Mohamed El Bellaoui, connu dans le monde des graffitis et des taggeurs sous le nom de scène très révélateur de Rebel Spirit, est un artiste atypique. Il est à la fois fin, drôle, très engagé, revendiquant sa liberté d'être et de penser, sans se soumettre au diktats du politiquement correct pour se trouver une place sur la scène artistique nationale et internationale. Très jeune encore, ce lauréat de l'Ecole des beaux arts de Casablanca s'est fait un nom lors de son passage à l'exposition «Le Maroc contemporain» qui se déroule encore à l'Institut du Monde arabe à Paris. Là, il vient de sortir sa première bande dessinée (BD). Un travail digne de ce nom, avec un concept ficelé, une vision claire, un recul assez conséquent pour parler d'une ville qu'il connaît très bien, lui, l'artiste vivant à Salmiya, un quartier connu de Casablanca. C'est simple, sa bande dessinée revient sur la vie casablancaise dans sa grande diversité, avec des personnages puisés dans le cru de la vie. On y retrouve des situations humaines que nous avons tous vécues, des visages connus, des codes partagés entre tous les habitants comme ceux qui régisssent les transports dans la ville. Très anecdotique, ce travail marque la naissance d'un immense talent de la scène underground. Artiste confirmé de ce que l'on appelle dans la jargon spécialisé, Street Art, Mohamed El Bellaoui est aussi designer, graphiste, illustrateur, peintre aquarelliste, dont les techniques sont nourries par plusieurs influences européennes et latino-américaines, là où les plus grands graffitistes travaillent et investissent les rues et les boulevards des plus grandes villes. S'il s'appuie sur des technicités qui ont fait leurs preuves comme l'animation, la bande dessinée, la pinellisation, le compositing, son travail sur les murs, dans les terrains vagues sur des paraboles, lui confère une notoriété telle qu'il est aujourd'hui consacré comme l'une des valeurs sûres du street art à la marocaine. Dans sa BD, un guide casablancais, il donne libre courts à la fois aux images, mais aussi aux textes, dans une maîtrise quasi parfaite, sans fausse note ni fioritures. Une maturité qui fait de Mohamed El Bellaoui un artiste aux talents multiples, que l'Europe s'arrache déjà puisqu'il a plusieurs projets d'expositions à l'étranger notamment en France en mars 2015.