Toute cette histoire rappelle par de nombreux détails la vraie vie de l'auteure Siri Hustvedt, elle-même mariée à un grand écrivain, une célébrité mondiale du monde des lettres. Siri Hustvedt, auteur de plusieurs grands livres, raconte ici, dans «Un monde flamboyant» l'histoire d'une artiste new-yorkaise, Harriet Burden. Malgré son immense talent, elle est restée dans l'ombre alors que d'autres ont brillé et lui ont volé la vedette. Après sa mort, elle fait l'objet d'une étude universitaire sous forme d'enquête. On va rencontrer ceux qui l'ont aimée, côtoyée, connue de très près pour faire le portrait d'une femme d'exception. On se rend compte, très vite, que Harriet Burden a souffert de ce déni dont elle a fait l'objet alors qu'elle méritait que son œuvre soit portée aux nues. Harriet Burden est donc l'épouse d'un grand homme, célèbre et respecté. Tout comme le mari de Siri Hustvedt, Paul Auster. Mais dans ce roman, l'écrivain devient un célèbre galeriste qui impose ses règles sur la scène artistique de New York. Au fil des pages, on touche du doigt le profond malaise qu'a vécu Harriet Burden. Elle a enduré, en silence, cet exil intérieur, elle qui avait tout pour que son nom soit apprécié à sa juste valeur, mais qui a vécu comme «la femme de». L'histoire se complique quand le mari de Harriet Burden meurt. C'est là qu'elle va jouer sa propre partition en recourant à une double mystification pour prouver que le monde des arts souffre toujours d'un immense machisme, doublé d'un sexisme inqualifiable. L'engrenage devient encore plus complexe quand Harriet Burden décide de signer un pacte avec le diable, et vendre son âme au malin. Un troisième «partenaire» masculin, un artiste renommé entre en scène et c'est là que toute l'entreprise de Harriet Burden va devenir un jeu pervers qui va la broyer tel un rouleau compresseur. Il faut dire que le jeu de pistes dans ce roman très fort révèle encore une fois que Siri Hustvedt est l'une des grandes voix de la littérature américaine contemporaine, au même titre que l'excellent Paul Auster, son mari, dans la vraie vie. Elle signe ici un livre sublime sur les masques que la société affectionne et qui assigne chacun à un rôle qu'il est sommé de remplir. Souvent, quand on sort du rang, on y laisse des plumes.