Ça ne m'arrive pas tous les jours, mais la présente chronique tombe pile-poil avec le démarrage du mois sacré dédié à la piété, à la spiritualité et ce, jour et nuit, jusqu'à satiété. C'est vrai, ce n'est pas souvent le cas, mais heureusement notre Bon Dieu est clément et miséricordieux. En effet, c'est ce samedi ou au plus tard dimanche que devrait débuter le ramadan attendu par tous mais redouté par beaucoup et comme je les comprends ! Quoi qu'on puisse en dire, ce n'est pas un mois de tout repos. Oui, je sais que certains qui, déjà, le restant de l'année, ne font pas grand-chose, non pasparce qu'ils sont chômeurs, mais parce qu'ils ont un boulot peinard, suivez mon regard, vont en profiter pour vraiment ne rien faire. Non, ce n'est pas de ceux-là que je voulais parler. Ceux qui ne se reposent pas ou plutôt celles qui ne vont sûrement pas se reposer, ce sont nos mères, nos femmes – ou nos maîtresses pour certains - nos sœurs, nos filles, nos tantes, ou nos grand-mères pour ceux et celles qui en ont encore. Bref, toutes ces femmes qui, en plus d'être des femmes douces, tendres et soumises, doivent être, aussi et surtout, d'excellentes cuisinières. J'en profite pour faire un petit clin d'œil à qui vous savez, qui méritait peut-être qu'on le titille un peu pour sa déclaration pas très éclairée sur les femmes, mais, au fond, je ne suis pas très d'accord qu'on lui tombe dessus à bras raccourcis et je vais vous expliquer pourquoi. Nous parlions à l'instant du ramadan. Justement, combien d'hommes, y compris des modernistes comme vous et moi, entrent en cuisine durant ce mois pour préparer toutes les petites douceurs délicieuses dont ils raffolent ? Hein ? Et qui fait ce boulot si sympa et si ingrat au moment où nous les hommes, modernistes mais éreintés après notre retour d'une demi-journée discontinue au bureau, faisons notre petite sieste ou notre petite marche sur la corniche, ou mieux encore cette année, suivons un petit match de coupe du monde entre petits copains ? Pourquoi personne ne répond ? C'est si facile et en plus ça fait bien de critiquer quelqu'un qui dit un peu trop haut ce qu'il pense, mais, au fond, en quoi nous sommes différents de lui ? Tenez ! C'est par milliers ou même plus que nous avons crié notre colère et exprimé notre désapprobation contre les propos un peu obscurs de qui vous savez, notamment à travers les réseaux sociaux si confortables, mais combien d'entre nous, nous les mecs modernistes et tout et tout, ont pris la peine d'aller soutenir les rares femmes courageuses qui étaient armées de leurs voix mais aussi des armes qu'elles savent se manier le mieux : les casseroles et les poêles ? Oui, je le reconnais, je ne suis pas parti ce jour-là à Rabat manifester devant le Parlement, mais moi, j'avais une excuse irréfutable : je faisais la queue pour faire moudre les ingrédients et les épices pour faire le «Sallou», au moment où ma chère épouse, elle, se tapait la préparation des nems, quiches, crêpes farcies, et autres mini-pastillas. En effet, elle est obligée de les préparer à l'avance, parce que, la pauvre, elle aussi, elle travaille… en dehors de la maison. D'ailleurs, en sachant que j'allais vous parler de tout ça dans mon billet, elle m'a demandé de présenter ses excuses à toutes ces femmes valeureuses qui ont crié leur ras-le-bol contre le comportement misogyne de leurs compères, confrères et consorts, mais, juste après, aussitôt rentrées chez elles, la plupart d'entre elles ont dû retourner à leur place naturelle. En mon nom et au nom de tous les beaux lâches comme moi, je dois, à mon tour, présenter mes excuses les plus plates et les plus nulles à toi, Samira, à toi, Fatiha, à toi Malika, à toi Nouzha, et à vous toutes, et vous prévenir que si vous comptez sur nous les mecs pour vous libérer, vous êtes mal barrées. Maintenant, j'espère que vous savez ce qu'il vous reste à faire… En attendant, je souhaite à toutes les femmes et à tous les hommes qui les aiment un très bon week-end et un très bon ramadan. Quant aux autres… Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler (et râler) un peu : depuis quand un ministre, qui n'est même pas celui de la justice, a-t-il le droit de condamner un accusé présumé innocent ?