre pays s'apprête, selon les énumérations du ministre, à accueillir de grandes manifestations sportives à l'instar de la Coupe du monde des clubs de la FIFA et la Coupe d'Afrique des nations de football. Et puisqu'il est question de sport, la rencontre dédiée au plan national de veille a été marquée par la présence de Mohamed Ouzzine, ministre de la jeunesse et des sports. La protection est perçue sous un autre angle par Mohamed Hassad, ministre de l'intérieur qui était aussi présent, en compagnie de Charki Drais, ministre délégué à l'Intérieur, et du Général de division Hosni Benslimane. «Il faut être sûr que tous les moyens sont bien mis en place et que l'information et la sensibilisation ont touché toutes les personnes concernées», a souligné le ministre de l'intérieur. Pour ce faire, il a suggéré de procéder à des actions sur le terrain pour vérifier l'opérationnalité du dispositif sans semer la panique. «Il faut créer la mobilisation», a-t-il enchaîné en appelant à plus de vigilance. Même son de cloche a été relevé par Yves Souteyrand, représentant de l'OMS au Maroc, qui a exhorté les responsables à plus de veille. Ceci étant, l'infiltration du virus au pays est susceptible de se faire non seulement par voie aérienne mais aussi terrestre comme l'a souligné Abderrahmane Maaroufi, directeur de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies auprès du ministère de la santé. Selon lui, l'entrée terrestre de Guergarate dans la province d'Aousserd à la frontière avec la Mauritanie constitue un point d'infiltration important susceptible de propager le virus. C'est cette zone qui accueille un grand nombre de voyageurs issus des pays les plus touchés par la maladie. Par voie aérienne, l'aéroport Mohammed V a accueilli 145 voyages entre les pays concernés et le Maroc dans la période étalée du 8 avril au 13 septembre. 2.955 passagers étant entrés au Maroc. Pour rappel, un cumul de 4.390 cas dont 2.266 décès (létalité de 51%) ont été rapportés à l'OMS au 7 septembre 2014. Au niveau des trois pays les plus affectés (Guinée, Liberia et Sierra Léone), 48% des cas et 51% des décès ont été enregistrés en l'espace de 21 jours (entre le 17 août et le 6 septembre 2014). Depuis l'annonce par l'OMS de cette flambée épidémique au mois de mars 2014, un dispositif national de veille et de préparation à la riposte contre cette maladie mortelle a été mis en place au Maroc par le ministère de la santé en collaboration avec ses partenaires nationaux et en coordination avec l'OMS. Ce dispositif s'articule autour de quatre axes d'intervention ( encadrés ). Mesures de prévention et de veille Le dispositif entrepris par le ministère de la santé prévoit le contrôle sanitaire aux points de sortie des pays touchés (aéroports, ports, frontières terrestres) conformément aux exigences de l'OMS. La surveillance de l'état de santé des passagers par l'équipage de la RAM avant l'accès à bord au niveau du pays d'origine est également recommandée. Quant aux mesures de veille, elles consistent, entre autres, à mettre en place une procédure de gestion d'un cas suspect à bord et de désinfection des aéronefs. Aussi, les aéronefs sont équipés de kits de protection individuelle et de thermomètres de mesures de la température à distance (thermomètres infrarouges). Sont également prévus un contrôle systématique de la température par caméra thermique, l'observation visuelle de l'état de santé général des voyageurs, l'aménagement d'unités pour l'isolement et l'évaluation médicale des cas suspects, la mise en place d'ambulances pour le transport sécurisé des cas suspects et le renforcement des services de contrôle sanitaire aux frontières en ressources humaines et en équipements de protection.
Dispositif de prise en charge et de diagnostic Outre la communication sur le risque, le ministère de tutelle prévoit un dispositif de prise en charge et de diagnostic de la maladie nécessitant une surveillance active de l'état de santé des voyageurs en provenance des pays touchés durant une période de 21 jours (période d'incubation). La prise en charge consiste en la mise en place de moyens pour le transport sécurisé des cas suspects, à savoir des ambulances du ministère de la santé et de la protection civile. Aussi, des unités d'isolement et de prise en charge des cas suspects sont aménagées et préparées au niveau des centres hospitaliers régionaux en mettant l'accent sur le CHR Moulay Youssef de Casablanca qui est considéré centre référant pour la prise en charge des cas suspects ainsi que le CHR Hassan II de Dakhla. Le laboratoire de virologie de l'Institut Pasteur de Casablanca est également préparé pour analyse des prélèvements par la technique de PCR (Polymerase Chain Reaction) ayant une spécificité et sensibilité de 100% avec un délai d'obtention du résultat de 3 à 4 heures.