Transformé en hashtag pour l'occasion, la phrase fait des vagues sur les réseaux sociaux depuis la mise en ligne du texte de l'avant-projet la semaine dernière. La page Facebook du même nom compte à l'heure où nous écrivions ces lignes près de 7000 abonnés, tandis que le hashtag est largement relayé sur Twitter. Pour ses détracteurs, cet avant-projet de code pénal est liberticide. « Mobilisons-nous pour l'arrêter, ce projet constitue un danger pour les libertés individuelles et collectives des marocains », peut-on lire sur la page Facebook de la campagne. Depuis le 3 avril dernier, des extraits de l'avant projet de code pénal sont régulièrement postés sur la page de la campagne, puis commentés et surtout critiqués par les internautes. L'article 420 semble faire le plus objet de controverses. Cet article évoque des circonstances atténuantes dans les cas de violences ou d'homicide involontaire si elles sont commises « par un membre de la famille sur des personnes qu'il aurait surprises dans son domicile ayant des relations sexuelles illégitimes ». Assimilé à une banalisation des crimes d'honneur, cet article a même été décrit comme une « incitation à la violence et au meurtre » par certains activistes de la twittoma. Il est à noter que l'article 420, comme la plupart des textes qui alimentent la polémique, était déjà présent dans le code pénal précédent. Ce refus catégorique du projet de Ramid n'est évidemment pas partagé par l'ensemble de la communauté digitale marocaine. « Ce ne sont qu'une minorité gauchiste qui veut porter atteinte à notre identité musulmane et laïciser le Maroc », s'indigne un internaute. Le ministère de tutelle semble, par ailleurs, avoir ouvert les bras au débat. Dans un communiqué du cabinet du ministre daté du 2 avril, celui-ci rappelle qu'il s'agit d'un avant-projet ouvert à des modifications. «Dans la perspective d'un débat plus large pour enrichir le texte en question, le ministère a mis en place un ‘forum législatif' sur son portail qui accueillera les commentaires et propositions à propos de l'avant-projet», souligne le communiqué. Le département de Ramid précise également que les citoyens peuvent adresser des courriers avec leurs remarques au secrétariat du ministère. Un colloque national sur le sujet devrait prendre place le 20 avril prochain. A l'heure qu'il est, la société civile tarde à se positionner quant à l'avant projet de code pénal. L'association Anfass pour la démocratie et l'association des droits numériques, sont parmi les rares voix du tissu associatif à s'être élevées contre ledit projet. Plus de quatre ans après les événements du printemps arabe, dont l'un des catalyseurs était l'espace que fournissaient les réseaux sociaux, Facebook et ses semblables continuent de faire valoir leur statut d'espace de débat alternatif.