Plusieurs mois après le soutien de Jacques Chirac, la voix de la France au sein du comité exécutif de la FIFA ira au Maroc en lice pour l'organisation de la Coupe du monde 2010. Derrière ce soutien, se profilent de grands enjeux économiques. Dans la course à la Coupe du monde 2010, le Maroc a un allié de taille : la France. Le 15 mai prochain à Zurich, date de la désignation du pays hôte des phases finales de la Coupe du monde 2010 par les 24 membres du Comité exécutif de la FIFA, la voix de la France ira au Royaume, a affirmé le quotidien français L'Equipe dans sa livraison de lundi. Ainsi, le soutien de la candidature, déclaré il y a quelques mois par le président français, qui se trouvait à Rabat pour une visite officielle, s'est transformé en un appui inconditionnel. «Le but de l'opération est de soutenir l'effort de modernisation politique, mais surtout économique, d'un pays riche en potentialités», explique le journal français qui insiste sur l'opportunité que représente l'organisation d'un aussi grand événement sportif. Organiser la coupe du monde au Maroc représenterait en effet un investissement de 2,15 milliards d'euros pour le Royaume, des rentrées fiscales de près d'un milliard et la création de 300.000 à 400.000 emplois permanents. D'où l'importance des marchés en jeu pour les entreprises françaises déjà très présentes dans le pays où elles emploient plus de 65.000 personnes. Ces dernières seraient spécialement intéressées par les grands chantiers que le pays connaîtra en vue de mettre son infrastructure touristique, routière et sportive à niveau. Mais c'est sur le secteur touristique que les Tricolores misent le gros lot. A court terme, la grande fête du ballon attirerait plus d'un million de visiteurs supplémentaires, ce qui, selon «L'Equipe», ne manquera pas d'intéresser les grands groupes hôteliers français. Au cas où le Maroc serait l'heureux élu de la Fédération internationale de football (FIFA), les grands groupes français, explique le journal, pourraient intervenir pour aider le Royaume à mettre en place une centrale de réservation, construire des hôtels, des stades, des autoroutes, concrétiser le projet d'un TGV (train à grande vitesse) marocain et mettre à niveau le secteur des télécommunications. «Privilégier les entreprises françaises pour construire le nouveau Maroc dans la perspective de la coupe du monde 2010 serait considéré comme un juste renvoi de l'ascenseur», pourrait-on lire également dans le journal français. Le vote de la France intervient donc quelques mois après le soutien du président français, le 11 octobre dernier alors qu'il se trouvait en visite officielle au Maroc. Jacques Chirac avait à l'époque déclaré qu'il ferait tout son possible pour que son pays soutienne la candidature du Maroc pur l'organisation du plus grand événement footballistique de la planète en 2010. Le chef d'Etat, rappelant que la France a été préférée au Maroc pour l'organisation du Mondial 1998, a déclaré que sa «joie avait été tempérée d'une certaine tristesse» car il aurait «préféré l'emporter sur un autre pays». Et d'ajouter : «Je me sens une sorte de dette à l'égard du Maroc». Un soutien que le concurrent direct du Royaume dans cette course à la coupe du monde n'a pas beaucoup apprécié. Lors d'une visite officielle à l'Hexagone, le président sud-africain Thabo Mbeki, a évoqué avec le président Jacques Chirac ce soutien de la France à la candidature du Maroc pour la Coupe du monde. Le soutien de la France intervient également à une période très critique de la candidature marocaine. Il s'agit en effet dans la dernière ligne droite de cette course qui tient en haleine tout un continent qui abritera en 2010 les phases finales de cette fête du ballon rond. Une course où cinq pays africains sont engagés. Aux côtés du Maroc, en lice pour la quatrième fois, l'Afrique du Sud, l'Egypte, la Tunisie et la Libye se disputent l'organisation de l'événement.