Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
« Nulle civilisation n'a cultivé avec plus de passion que les musulmans au Moyen-âge l'art de conter» NOTRE ETUDE : Les contes arabes parangons des contes français du VIe au XXe siècle
Pour s'assurer du fait des «contes arabes parangons des contes français, du VIe au XXe s», il suffit de reconnaître a priori le foisonnement intarissable de ce genre littéraire tant oral qu'écrit avec les études entreprises par l'UNSCO ayant abouti à ce constat historique: «Nulle civilisation n'a cultivé avec plus de passion que les Musulmans au Moyen-âge l'art de conter et de rapporter...». Ce jugement convient-il toujours au conte populaire dans le monde arabe à la fin de ce siècle ? «J.R. », le «Dallassois», n'a-t-il pas envahi l'imaginaire arabe, tout en chassant les «Contes d'Antar» et du «Zir Ben Salem»? Quelle structure régit ce conte pour qu'il puisse se perpétuer et se régénérer d'un siècle à un autre? - « Traditions orales arabes : Le conte populaire arabe». Quant à la question des contes arabes parangon des contes français, elle s'explique déjà chez la Fontaine, selon Adrien Cart et Melle G. Fournier, en ces termes: «Car il [La Fontaine] a découvert les conteurs orientaux, et cette découverte, entre 1672 et 1678, l'a frappé au point qu'il s'imagine que la plupart de ses sujets viennent de là. Peut-être sous l'influence d'une mode littéraire – le public s'intéressait à des histoires turques ou arabes... » - «Fables choisies II», Ed. Classiques Larousse, 193. Pour mieux s'en rendre compte, observons les faits, les contextes et contes exemples suivants : I. Faits et contextes ayant présidé à génération des contes arabes parangons des contes français du VIe au XXe s. Waël Rabadi remarque le déficit comparatiste prévalant, à ce jour, dans le domaine des contes arabes et français entre autres : «Il y a des œuvres occidentales médiévales [v. françaises et même postmédiévales], internationalement connues, qui n'ont jamais fait l'objet d'une étude comparative avec des œuvres, non moins célèbres, du Moyen Orient, alors que nous savons qu'il existe au sein du tissu intertextuel «des valeurs constantes et des valeurs variables. Ce qui change, ce sont les noms (et en même temps les attributs) des personnages ; ce qui ne change pas, ce sont leurs actions, ou leur fonctions...» - «Portraits croisés d'amoureux légendaires : Tristan et Iseult et Hind et Bchr : étude comparée de deux récits médiévaux». Ce qui nous amène de prime abord à identifier les points de jonction culturelle qui ont historiquement prévalu dans cette généricité arabe des contes français multiséculaire, comme suit : L'Andalousie, point de jonction culturelle des contes arabes parangons des contes français du VIe au XXe s. En ce qui concerne l'Andalousie s., Sigrid Hunke rappelle : «Innombrables sont les brèches par lesquelles le flot de civilisation issu du réservoir andalou [l'Andalousie] se déverse su l'Espagne septentrionale puis par-delà les Pyrénées sur le reste de l'Europe (...). Et puis enfin il y a le flot de moines, prêtres et chevaliers qui, de France et de Bourgogne, se déverse sans arrêt sur toute la péninsule ibérique, sans parler de la meute plébéienne qu'on ne manque jamais de rencontrer là où l'on peut compter sur des combats et leur butin. Quant aux Juifs ils ne sont ni les derniers ni les moindres intermédiaires. Qu'ils soient marchands, érudits ou médecins, ils rapportent en Occidents les fruits de la science et de la littérature arabes et prennent une large part à l'œuvre de traduction entreprise à Tolède ainsi qu'à sa diffusion. C'est par tous ces canaux qu'un grand nombre de récits arabes [contes] parviennent en Occident où, sous un nouveau travesti, ils apparaissent dans les contes, légendes et ballades d'Europe [v la France].» - «Le soleil d'Allah brille sur l'Occident», Ed. Albin Michel, 1963. L'Italie, point de jonction culturelle des contes arabes parangons des contes français du VIe au XXe s. Le même auteur remarque à propos de l'Italie contes s. en l'occurrence : «En 1064 par exemple, le légat du pape Alexandre II «général en chef des troupes romaines» composées de bandes normandes, françaises, bourguignonnes, se présente soudain devant la place forte arabe de Barbastro. Après une vaine défense, la garnison se rend, forte de la promesse qui lui est faite de pouvoir se retirer librement. Mais à peine les soldats rabes ont-ils abandonné les portes de la vile qu'ils sont massacrés jusqu'au dernier (...). À lui seul le légat du pape ramène en Italie plus d'un millier de femmes arabes. En 1064 ! Quelle merveilleuse perspective de propagande culturelle et d'invasion de chants rimés!» - «Le soleil d'Allah brille sur l'Occident ». La Normandie, la Bourgogne, la Provence et l'Aquitaine, points de jonction culturelle des contes arabes parangons des contes français du VIe au XXe s. Précisant dans le même sens, au sujet de la Normandie, la Bourgogne, la Provence et l'Aquitaine, S. Hunke évoque : «D'autres prisonnières arabes, femmes et jeunes filles, pénètrent par milliers en Normandie, Bourgogne, Provence et Aquitaine. L'un des vainqueurs, en effet, qui s'en revient de la conquête de Barbastro avec un riche butin de musiciennes et de chanteuses n'est autres que le duc Guillaume VIII d'Aquitaine, compte de Poitiers. Or, ce gentilhomme français a une descendance digne de retenir l'attention. Par sa fille Inès, il est le beau-père du roi Alphonse VI de Castille – le «demi-Arabe» - qui, comme nous le savons, à la mort d'Inès épousera Saïda, la fille de l'un des plus grands poètes andalous. Quant à son fils, et successeur depuis 1071, le beau-frère d'Alphonse et de Saïd et époux de d'une princesse d'Aragon, il n'est autre que Guillaume IX, le célèbre premier troubadour [français] !». La Sicile, point de jonction culturelle des contes arabes parangons des contes français du VIe au XXe s. Quant à la Sicile, l'orientaliste allemande S. Hunke souligne : «C'est dans la Sicile des Normands et de Frédéric qu'est né l'Occident moderne dont l'esprit arabe fut l'accoucheur (...). De cette jonction entre l'Orient et l'Occident, une vision inédite du monde est née sous les espèces d'une science laïque nouvelle : la science expérimentale. De cette union, le monde moderne a tiré ses fondements, tout comme c'est à elle que l'architecture, la musique et la poésie [les troubadours et les contes arabes] doivent non seulement certains procédés de style, mais aussi une inspiration neuve et constructive. Voilà d'ailleurs qui suggère cette autre voie par laquelle les influences arabes sont parvenue en Occident : l'Espagne [v. la France].» L'Irlande point de jonction culturelle des contes arabes parangons des contes français du VIe au XXe s. : À propos de l'Irlande, Aboulafia ibn Sabbah rapporte: «Selon des enseignements transmis oralement par Noble Drew Ali [1886-1929], le fondateur du Temple de la Science Moorish d'Amérique : l'Irlande était autrefois une partie de l'Empire Maure (Moorish); c'est-à-dire que les Celtes étaient Musulmans et il y avaient des Maures noirs d'Afrique du Nord présents en Irlande. Mais les Maures furent expulsés par le Christianisme (...). Ensuite, que peut-on faire avec ces croix celtiques, inscrites avec des bismillah («Au nom de Dieu», mot d'ouverture du Koran) écrits en arabe koufique, trouvées en Irlande? L'Eglise Celtique, avant sa destruction par la hiérarchie romaine, avait maintenu un lien étroit avec les moines-ermites du désert d'Égypte. Il est possible que ce lien a persisté jusqu'au-delà des 7e/ 8e siècle et que le rôle des moines a été repris par les Musulmans. Par les Soufi en contact (...). Le savoir païen celtique a été attaché dans diverses traditions des Romans [des contes] et spécialement dans le fond arthurien. Encore une fois, nous trouvons dans un univers de croix-arabo-celtique. Car les Romans [les contes] sont imprégnés de conscience « islamique». Dans la Mort d'Arthur de Malory et le Perzifal d'Eschenbach beaucoup de chevalier Sarazins (Musulmans/ Maures) sont dépeints non en tant qu'ennemis mais alliés des Celtes... » - «La Ligue de l'Épine Noire». Aussi, pourrions-nous nous convaincre de la réalité de ces contes arabes parangons des contes français du VIe au XXe s., à travers les textes arabes et français suivants : II. Textes illustrant la génération des contes arabes parangons des contes français du VIIe au XXe s. Il va de soi et sans le moindre conteste que les contes arabes ont hanté les lieux géographiques de l'hexagone où les Arabes se sont fixés et où ils ont agi comme parangons sur la génération future des contes français. À cet égard, S. Hunke constate : «En 711, tandis que l'étendard du Prophète est transporté vers l'est jusqu'au-delà de l'Indus, en Espagne l'empire wisigoth tombe tel un fruit mûr et véreux entre les mains des guerriers arabes, ceci malgré leur infériorité numérique manifeste. L'hostilité à l'égard de l'usurpateur Roderic, la haine envers un clergé fanatique, l'indignation provoquée par l'esclavagisme hérité des Romains et maintenu depuis lors, ouvrent toutes les portes aux Musulmans. Alors, presque sans coup férir, ils occupent Narbonne en 720, Carcassonne et Nîmes en 725, remontent ensuite le Rhône et poussent à l'ouest vers Bordeaux. C'est en 732 seulement que Charles Martel parviendra à stopper leur avance à l'intérieur de son royaume. La bataille s'engage à Tours et à Poitiers. Mais la nuit les Arabes, qui viennent de perdre leur chef Abd al-Rahman, se retirent subrepticement pour aller se retrancher dans Narbonne. Cinq puis sept ans plus tard Charles Martel devra de nouveau leur livrer combat, à Avignon d'abord, puis à Nîmes, sans parvenir toutefois à les chasser définitivement du royaume. Ils se fixent, en effet solidement – et pour près d'un siècle – en Provence, dans les Alpes occidentales et en Aquitaine, toutes régions où plus tard des boutures de la civilisation arabe prendront racine [v. les contes]. » - «Le soleil d'Allah brille sur l'Occident. D'où ici le florilège de contes arabes parangons des contes français dont voici des textes exemples : Exemples du florilège de contes arabes parangons des contes français du VIe au XIIe s. A ce sujet, J. Bogaert et J. Passeron explicitent historiquement : «Les textes les plus anciens que nous possédons ne remonte pas au-delà du XIIe siècle (...). Ce sont des personnages historiques du VIIIe siècle que nos auteurs mettent en scène le plus souvent (...). Mais ce ne sont ni les faits ni les mœurs de ces siècles révolus que nous y trouvons représentés. Nulle intention de reconstruction érudite, nul souci de vérité historique. C'est l'esprit féodal du XIe siècle qui anime nos Chansons de geste [v. contes français], c'est l'âme aventureuse et dévouée des seigneurs et des petites gens, prêts à partir pour la croisade (...). Ces «roman de chevalerie» sont inspirés par les événements du XIe siècle, par les expéditions répétées faites en Espagne pour en rejeter les Sarrasins [v. contes arabes parangons]...» - «MOYEN-AGE», Ed. Magnard, 195. En révèlent, à titre d'exemple, la génération de similarité le conte arabe parangon «Hind et Bchr» (Ère médiévale) et le conte français «Tristan et Iseult» (XIIe siècle). D'où en émane la similitude comparative suivante : Le texte du conte arabe « Hind et Bchr » «Il était un jeune nommé Bchr qui fréquentait souvent le Prophète. Il appartenait à la tribu Bany Ossd ben Abd al-Azy. Lors de ses allers et retours, il passait par Juhayna : un jour, une fille (...) nommée Hind le regarda et l'aima. Hind était la fille de Fahd et avait un mari nommé Sa'ad ben Saïd. Hind avait une grande part de beauté. Les sept premières lettres échangées avant le moment où Bchr pénètre dans la maison d'Hind grâce à la ruse de la vieille rebouteuse Djanoub. Aussi, est-ce en larmes que Bchr, contrit, raconte son aventure à son juge: «Par Dieu, oh messager de Dieu, je n'ai plus menti depuis que j'ai cru en vous et je n'ai pas commis l'adultère depuis que j'ai juré qu'il n'y a de Dieu que Dieu». Apprenant l'attitude de Bchr, le mari d'Hind s'écrit : «Dieu merci ! Il y a encore dans le pays de Mahomet quelqu'un qui ressemble à l'ami Joseph que la femme de l'Excellence sollicita de sa personne et qu'il refusa tout net, en répétant : Je crains le Dieu des mondes». Plus tard, le divorce d'Hind influence Bchr. Hind, vexée d'avoir été par lui obligée de se justifier devant le prophète se nourrit de colère contre Bchr. L'amour entré dans son cœur, Bchr perd l'appétit et meurt, suivi d'Hind en quelques mois. Une fois les amants mis en terre, il pousse sur leurs tombes des arbustes, toujours forts et vigoureux, qui s'enlaçant couvrent les tombeaux d'une ombre protectrice.» - «Portraits croisés d'amoureux légendaires : Tristan et Iseult et Hind et Bchr : étude comparée de deux récits médiévaux». Le texte du conte français «Tristan et Iseult» (XIIIe s.) : «Le roi Marc, de Cornouailles, a chargé son neveu d'aller lui chercher en Irlande Iseult, la femme dont deux hirondelles lui ont apporté un cheveu d'or et qu'il veut épouser. Tristan obtient la jeune fille, après avoir délivré le pays d'un monstre, le Morholt. Mais sur la nef qui revient à Tintagel, la ville du roi Marc, Tristan vint vers la future reine, demeurée seule avec une petite servante Brangien, et tâchait de calmer son cœur. Comme le soleil brûlait et qu'ils avaient soif, ils demandèrent à boire. L'enfant chercha quelque breuvage, tant qu'elle découvrit par erreur le coutret confié à Brangien par la mère d'Iseult. Celle-ci but à longs traits, puis le tendit à Tristan qui le vida. Or, c'était le philtre que la mère d'Iseult lui avait donné pour l'unir d'un amour inaltérable au roi Marc. Dès lors, les deux jeunes gens éprouvèrent l'un pour l'autre une passion fatale. Auparavant, Tristan blessé à mort par Morholt fut conduit par hasard à Iseult qui le guérit par la magie celtique familiale. Mais, Surpris une fois par le roi Marc, ils furent chassés du palais. Trois ans plus tard, celui-ci les trouva endormis sous une hutte dans une forêt. Il consentit à reprendre Iseult la blonde à condition que Tristan s'exilât. Le jeune homme alla épouser en Bretagne Iseult aux blanches mains. Enfin blessé pour la troisième fois, il envoya son beau frère et ami Kaherdin chercher Iseult, sa fée. Une tempête l'empêcha d'arriver à temps à son chevet. Une voile noire au navire devait annoncer sa venue et une voie noire son absence. Mais sa femme, qui connaissait la convention, par jalousie, lui annonça que le bateau portait une voile noire. Désespéré, Tristan expira. Iseult la blonde débarqua et de douleur mourut sur le corps de son ami.» - Marcel Braunschvig, «NOTRE LITTÉRATURE ETUDIÉE DANS LES TEXTES», Lib. Armand Colin, 1925. Outre les ressemblances structurales du récit, des termes arabes comme «coutret » (gouttes) et Kaherdin (prénom arabe Khayr Addin : bienfait de la religion) dans le texte français, incitent, selon W. Rabadi, à tirer plus avant le fil de retrouver les bribes d'un écheveau originel, voire le conte parangon arabe - «Portraits croisés d'amoureux légendaires : Tristan et Iseult et Hind et Bchr : étude comparée de deux récits médiévaux». Exemples du florilège de contes arabes parangons des contes français du VIe au XIIIe s. : Commentant les contes versifiés des troubadours et des trouvères français du XIIe et XIIe siècle, Marcel Braunschvig remarque : «La poésie lyrique est le genre qu'a surtout cultivé la littérature du Midi de la France (XIIe s.). Et, bien que le Nord n'ait pas attendu le Midi pour cultive aussi ce genre, il est certain que la poésie lyrique du Nord (XIIIe s.) a fortement subi l'influence de la poésie lyrique méridionale (...). Les poètes du Midi s'appelaient des troubadours, ceux du Nord des trouvères. Troubadours et trouvères étaient des poètes originaux, tandis que les jongleurs ou ménestrels allaient de ville en ville, de château en château, chanter des œuvres qu'ils n'avaient pas composées.». D'où comparativement les textes arabes et français de cette période suivants : Le texte du conte arabe parangon «Antar et Abla» (VIe s.): «Antar appartenait par sa naissance à la tribu des Banû Abs qui se rattachaient à la grande tribu de Modar; il était le fils de Chaddâd, fils de Mouâwiya et d'une esclave abyssine nommée Zabiba ; il devait à sa mère sa couleur noire qui le fit surnommer l'un des trois corbeaux des Arabes. Sa naissance illégitime l'avait condamné à la condition d'esclave ; Soumaya, la femme légitime de Chaddâd, avait excité la haine de son époux contre le bâtard qui en était réduit à garder les troupeaux et à traire les vaches. Après avoir refusé de prendre part à la guerre en tant qu'esclave, son père lui dit : «Bas-toi et tu es libre !». Par la vaillance qu'il déploya à cette occasion en anéantissant l'armée d'une tribu voisine, il sut conquérir la bienveillance de son père qui le reconnut pour son fils et l'inscrivit sur les tables généalogiques des Banû Abs. De ce moment date la vie guerrière d'Antar ; il devient le défenseur attitré, le plus ferme soutien de sa tribu, à laquelle on reprocha souvent, dans ce monde aristocratique des bédouins d'avoir un nègre pour protecteur.Ses prouesses étaient déterminées par le désir de se rapprocher de sa cousine Abla la potelée dont il était épris et dont il n'obtint la main qu'après maintes aventures périlleuses et qu'à force d'héroïsme. Il serait mort, blessé, la nuit, d'une flèche empoisonnée et jusqu'à son dernier souffle se sacrifiant pour sa tribu et sa femme bienaimée Abla.» - «Le roman d'Antar ». Le texte du conte français «Aucassin et Nicolette» (XIIIe s.): «Aucassin, fils du comte de Baucaire, aime une jeune esclave sarrasine, Nicolette, mais on père ne consent pas à la lui donner pour femme. Par dépit, Aucassin refuse de prendre part à la guerre qui oppose Baucaire et Valence. Sur la prière du comte, Nicolette est jetée en prison par le «vicomte», dont elle est captive. Aucassin ne sait ce qu'est devenue celle qu'il aime – et il va, à la ville, trouver le vicomte pour s'enquérir de Nicolette. Cependant le vicomte de Valence mène durement l'assaut de Baucaire. Su la promesse que Nicolette lui sera rendue, Aucassin se lance dans la mêlée ; tout à la pensée de son amour, il se laisse encercler, mais sort brusquement de sa rêverie et accomplit force merveilles dans une bousculade très étrangère aux combats courtois ; il fait prisonnier le vicomte de Valence qu'il traîne par le nasal jusque devant le comte de Beaucaire ; comme celui-ci refuse encore de lui rendre Nicolette, Aucassin libère l'ennemi en le priant de faire à Beaucaire le plus de mal possible. Aucassin, à son tour, est jeté en prison. Mais Nicolette s'évade, passe au pied de la tour où est détenu Aucassin, se concerte avec lui et s'échappe dans la forêt où Aucassin, libéré, ne tarde pas à la rejoindre. Sur son chemin, à la recherche de Nicolette, il rencontre un bouvier qui se lamente sur la perte de l'un de ses bœufs. Aucassin retrouve bientôt Nicolette auprès de la loge de feuillage que la jeune fille avait élevée à un carrefour de la forêt. Puis, Aucassin et Nicolette fuient tous deux au pays de Torelore, un monde «à l'envers». Au bout de quelques années, ils sont enlevés par des pirates, mais Aucassin est renvoyé à Beaucaire où il hérite du trône de ses pères tandis que Nicolette lui revient déguisée en jongleur. Elle est en réalité la fille du roi de Carthage. Ils couleront désormais au pays de Beaucaire des jours heureux.» Suscitant la controverse, le conte arabe parangon «Antar et Abla» (VIe s.) face au conte français «Aucassin et Nicolette» (XIIIe s.) font dire à Mario Roques sous la plume de Desnay Fernand : «Pour M. Roques, Aucassin et Nicolette serait une sorte de mime (...), c'est-à-dire une composition dramatique dont l'objet (...) est l'imitation de la réalité par le geste et la voix (...). Quant aux sources du récit, l'éditeur, s'écartant délibérément de l'opinion qui faisait remonter Aucassin et Nicolette à une origine byzantine ou arabe... » - «Mario Roques. Aucassin et Nicolette». Exemples du florilège de contes arabes parangons des contes français du VIe au XIVe s. : Comme exemples de ces florilèges, il faut citer le conte arabe parangon de «Jeha volant les oignons» (VIIIe s.) et son correspondant français «Estula» (XIVe s.). Adil Abderrahim remarque au sujet de Jeha : «Durant des siècles, Jeha a fait rire les millions d'hommes, il fut l'un des plus rusés et des plus intelligentes choses qu'avaient tissé les Arabes parmi les légendes et les contes par ses récits cocasses. Il se nommait Abu al Ghosn Dujayn al Fizazi qui vécut au 1er siècle de l'Hégire (VIIIe s.). Il fut le contemporain de l'Etat omeyyade (VIIe s.) et survécut jusqu'au règne de d'Al Mahdi abbasside. Il passa le plus clair de son temps, 90 ans, à al Kufa. al qalbi. Ainsi pourrait-on constater la similarité entre les contes arabe et français suivant : «Un jour, Jeha alla voler des oignons dans un jardin potager. Il se mit à en remplir les couffins, les chargea sur le dos de son âne et le poussa à marcher en direction de la sortie du potager. Au même instant, le propriétaire le surprit sur le fait et lui dit : «Qu'est-ce que tu es venu faire ici?». Jeha lui dit : «Observe le silence ! Une forte tempête de sable m'a fait survoler et m'a jeté ici !». L'autre lui dit : «Admettons ! Nous pourrions dire que cela est possible; et ces oignons qui les a arrachées du sol où elles étaient plantées?». Jeha lui dit : «Une autre tempête était venue et s'était mise à me faire survoler alors que je m'accrochais à elles ; il m'en est resté dans les mains. Le propriétaire du potager lui dit : «Celle-là aussi, passons-la ; et qui a mis les oignons dans les couffins ?». Jeha lui dit : «Observe le silence ! C'est à quoi tu m'as trouvé en train de réfléchir. Jeha était pris à son propre piège. Et le propriétaire lui dit : «Admettons, il ne te reste qu'à le condamna à la corvée de ramasser en réparation toutes les oignons, comme châtiment de ce délit !». Le texte du conte arabe parangon «Estula» (XIVe s.): «Deux mauvais sujets pénètrent une nuit dans la demeure d'un riche bourgeois pour lui voler, l'un des choux de son potager, l'autre les brebis de son étable. En entendant le bruit, le bourgeois envoie son fils appeler le chien de garde, qui avait nom Estula. Le jeune homme crie : «Estula! Estula!». Le voleur, qui était dans la bergerie, se croyant appeler par son complice, répond : «Oui, je suis ici !». Effroi du jeune homme qui s'imagine que le chien a parlé. Le père, prévenu, voit là de la sorcellerie et fait aussitôt chercher le curé. Celui-ci étant pieds nus, monte sur les épaules du jeune homme, après avoir revêtu son étole. Le voleur, qui cueillait les choux, en voyant la forme blanche du prêtre, croit que son camarade porte un mouton sur le dos et s'écrie : «Vite, jette-le bas, mon couteau est aiguisé, je vais lui couper la gorge.» À ces mots le curé, convaincu qu'on l'avait attiré dans un guet-apens, saute à terre et s'enfuit tout éperdu, en laissant son surplis accroché au pieu, tandis que les voleurs, sans rien comprendre à cet incident, s'en vont de leur côté, les épaules chargés de butin.» M. Braunschvig remarque au sujet des contes français, appelés les fabliaux : «Les fabliaux sont des poèmes assez courts (...). La plupart ont un caractère satirique (...) ; ils se moquent des vilains (...) ; ils ont même parfois une attitude peu respectueuse envers des personnages sacrés... Quelques-uns enfin sont tout simplement de petites comédies amusantes (Estula,...).» Exemples du florilège de contes arabes parangons des contes français du VIe au XVe s. : À ce propos, M. Braunschvig écrit à propos de la farce (dont celle de «Maître Pathelin» : 1464) : «C'est du XVe siècle que datent les principaux genres de comédies : farces, sotties et moralités). (...) Les deux plus célèbres sont La Farce de Cuvier (...) et la Farce de Maître Pathelin...». D'où les textes conjoints arabe parangon et français ci-après : Le texte du conte arabe parangon «Jeha juge de paix» (VIIIe s.): «Autrefois, Jeha fut nommé juge de paix de la ville. Un homme accompagné d'un autre étaient venus chez lui réclamant justice. Il était debout à la porte de sa demeure avec sa femme. L'homme lui dit : «Monsieur le juge ! Cet homme m'a dérobé ma marchandise sans me la payer et a méconnu avoir fait cela à la fin!». Jeha lui a répondu en disant : «Le droit est de ton côté!». Puis il se tourna vers l'autre et lui dit : « Et toi que dis-tu de cela ?». Celui-ci lui dit : « Monsieur le juge, tout cela est pur mensonge!». Et Jeha de lui répondre : «Le droit est de ton côté !». L'ayant entendu faire, sa femme lui dit : «Sais-tu que tu es en train de juger ces gens sans discerner la raison du tord!». Jeha lui réplique en disant : « Le droit est aussi de ton côté! Ne sais-tu pas que le juge de paix devait réconcilier les états d'âme et celui qui réconcilie les états d'âme demeure sans état d'âme!» (Lire vendredi prochain)