«Une solution politique concernant le Sahara, sans plus de retard» : Blinken répète à Attaf les mêmes mots qu'il a prononcés devant Nasser Bourita début octobre    Guercif: Des spécialistes alertent sur l'importance de l'économie de l'eau d'irrigation    La nouvelle Constitution au Gabon adoptée à 91,8%    Tournoi de l'UNAF/U20 : Le Maroc s'impose face à la Tunisie (2-1)    Reconnaissance du Sahara par la France: un acte de justice, pas un cadeau, selon Samira Sitaïl    SOREC : Les temps forts du Morocco International Meeting 2024    Trafic de drogue et de migrants : les autorités espagnoles démantèlent un réseau algérien qui a exploité des Marocains    Rabat accueille la sixième édition des Sanofi Diabetes Research Awards    La Chine est-elle sur le point de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara ?    La pénurie de médicaments vitaux aggrave les souffrances des patients cardiaques au Maroc    Younes Sekkouri : Allocation de 14 milliards de dirhams pour promouvoir l'emploi    Inondations en Espagne : la diaspora marocaine au chevet des sinistrés    Elections législatives : Les Sénégalais appelés aux urnes ce dimanche    Le Maroc cherche à renforcer sa flotte atlantique avec des sous-marins    L'Allemagne se prépare à une période de grand froid    FAR : Une délégation militaire française d'armement en visite au Maroc    Fête de l'Indépendance: Un symbole de fierté et d'attachement à la Nation    CAN (F) Maroc 24: Tirage de la phase de poules vendredi prochain à Rabat    KAC: Jaâouani sur le banc pour remettre l'équipe sur les rails    Qualifs. Fiba Afrobasket 25 : L'équipe nationale s'envole aujourd'hui pour le Sénégal    Real Madrid: Brahim Díaz en partance vers d'autres horizons    CAN féminine Maroc-2024 : Voici la date et le lieu du tirage au sort    Al-Rayyan dément les rumeurs de la résiliation du contrat d'Achraf Bencharki    Le site du magazine "Maroc Hebdo" pris pour cible par des cyberattaques    Le Maroc désigné comme première destination touristique en Afrique par The Telegraph    Santé : Réflexes et attitudes à adopter face à l'épilepsie infantile    Nutrition: Que se passe-t-il dans votre corps quand vous savourez un couscous aux sept légumes ?    Tendance : Le gazéificateur d'eau entre mythes et réalités    Terroir : Que pourrait-on acheter lors d'un voyage à Meknès ?    20e Festival Cinéma et Migrations d'Agadir : « Green Border » sacré Grand Prix    Les femmes marocaines à l'honneur à la Foire internationale du livre de Sharjah    Irrégularités dans l'exécution de la voie express reliant Tiznit à Dakhla : le bureau d'études topographiques impliqué écarté des marchés publics pour une durée de cinq ans    Jet Contractors. Mohamed Adil Rtabi veut lever 1 milliard de DH sur le marché obligataire    Le Maroc débloque 5,8 milliards de dirhams en 2025 pour surveiller ses frontières avec l'Algérie    Le Président Xi Jinping s'entretient avec le Président américain Joe Biden    G20, le sommet des chefs d'Etat commence demain à Rio de Janeiro    Marché des changes: Le dirham s'apprécie face à l'euro    Tanger Med : la quantité de comprimés psychotropes saisie à bord d'un camion de transport international dépasse désormais 188 000    Le temps qu'il fera ce dimanche 17 novembre 2024    Les températures attendues ce dimanche 17 novembre 2024    Diaspo #363 : De Paris à Casablanca, Lilya Ennadre redonne vie au cinéma de sa mère    Trump nomme Karoline Leavitt porte-parole de la Maison Blanche    Tensions géopolitiques mondiales : le Maroc réaffirme sa résilience face aux conjonctures fluctuantes    Pays-Bas : la coalition reste en place malgré la démission d'une secrétaire d'Etat d'origine marocaine    Les villes créatives de l'UNESCO se donnent rendez-vous à Tétouan    Un quotidien britannique met en avant les atouts du Maroc en tant que « première destination touristique d'Afrique »    Première édition du Prix Maroc Jeunesse : les lauréats dévoilés    Visa For Music 2024 : une 11e édition qui promet du lourd    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Tahar Ben Jelloun: Je ne serai jamais ministre, parce que c'est un métier, et moi je ne suis pas compétent
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 19 - 08 - 2014

ALM : Avez-vous été surpris par l'accueil réservé à votre dernier livre «L'Ablation» ?

Tahar Ben Jelloun : Dans ce récit est abordé pour la première fois à ma connaissance le problème du cancer de la prostate qui touche sept hommes sur dix à partir de la cinquantaine. J'ai travaillé avec le Professeur Desgrandchamps à l'hôpital Saint-Louis à Paris, grand urologue et spécialiste en tout ce qui concerne la prostate. Nous avons imaginé l'histoire d'un homme de 58 ans qui doit subir l'ablation de cet organe et qui raconte les conséquences de cette opération. C'est là que la littérature intervient.
Le romancier travaille avec les matériaux du réel et raconte une histoire où il espère que beaucoup de gens vont se reconnaître. Pour ce qui est de l'accueil, il a été formidable, car les radios et télévisions se sont emparé de ce sujet rarement traité et ont relayé le message que nous voulions faire passer: vaut mieux consulter assez vite plutôt que de se faire opérer, ce qui entraîne des conséquences désastreuses notamment sur le plan sexuel. Pour certains, c'était de la littérature, pour d'autres c'était un document social. Pour moi c'est avant tout un roman puisque l'écrivain est celui qui, comme dit Balzac, «fouille toute la société».
Alors après «L'Ablation» quel sera votre prochain livre ? Après «Le Bonheur conjugal» qui est une histoire plutôt douloureuse, vous êtes passé au cancer. Le prochain sera-t-il un livre heureux ?
Oui. Heureusement que mon imagination sauve la situation. Au mois d'octobre prochain je publierai «Mes contes de Perrault» aux Editions du Seuil ; j'ai réécrit à ma façon, disons j'ai orientalisé ces contes et je les ai recréés à la manière des «Mille et Une Nuits». Cela m'a amusé et j'espère que beaucoup de lecteurs s'amuseront. C'est un livre écrit aussi bien pour les petits que pour les grands. Mais le fait d'arabiser, d'islamiser le contexte de ces contes, cela leur a donné une sorte d'actualité. Ainsi le loup dans «le petit chaperon rouge» ce sera un de ces barbus, talibans ou autres fanatiques, qui massacrent les femmes. Le «petit poucet» est un enfant trisomique. «Barbe bleue » est un de ces barbus qui suivent une secte dangereuse, etc. Rendez-vous donc en octobre ou novembre; et comme tous mes livres publiés en France, il sera vendu à un prix marocain, c'est-à-dire à la portée du pouvoir d'achat au Maroc.
Puisque vous évoquez les fanatiques, que pensez-vous de ce qui se passe en Irak avec des djihadistes qui ont proclamé l'Etat islamique ?
C'est une catastrophe. Je ne sais pas qui est derrière ces fous furieux, mais ce qu'ils font porte atteinte de manière profonde et persistante à l'Islam et aux musulmans dans le monde. On dirait que ces gens là sont financés, manipulés par des ennemis de la Nation musulmane. Aujourd'hui ils ont réussi à faire de tout musulman, de tout Arabe un être suspect, un terroriste potentiel.
Les Etats musulmans devraient s'unir et mettre fin à ces barbares qui tuent femmes et enfants, surtout les Chrétiens. Or si nous ne protégeons pas les Chrétiens d'Orient, nous serons un jour responsables du génocide que le pseudo «calife », qui est un imposteur, est en train d'organiser pour ceux qui n'ont pas quitté l'Irak. Le monde arabe passe par une crise profonde et complexe ; il faut qu'il s'unisse et qu'il sauve les valeurs de la culture et de la civilisation de ses ancêtres. Ces valeurs sont aujourd'hui déchirées, foulées aux pieds, il faut se réveiller et mettre fin à cette tragédie qui touche non seulement l'Irak, mais aussi la Syrie et le Kurdistan. Il en est de même pour la tragédie à Gaza. Israël profite de la désunion des Arabes pour poursuivre la colonisation, les bombardements et les massacres. Mais comme vient de le faire remarquer le grand journaliste Jean Daniel, «Israël n'est plus protégé par la mémoire de la Shoah». C'est le même Daniel qui a écrit «La prison juive» il y a longtemps pour prévenir la politique suicidaire d'Israël.
Revenons à la littérature et aux arts. Vous avez exposé des peintures au mois d'avril dernier à Marrakech. Le 16 août une autre exposition de nouvelles peintures a eu lieu à Tanger. On ne vous savait pas peintre. Comment est-ce arrivé ?
D'abord je ne me considère pas peintre. Je gribouille, je dessine, je mélange des formes et des couleurs sans aucune prétention. Cela dit, mes expositions à Rome, à Palerme, à Turin et puis à Marrakech et Tanger ont plu à certains. J'ai une toile achetée par le Musée d'art moderne de Mallorque et plusieurs toiles dans le Musée San Salvatore in Lauro à Rome. Pour moi c'est un enchantement. Autant mes écrits sont souvent sombres, autant mes toiles sont pleines de lumière et de joie. Disons que la peinture me repose de l'écriture. Mais c'est une facette du même homme. J'ai toujours aimé la peinture et j'ai écrit des textes sur Delacroix, sur Matisse, sur Gharbaoui, sur Bellamine, sur Hassani, sur Claudio Bravo, sur Giacometti, etc.
Si vous étiez ministre de la culture que feriez-vous ?
Je ne serai jamais ministre, parce que c'est un métier, et moi je ne suis pas compétent. Il faut, par ailleurs, donner à la culture les moyens pour exister, pas forcément l'argent de l'Etat, mais l'argent des privés, des sociétés qui gagnent un argent fou doivent s'occuper de financer des projets culturels.
Que pensez-vous de la crise de la lecture au Maroc?
Il faut créer d'abord des bibliothèques partout. Les Marocains ne lisent pas ou presque pas. Il va falloir les inciter à lire, pour cela on mettra le livre à leur disposition dans les villes comme dans les campagnes. Une personne qui ne lit pas est vouée tôt ou tard à devenir analphabète et dépassée par ce qui se passe dans le monde. Il faut faire une campagne pour la lecture. Vous savez que les écoles et lycées publics n'ont pas pour la plupart des bibliothèques. Cela ne coûte rien, il y a le livre de poche qui coûte dans certains cas moins de 20 DH. Il faut lancer une opération lecture en même temps qu'une opération bibliothèque.
Il suffit d'une volonté, le reste suivra. Les Marocains ont de l'imagination et peuvent changer les choses. Mais si personne ne met le doigt sur ces plaies, on restera dans un désert culturel. Les festivals sont nécessaires et utiles, mais ils ne remplacent pas une politique culturelle, un engagement général de tout le peuple. N'oublions pas l'analphabétisme qui sévit encore dans le pays.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.