Faouzi Skali, le président du Festival de Fès des musiques sacrées du monde, a présenté le 21 mai 2014, dans un hôtel casablancais, le programme et l'esprit de la 20 ème édition du festival 2014. Une édition spéciale à plus d'un titre. D'abord ce sont deux décades de travail et d'existence qui sont fêtées. Ensuite, cette année, le thème choisi est grandiose, dans ce sens que l'on a mis en place une réelle plate-forme de débats pour parler du dialogue des cultures, à un moment clef de l'histoire où les clivages de tous bords prennent de plus en plus les devants de la scène. Une réponse artistique, culturelle pour contrecarrer cet esprit sectaire, belliqueux que vit l'humanité. Rien de tel que la métaphore de la conférence des oiseaux dans ce conte mystique du 13 ème siècle, où Farid Ud-din Attar nous explique comment, un jour, la huppe a décidé de réunir tous les oiseaux pour les inviter à entreprendre un grand voyage, pour rencontrer, au bout de leurs périples personnels, le roi des oiseaux, le grand Simurgh. C'est de cette parabole philosophique sur le cheminement de soi, dans le monde, à travers les autres qu'est née l'idée des cultures du monde qui voyagent et qui doivent immanquablement se rencontrer. Du 13 au 21 juin 2014, Fès vivra aux rythmes de ce chant des civilisations du monde, à travers une palette d'artistes de grand acabit. De Buddy Guy à Johnny Clegg en passant par Youssou Ndour, Rokia Traoré, Ustad Wasufuddin, Raza khan, Luzmila Carpio ou encore Roberto Alagna. Mais la liste est longue. Elle est émaillée de grandes conférences sur la culture, le monde actuel, ses enjeux humains et son esprit. Cette année l'Afrique occupe une grande place. Il y a certes un grand hommage dédié à Nelson Mandela, à son héritage humain, à son parcours de militant, à son image de conciliateur. Avec au final, cette question : peut-il y avoir un Mandela dans le monde arabe ? On parlera aussi de la mondialisation, avec cette conférence intitulée : « Une âme pour la mondialisation ». On traitera des « cultures et identités en transition ». On évoquera également les « sociétés multiculturelles et les défis du vivre ensemble » tout en parlant du Maroc et des enjeux de ses propres diversité nationales dont il est riche. On le voit bien, le Festival de Fès des musiques sacrées du monde n'est pas qu'un happening artistique, mais un creuset d'idées et de partage. On y vit certes la spiritualité à travers toutes ces manifestations qui sillonnent la médina à la rencontre des gens, mais on y pose les jalons de réflexions mondiales sur le devenir de l'Homme. C'est cela la force d'un tel rendez-vous : poser des questions, initier des débats, donner corps à des visions humains, au-delà des contingences actuelles. En cela Faouzi Skali a raison de rappeler que la « culture est un puissant vecteur de développement pour l'ensemble de l'humanité ». Et Fès s'est positionnée, depuis des siècles, comme une cité phare de rayonnement idéologique, culturel et humain. Aujourd'hui le festival redonne vie à cet héritage, plusieurs fois séculaire, où l'esprit du Maroc voyage à travers le monde.