Alors que le débat bat son plein sur les futurs textes électoraux, le parti de l'Istiqlal (PI) choisit, lui, de faire cavalier seul. La formation politique dirigée par Hamid Chabat vient, en effet, d'élaborer une proposition de loi sur la création d'une instance nationale chargée de la supervision des élections. Le PI entend ainsi sortir le dossier des élections des mains du gouvernement. «Nous avons donné la priorité à cette proposition de loi à travers laquelle le parti de l'Istiqlal compte donner naissance à l'Instance nationale pour la supervision des élections. Le but est de rendre le processus électoral encore plus transparent», affirme Adil Benhamza, député, porte-parole du PI. Les responsables du parti comptent également sur le soutien de leur allié dans l'opposition, l'USFP (Union socialiste des forces populaires). «Nous espérons que le parti de l'USFP va rejoindre cette cause et défendre avec nous au Parlement cette proposition de loi», ajoute-t-il. L'Istiqlal de Hamid Chabat semble ainsi vouloir mettre le paquet. Le parti travaille, en effet, sur deux fronts. Le premier est celui de sa proposition de loi relative à l'Instance nationale des élections et le deuxième étant celui des textes électoraux qui vont encadrer les prochains scrutins en 2015. «Suite à la rencontre du chef de gouvernement avec les partis politiques marquant le démarrage des concertations sur les prochaines élections, il nous a été demandé de formuler nos propositions dans moins d'un mois. Nous sommes actuellement en train de travailler sur le mémorandum du PI», explique le porte-parole du parti. Mais il semble que l'Istiqlal ne s'est pas encore décidé concernant la nature de sa coordination avec l'USFP pour la prochaine étape. «Il est encore tôt de parler d'un mémorandum conjoint avec nos alliés à l'USFP. Cela ne veut pas dire que nous ne nous concertons pas. Au contraire, nous avons ouvert le débat et nous allons voir comment les choses vont évoluer et surtout si les deux partis vont parvenir à une vision commune pour les prochaines échéances électorales. Ce qui est sûr cependant, c'est que la coordination entre nos deux formations se poursuit», dit Benhamza. Cette coordination avait poussé, il y a quelques semaines, le PI et l'USFP à brandir la menace d'un boycott des prochaines élections. Les deux formations avaient émis des doutes sur la gestion gouvernementale du dossier des élections. La proposition de loi du PI sur une instance nationale chargée de la supervision des élections donnera sans nul doute un coup dans la fourmilière. Reste maintenant à connaître le traîtement qui sera accordé par le gouvernement à la proposition de loi du parti de l'Istiqlal. Curieusement, opposition et majorité semblent partager des doutes sur les prochaines élections. Avant l'Istiqlal et l'USFP, qui sont deux partis de l'opposition, c'est le chef de gouvernement him-self, Abdelilah Benkirane qui avait mis en garde des agents d'autorité contre toute intervention lors des prochaines échéances. Des propos qui rendent les choses encore plus confuses chez l'opinion publique et rappellent le scénario de l'adoption à la fois par la majorité et l'opposition dans une commission parlementaire d'un amendement sur la loi organique des finances. Un amendement qui, semble-t-il, remet en cause encore une fois l'homogénéité entre la majorité elle-même d'un côté, et le gouvernement et sa majorité parlementaire de l'autre.