«Le défi est non seulement de multiplier les richesses mais d'en assurer le bénéfice le plus large». Les propos de Mohamed Boussaïd, lors du séminaire consacré, mardi à Rabat, à la croissance inclusive, démontrent la conscience de son département, censée s'étaler à d'autres, de la nécessité d'amélioration de cette croissance et des inégalités. Pour l'heure, il est question de passer à l'acte en faisant valoir d'autres mécanismes. «Une nouvelle composante doit commencer à s'imposer, à savoir le capital immatériel qui représente 75% de la richesse globale et qui intègre mieux les exigences de long terme de l'économie réelle», a précisé le ministre de l'économie et des finances qui a pris appui sur la vision royale tout en rappelant l'absence de définition de la croissance inclusive. Outre ce capital immatériel, d'autres solutions sont à rechercher dans la création d'emplois et de réduction des inégalités spatiales et de genre. D'où l'intérêt de réfléchir à de nouvelles approches orientées vers les préoccupations d'inclusivité et de développement durable dans une conjoncture mondiale encore marquée par les effets de la crise économique. Ces approches sont également censées permettre de favoriser une croissance équitable offrant davantage de possibilités de développement au plus grand nombre de personnes, notamment vulnérables. Cette croissance est, aux yeux de l'ambassadeur du Japon au Maroc, «la clé de la stabilité non seulement pour la région mais aussi tous les pays». Pour Tsuneo Kurokawa, la croissance et la stabilité vont de pair. «La croissance doit être inclusive», a avancé l'ambassadeur qui estime que la disparité économique et sociale est susceptible de provoquer l'instabilité dans les pays du monde. A propos de la coopération de son pays avec le nôtre, il a indiqué : «Le Japon n'hésite pas à faire de son mieux pour accompagner le Maroc». Il a également rappelé que 37 entreprises nippones, créant 30.000 emplois, sont installées au Maroc. Pour l'ambassadeur, le Japon est un vrai partenaire pour le Maroc puisqu'ils partagent d'énormes valeurs. Le directeur général du département régional du Moyen-Orient et de l'Europe, agence japonaise de coopération internationale (JICA), Shinichi Yamanaka, a abondé dans le même sens en rappelant que cette agence appuie le Maroc dans de nombreux secteurs dont l'agriculture. Cette rencontre a également été l'occasion pour plusieurs experts de livrer leur regard sur la croissance inclusive. Entre autres, Mohamed Chafiki, directeur des études et des prévisions financières auprès du ministère des finances, estime que cette inclusion financière englobe également des problèmes d'inéquité générationnelle. A son tour, Hafez Ghanem, chercheur senior en économie mondiale et développement auprès de l'institution Brookings, propose quatre dimensions pour mettre en œuvre une croissance inclusive dans notre pays (voir entretien P5). Dans son intervention, il a rappelé qu'une grande majorité de la classe moyenne, censée être développée, demeure très proche du seuil de la pauvreté. C'est pourquoi une attention particulière doit également être donnée à cette tranche de par sa contribution à la croissance.