«Il n'existe que 4 sages-femmes pour toutes les 1.000 naissances attendues, ce ratio est inférieur à la norme internationale recommandée, fixant un minimum de 6 sages-femmes pour 1.000 naissances par an». Ainsi a martelé, mardi à Rabat, Mieko Yabuta, représentante du FNUAP au Maroc, à l'occasion de la Journée internationale de la sage-femme célébrée le 5 mai de chaque année. Une opportunité saisie par le Fonds des Nations Unies pour la population au Maroc et l'Association marocaine des sages-femmes (AMSF), ainsi que l'Association nationale des sages-femmes du Maroc (ANSF) pour présenter le rapport national sur l'état de la pratique de sage-femme dans le pays. Il en ressort que l'effectif des sages-femmes au Maroc s'est établi à 2.684 en 2013. De plus, les sages-femmes représentent 17,4% de l'ensemble de l'effectif de professionnels de santé impliqués dans la prestation de soins maternels et néonatals dans le secteur public. Selon la même étude, 82% des sages-femmes ont moins de 40 ans. Cette proportion est de 60% pour les médecins généralistes mais ne concerne que 19% des gynécologues obstétriciens. 15% des sages-femmes quittent la fonction pour des raisons autres que le départ à la retraite et le décès. Ces raisons sont liées aux problèmes de sécurité des hôpitaux, au fait que les sages-femmes changent de poste quand elles ont l'opportunité d'obtenir un Master ou même un Doctorat, aux difficultés d'intégration, à l'absence de plan de carrière et aux conditions d'exercice. Bien que la stratégie nationale de santé reproductive ait élargi la gamme de prestations de la sage-femme, ledit rapport relève que celles-ci ne sont pas couvertes par un texte réglementaire. C'est pourquoi un projet de statut et de la pratique de sage-femme au Maroc a été soumis au Secrétariat général du gouvernement en 2013. Ceci étant, la pratique de la sage-femme joue un rôle déterminant au niveau de la santé maternelle et infantile au Maroc. C'est pourquoi ledit rapport relève que le statut des sages-femmes formées pour combler le besoin en personnel n'est pas adapté aux responsabilités auxquelles elles doivent répondre. Pour leur part, les responsables marocains s'expriment toujours sur la prise de conscience du rôle de la sage-femme. Lors de cette rencontre tenue sous la thématique «Les sages-femmes changent le monde : une famille à la fois», le représentant du ministère de la santé a souligné que «le statut de la sage-femme demeure une priorité et nous sommes engagés dans ce sens». Mais là n'est pas la question. Il s'agissait plutôt de débattre, lors de cet événement, du cadre réglementaire. «Où en est-on ?», s'interrogeait la présidente de l'AMSF. «Le projet de statut et de la pratique de sage-femme au Maroc qui pourrait constituer un instrument d'encadrement peine à voir le jour», a martelé Khadija Habibi qui a estimé que la profession est actuellement à la croisée des chemins d'où l'intérêt de réfléchir de concert sur les priorités de ce métier. A ses yeux, «il faudrait, entre autres, améliorer l'environnement de travail qui impacte l'exercice du métier et proposer des actions pertinentes pour définir les nouveaux arts du métier». Rachida Fadil, présidente de l'ANSF, a abondé dans le même sens en mettant l'accent sur la promotion de cette pratique. «Cela ne peut être fait sans formation, réglementation et environnement du travail. Et nous nous sommes réunis pour élaborer un plan d'action afin d'améliorer ces conditions», a-t-elle conclu.