A quelques semaines du coup d'envoi de la prochaine coupe du monde de football, prévue du 12 juin au 13 juillet au Brésil, les autorités du pays ont engagé une course contre la montre sans précédent, sous la pression du temps et de la Fédération internationale de football association (FIFA) pour l'accueil de cet événement planétaire. La cérémonie d'ouverture aura lieu le 12 juin prochain avec un premier match qui va opposer l'équipe brésilienne à celle de la Croatie au stade Corinthians à Sao Paulo, lequel constitue une véritable source d'angoisse pour les organisateurs puisqu'il n'a pas été livré jusqu'à présent à la FIFA en raison de la poursuite des travaux. Le stade de Sao Paulo, qui accuse le plus grand retard au niveau de l'état d'avancement des travaux, sera livré "à la dernière minute", a déclaré tout récemment à la presse le Secrétaire général de la FIFA, Jérôme Valcke, qui n'a eu de cesse de critiquer ces derniers temps les autorités brésiliennes sur la lenteur des travaux des chantiers. "Je n'aime pas rêver. Je me fie à ce que je vois et le fait est que le stade de Sao Paulo sera prêt pour la Coupe du monde à la dernière minute", a-t-il dit. Valcke a poursuivi que la FIFA a "vécu un enfer pour l'organisation de la Coupe du monde de football au Brésil, en raison du grand nombre d'interlocuteurs avec lesquels on a dû composer". Le numéro 2 de cette instance internationale prévoit de se rendre encore en fin de semaine au Brésil pour une énième inspection des stades encore inachevés. Outre le stade de Sao Paulo, trois autres stades sur les 12 prévus pour le prochain mondial ne sont pas encore livrés à la FIFA, à savoir ceux de Beira Rio à Porto Alegre, de Baixada à Curitiba et de Pantanal à Cuiaba, alors que le Brésil s'était engagé à la livraison de l'ensemble de ses stades avant fin 2013. Pour sa part, le Comité d'organisation local a assuré que la FIFA va recevoir tous les stades convenus le 21 mai pour la période d'utilisation exclusive qui lui permettra l'installation du système nécessaire aux retransmissions des matches et la réalisation des tests de sécurité et d'accueil des spectateurs. Outre les critiques acerbes des responsables de la FIFA, le gouvernement brésilien se trouve également confronté depuis ces derniers mois à des manifestations populaires parfois violentes et au mécontentement d'une grande partie de la population face à la dégradation de la qualité des services publics et des infrastructures de base, mais aussi en raison du coût exorbitant (près de 12 milliards d'euros) engagé pour la construction ou la rénovation de stades, entre autres. Cette somme colossale, dont la quasi-totalité provient de l'argent public, est jugée indécente par les protestataires aux vues de l'état de délabrement des services publics. En effet, à la veille de la Coupe du monde de football 2014, le Brésil, sixième puissance économique mondiale, peine toujours à assurer un service public de qualité, notamment en matière de transport. La qualité des infrastructures routières laisse à désirer et le réseau des lignes du métro de Sao Paulo est peu développé, compte tenu de la taille et de la population de la ville (20 millions d'habitants) et des milliers de touristes étrangers attendus durant les prochaines semaines dans ce pays d'Amérique latine. En outre, le parc autobus, principal moyen de transport public utilisé par une grande partie de la population, est vieillissant et ne peut répondre à la demande des usagers de manière satisfaisante. Les aéroports dans le pays de la Samba posent également problème et pourraient très vite arriver à saturation. Pour faire face au grand nombre de vols prévus lors du Mondial, l'Agence nationale de l'aviation civile (ANAC) vient d'annoncer une série de sanctions contre les compagnies aériennes qui enfreignent les normes et les horaires des décollages et des atterrissages. Cette décision a été prise pour éviter les chaos qui pourraient survenir dans les aéroports du pays au cours de cette compétition mondiale, a indiqué lundi le président de l'ANAC, Marcelo Guaranys, dans des déclarations à la presse. Les compagnies, qui ne vont pas respecter ou se conformer à leur horaire, seraient passibles d'une amende allant de 12.000 à 90.000 réais (2,2 réais = 1 dollar), selon la gravité des cas, a-t-il ajouté. "Nous sommes préoccupés par le grand nombre de vols attendus lors de cette compétition mondiale et nous craignons que cette ruée crée des troubles et des perturbations au niveau des aéroports", a-t-il fait savoir. Par ailleurs, au Brésil où le football est considéré comme une religion, la cote de popularité du Mondial 2014 n'a cessé de diminuer ces derniers temps, selon une enquête réalisée par l'institut de sondage Datafolha. Dans ce géant latino-américain, la majorité des Brésiliens, soit 54 pc, se disent contre l'organisation de la coupe du Monde de football dans leur pays, selon les résultats de ce sondage publiés récemment. Pourtant, en novembre 2008 un sondage faisait état de l'intérêt de 79 pc de la population pour l'organisation de la coupe du monde au Brésil, la compétition étant considérée à l'époque comme une aubaine pour l'amélioration des infrastructures de base et des services publics. Le Brésil a certainement pris conscience beaucoup trop tard de l'ampleur de la tâche dont il est investi, en dépit du temps qu'il avait pour se préparer (7 ans) et venir à bout des différents chantiers programmés. Certes, les stades seront prêts pour le Mondial 2014 mais pas toutes les autres infrastructures nécessaires, de l'avis de nombre d'observateurs.