La deuxième conférence du cycle 2004 des «Essentiels du Management», organisée par l'ESCA, a permis aux invités et aux étudiants présents de débattre, avec des managers, d'un sujet de management avancé : l'intuition. Comment allier logique et sensibilité dans l'exercice quotidien d'un manager ? Cette question, qui peut sembler décalée dans son contexte, se présente aujourd'hui comme un élément fondamental dans les techniques de gestion moderne de l'entreprise. L'équation est simple : pour bien gérer son entreprise, faut-il utiliser son intuition ou bien aller jusqu'au bout de la rationalité. Un manager a plusieurs rôles à jouer. À chaque moment où une décision est à prendre, il doit faire preuve d'intuition et de rationalité. A ce stade, l'intuition se présente comme un moyen de justifier la subjectivité, sur la nécessité de comprendre les conflits d'intuition dans une entreprise marocaine, composée de personnes différentes et pas forcément consensuelles. Lors du débat, une première définition de l'intuition a été donnée par Jamal Khalil, conseiller scientifique : l'intuition est une connaissance spontanée des choses sans démonstration . Si l'on peut donc connaître les choses intuitivement pourquoi donc avoir recours à la raison? Pour Zouheir Bensaïd, directeur Général de Finance.Com, l'intuition est une perception immédiate sans l'aide d'un raisonnement, d'une argumentation basée sur la raison. Pour lui, il faut à un moment ou un autre revenir au cœur pour décider. Le choix intuitif répond aussi à un moment particulier et à une opportunité spéciale. En tous les cas, pour M.Bensaid l'intuition relève du top management, c'est un moment d'extralucidité propre à chaque personne. Tout peut être délégué sauf l'intuition, c'est ce qui différencie l'homme de la machine. L'intuition se présente également comme capacité d'un manager d'anticiper les faits. Pour Moncef Belkhayat directeur commercial Méditélécom, la part de l'intuition dans l'entreprise marocaine n'a pas eu sa place, 80% des décisions sont basées sur un calcul rationnel. La valorisation de l'intuition au sein de l'entreprise est d'ordre culturel, elle correspond à l'état d'esprit global où l'individu a une valeur qu'il revendique, où l'ambition est acceptée. Un entrepreneur dans les pays anglo-saxons anticipe, risque; il peut même faire faillite tous les 7 ans. Son environnement économique et social ne lui en tient pas rigueur. Ce qui donne lieu à une créativité débordante et à une intuition vivace. Au Canada par exemple, Lorsqu'ils doivent prendre des décisions stratégiques importantes, neuf fois sur dix les dirigeants de PME se fient davantage à leur propre intuition qu'à la rationalité du "bon gestionnaire" fondée sur des méthodes d'analyse. Mais l'enjeu de l'intuition peut se révéler aussi d'ordre économique. M.Fassi Fihri directeur général Adjoint du Crédit Agricole du Maroc et DG de BMAO, a indiqué que le caractère inné de l'intuition comme une boussole qui permet de savoir avec certitude et d'opérer des raccourcis. Pour lui, le manager qui apprivoise son intuition est moins prévisible pour la concurrence, plus imaginatif, plus innovant. C'est pour ces raisons que les femmes sont plus intuitives. L'homme ne sait pas forcément décoder ce qui se passe en lui, il doit cultiver et nourrir son potentiel intuitif.