Sur la base d'analyses et de déductions, Robert Assaraf s'attelle à démontrer l'inexorabilité de la chute du Premier ministre israélien Ariel Sharon. Un quotidien de Rabat relève l'effondrement de la «cote» d'Ariel Sharon, Premier ministre israélien, en citant un sondage : «33% des personnes interrogées sont contentes, contre 57% qui ne sont pas contentes de Sharon». Un quotidien israélien, Haaretz, publie un commentaire, signé Guideon Smet, intitulé : «C'est le début de la fin». En effet, Sharon achève la carrière d'un dirigeant très problématique, avec un adage, chaque jour confirmé : «le mensonge n'a pas de pieds». Une véritable toile de non-vérités, comme seul Sharon peut tisser, une période qu'il peut encore prolonger, avec certains succès provisoires. Mais la «cruche va casser» avec son propriétaire… vAujourd'hui, on se trouve face à un dirigeant, jamais aussi isolé, ni empêtré dans sa fonction, d'une manière désespérée. On peut, donc, commencer un décompte à l'envers, pour la fin de Sharon… Pourtant, une grande majorité des partisans du Premier ministre, le considéraient indispensable. Et ses adversaires aussi, jusqu'à la déconfiture reconnue, aujourd'hui, de tous les hommes politiques israéliens, religieux, de droite ou de gauche. Mais, à présent, même son parti –le Likoud -, est, également en crise. Les ministres du Likoud, les affairistes du Comité central de ce parti au pouvoir, vivent dans l'angoisse de cet échec. Sharon avait pourtant réussi un succès exceptionnel avec 40 sièges au Parlement sur 120. Tous voient approcher la fin du pouvoir. La cote de Sharon et du Likoud est en chute libre. Même le président américain considère qu'il a affaire à un manœuvrier retors. Le deuxième parti de la coalition gouvernementale –le Shinouï -, en continuant à apporter à Sharon son soutien, doit prendre sa décision : soit s'autodétruire comme les sondages commencent à l'indiquer, soit lui tourner le dos. Le réveil de l'opinion publique, qui n'a pas encore atteint le Shinouï, touche, pourtant, des couches de plus en plus larges. Elles se posent la question suivante : est-il possible de continuer à soutenir un Chef qui détruit leurs chances d'une vie meilleure ? Pour la première fois, la déception de Sharon est commune à la droite, au centre et, bien sûr, à la gauche. Au Centre, le dilemme semble se limiter au soutien d'une solution globale : Sharon, pendant trois ans, a tout fait pour l'éviter. La droite –y compris les religieux -, est horrifiée à l'idée que Sharon puisse être amené à quitter Gaza et à évacuer des colonies. C'est dans ce camp que l'on retrouve les mensonges de l'homme, qui sait qu'une application partielle de son plan, brisera son gouvernement. Il continue, donc, à apparaître, comme il a toujours été décrit par ses critiques : un Chef politique non-fiable et, pour certains, dangereux, malgré les avantages de son autorité. Sharon est décrit comme un politicien qui ne serait jamais arrivé au sommet, sans un instinct sûr pour se frayer la voie, entre l'héroïsme et l'aventurisme militaire d'une part, et, la souplesse et la trahison politique d'autre part. Le tout, étant enveloppé d'un charme certain, qui voile le danger. Mais, insistent les critiques, comme tous les jongleurs et les manœuvriers habiles, Sharon s'est fourré dans une impasse, dont il lui est difficile de s'en tirer. Parmi ces critiques, l'analyste de Haaretz va encore plus loin. «Sharon n'est pas aveugle. Les échos d'une insatisfaction se multiplient autour de lui, avec un début de panique. Qui peut encore venir à son secours une avant-dernière fois ?» Shimon Peres et nombre de dirigeants travaillistes ont accepté de négocier une union malfaisante. Cette couche de dirigeants du parti travailliste semble préférer accompagner Sharon, plutôt que de le faire tomber. Et ceci, malgré son péché permanent du «refus politique» et de son échec. Les enquêtes sur ses affaires de famille. La détérioration économique du pays, avec un affaissement des classes défavorisées ou moyennes. Et, surtout, les non-vérités constantes de Sharon. Tout ceci, alors que s'approche la possibilité d'une formation de la masse critique de la crise, avec une méfiance qui aboutit, normalement, à l'élimination des dirigeants qui ont échoué. Parmi les alliés de Sharon, nombreux songent à le quitter, car la nature politique a horreur du vide ayant atteint la situation d'un tremblement de terre. Yossi Beilin –le confrère de Abed Rabbo -, dans le livre qu'il vient de publier, considère que depuis 1995, année de l'assassinat d'Itzhak Rabin, Israël a abandonné ses véritables objectifs nationaux qu'il a confiés à trois dirigeants, sabra (natifs d'Israël) qui ont échoué : «Deux, lamentablement, malgré leurs talents personnels indéniables, Netanyahou et Barak, et c'est à présent, le tour de Sharon : une tragédie nationale. Mais peut-on espérer qu'elle reste incorrigible?» • Par Robert Assaraf