A une année des élections municipales, Abdelilah Benkirane lance les hostilités dans une précampagne électorale. Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD) a animé un meeting dans une petite ville du Moyen Atlas. Il faut remonter à plus de deux ans et précisément en 2011 à la veille des Législatives anticipées, pour trouver des discours similaires à celui prononcé par l'actuel chef de gouvernement. C'est donc un Benkirane en leader politique et harangueur des foules qui a tenté samedi dernier de redorer le blason de son parti devant les bases populaires. Il faut dire que le parti de la lampe sent que le vent est en train de tourner en sa défaveur. Le Printemps arabe n'est plus aujourd'hui qu'un mauvais souvenir pour les pays de la région et les décisions prises par le gouvernement pour sauver les finances publiques ont terni l'image du parti qui a payé cash les frais de cette nouvelle donne. Les résultats des dernières élections législatives partielles où les candidats pjdistes ont été défaits par leurs challengers des partis de l'opposition, prouvent ce changement. Benkirane et la direction du parti ont déjà tiré les conclusions et revoient leurs calculs. C'est la raison pour laquelle le secrétaire général du PJD a décidé d'aller à la rencontre de la population d'une petite ville comme Agouray avec quelques annonces et promesses. Ainsi, le chef de gouvernement a annoncé une prochaine augmentation des bourses universitaires. Il a également souligné que le gouvernement attend les textes d'application pour verser aux veuves des personnes non couvertes par la sécurité sociale des allocations. Mais ce n'est pas tout. Benkirane a promis d'augmenter les allocations versées aux familles des enfants scolarisés dans le cadre du programme «Tayssir». Bien évidemment, le chef de gouvernement n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur ses opposants. Pour ce dernier, si les réalisations du gouvernement n'avancent pas au rythme souhaité, c'est parce que «ses détracteurs font tout pour entraver ses initiatives de peur que la popularité de son parti n'augmente et gagne de facto les prochaines élections». Benkirane n'a pas manqué non plus d'ouvrir le feu sur les principaux rivaux politiques, à savoir Hamid Chabat, secrétaire général de l'Istiqlal, ainsi que le PAM (Parti authenticité et modernité). Mais au-delà du discours politique et des annonces et promesses balancées devant la foule, l'intervention du secrétaire général du parti de la lampe a permis de déduire qu'un changement stratégique de taille est en train d'être opéré. Il semble que le parti va miser lors des prochaines élections sur les couches populaires et défavorisées. Benkirane a clairement souligné que les classes moyenne et aisée ne sont pas prioritaires pour lui. «Je suis principalement préoccupé par l'amélioration de la situation de ceux qui n'ont rien mais qui ne se manifestent pas», a lancé le chef de gouvernement. Reste à savoir si ce choix sera payant pour la direction du parti qui devra gagner les prochaines élections municipales pour s'assurer de la victoire dans les Législatives de 2016. Car il ne faut pas se leurrer. Les élections municipales et législatives sont intimement liées bien qu'elles soient différentes et espacées. Le PJD saisit le Conseil constitutionnel Après sa défaite devant le PAM à Sidi Ifni, le PJD décide de porter le dossier devant le Conseil constitutionnel. Le Parti de la justice et du développement dit avoir constaté des dépassements lors du scrutin. Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du parti, a déjà critiqué le déroulement des dernières élections législatives partielles dans la circonscription de Sidi Ifni. Les sages du Conseil constitutionnel devront donc se prononcer sur la validité du scrutin qui a donné la victoire au candidat du PAM qui a obtenu 48% des voix alors que le candidat du PJD n'en a reçu que 23%. L'écart était donc grand sachant que Sidi Ifni était considérée comme un bastion pour le parti de la lampe. Pour rappel, le siège de cette circonscription était occupé par le Pjdiste Mohamed Issam avant que son élection ne soit invalidée par le Conseil constitutionnel. A noter enfin que Mohamed Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS (Parti du progrès et du socialisme, majorité parlementaire) avait critiqué le fait que des partis membres de la majorité aient soutenu le candidat de l'opposition. Le PJD a, quant à lui, préféré regarder ailleurs, de peur de fragiliser sa majorité. Réunion du secrétariat général Le PJD a tenu une nouvelle réunion de son secrétariat général sous la présidence du secrétaire général, Abdelilah Benkirane. Selon un communiqué du parti, Benkirane a exhorté le groupe parlementaire du parti, première force parlementaire, à jouer un rôle important dans le soutien de l'expérience démocratique actuelle. En clair, le chef de gouvernement demande un soutien plus accru de ses députés à la première Chambre à l'Exécutif. Les membres du secrétariat général se sont également félicités de la dernière notation positive octroyée par une agence internationale de notation pour le Maroc. Il a été, par ailleurs, question de la réforme de l'ONEE (Office national de l'eau et de l'électricité) et de la récente décision du tribunal administratif de Rabat qui a donné raison au gouvernement face à la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) au sujet de l'interdiction de la diffusion du droit d'informer pour les membres de la deuxième Chambre parlementaire, à la télévision. A noter enfin que la candidature de Mohamed Yatim pour siéger au sein du Conseil supérieur de l'éducation, la formation et la recherche scientifique, a été validée par le secrétariat général du parti.