La dysfonction érectiles cette incapacité chez l'homme à obtenir ou à maintenir une érection pendant le rapport sexuel reste un sujet tabou dans notre société. Et pourtant les cas sont loin d'être rares comme le révèle la première étude scientifique marocaine à aborder ce trouble de l'érection auprès des conjointes. Les résultats qui ont été présentés, mardi 16 septembre à Casablanca, par le Pr Redouane Rabii, urologue et président de l'Association marocaine d'endo-urologie, montrent une prévalence importante de ce trouble. Sur un total de 202 femmes interrogées sur leur sexualité, l'étude a révélé que 45% de leurs partenaires souffrent de cette pathologie dont 13% présentent une dysfonction érectile sévère. Des statistiques qui sont assez proches de la première étude épidémiologique sur la dysfonction érectile qui avait été menée en 1999 et avait concerné la wilaya du Grand Casablanca. À l'époque, celle-ci avait démontré que 54% des Marocains présentaient une dysfonction érectile. Cette nouvelle étude qui donne pour la première fois la parole à la partenaire sexuelle étudie le rôle de celle-ci dans l'accompagnement, éclaire la conduite de l'homme face à ce trouble et examine de près le recours à la consultation et à la médication. Malgré une haute prévalence de ce trouble, ils sont peu nombreux à franchir le pas pour aller consulter le médecin. En effet, parmi les 91 partenaires atteints de dysfonction érectile, seuls 5 partenaires ont recouru à la consultation, soit 5,4%. La situation est semblable dans d'autres pays. Et pour exemple, le Pr Khadija Mchichi Alami, sexologue et psychothérapeute, cite le cas de la Suisse. Au pays de la montre, 350.000 hommes souffrent de cette pathologie. Cela dit, ils sont moins de 10% à aller consulter un urologue. La pudeur et le manque de communication constituent les principaux obstacles. Parmi les autres chiffres importants, l'étude indique que sur les 91 partenaires présentant un trouble de l'érection, 24 parmi eux utilisaient une médication par voie orale, ce qui constitue 26,3% de l'ensemble. La plupart ont recours à l'automédication qui constitue pourtant un danger pour leur santé. Quant à l'attitude des partenaires vis-à-vis de leur trouble, la majorité (34,65%) n'a pas donné de réponse alors que 14,3% ont présenté un caractère agressif et 12,8% ont révélé s'adapter à cette pathologie. Du côté des femmes, elles sont 41% à garder le silence face à ce trouble. Cette étude s'est intéressée de près aux antécédents médicaux et chirurgicaux des époux dans la mesure où la dysfonction érectile peut être la résultante de causes médicales et organiques (diabète, troubles hormonaux, accidents vasculaires cérébraux…). On y apprend que 24 époux (12%) étaient atteints de diabète, 18 étaient hypertendus (9%), 5 présentaient des cardiopathies tandis que 6 étaient dépressifs et un patient souffrait d'ulcère gastrique. Il faut aussi relever que plusieurs médicaments peuvent être à l'origine de dysfonction érectile tels que les analgésiques narcotiques, les médicaments anticancéreux et les tranquillisants. Ce trouble sexuel constitue une épreuve pénible tant pour l'homme que pour la femme. Le conjoint qui a perdu confiance en soi a toujours peur de ne pas être à la hauteur. Son angoisse de performance et la crainte de l'échec sont à l'origine d'une conduite d'évitement. Pour sa part, l'épouse doit faire face aux modifications d'humeur de son époux liées à des sentiments intriqués de dévalorisation, de honte, de frustration et de culpabilisation. Tout ceci a de graves répercussions sur l'harmonie et le bien–être du couple. La solution ? Selon Pr Nadia Meziane, gynécologue, le recours au dépistage et au diagnostic est capital pour pouvoir traiter ce trouble. Cette spécialiste estime qu'il est temps de bannir ce tabou et d'élaborer une stratégie de communication et de sensibilisation auprès de l'opinion publique et des professionnels de santé. Le patient doit comprendre les causes de son trouble et doit être informé sur les possibilités de traitement. Pour reprendre confiance en soi et vaincre la pathologie, il doit être aidé, écouté et ne rien cacher à sa partenaire et à son médecin.