Véritable artiste et rénovateur de la musique amazighe, Ammouri Mbarek laisse, par son départ, la famille de la chanson marocaine en deuil. L'icône du Souss s'est éteinte vendredi soir dans une clinique casablancaise, après de longs mois de combat contre la maladie. Celui que l'on surnommait le Bob Dylan marocain aura laissé un legs inestimable à la musique marocaine, avant de s'éclipser en silence, à l'âge de 64 ans. Au début des années 1950, rien ne laissait présager que cet orphelin né dans le petit village d'Irguiten, au pied du Haut Atlas près de la ville de Taroudant, deviendrait une étoile de la chanson marocaine. Ammouri Mbarek a grandi dans un orphelinat tenu par des sœurs franciscaines. Là-bas, il s'initiera au chant et à la guitare et brillera dans la chorale de l'institution. Le talent du jeune Ammouri mûrit avec l'âge et, très tôt, il se découvre une passion pour la poésie et la composition. En naîtra un artiste accompli, chanteur, compositeur et musicien, qui sera l'un des premiers à mêler la musique de ses racines à des mélodies plus modernes. En plus de ses propres textes, Ammouri Mbarek a chanté ceux des poètes amazighs contemporains les plus connus, notamment Azayko, Mohamed El-Moustaoui et Akhiyyat. Après avoir fondé plusieurs groupes, dont le plus renommé est «Ousmane», Ammouri Mbarek a débuté une brillante carrière solo vers la fin des années 1970. Ammouri Mbarek a chanté l'amour, la beauté, l'exil et l'errance; renfermant dans ses textes les terres ensoleillées du Haut Atlas et une culture amazighe authentique. Le public se souviendra de ses titres les plus connus: «Ahyaad», «Assnayra yan aykrz» et «Gennevilliers» qu'il a chanté avec un orchestre symphonique en 1985. Ses plus fervents admirateurs reconnaîtront, eux, les dizaines d'albums qui ont rythmé son parcours et sa tournée triomphale en Europe pendant les années 80. Le conte de fées du petit orphelin du Haut Atlas s'était soldé par trois concerts à l'Olympia de Paris et plusieurs tournées à travers l'Europe et l'Amérique du Nord.