Beaucoup de personnes me questionnent sur ce titre «Oura Chems» (De l'autre côté du soleil) que j'ai choisi pour mon livre… Chacun y trouvant sa propre explication, «Oura Chems» pouvant signifier pour certains «immigration», pour d'autres «retour au pays»… en fait j' apprécie que chacun y mette son propre contenu car tous ceux-ci ont un sens. Cependant je souhaite donner la signification que personnellement j'ai voulu donner au titre de ce manuscrit. Je reproduis donc ci-après la «dédicace» par laquelle je débute mon livre et qui – je pense – explique bien les choses : «C'est à eux que j'ai pensé en écrivant ce livre, eux les «saken oura chems» des quartiers dits défavorisés : par ce terme c'est une identité qui est revendiquée par l'absence même d'identité, d'existence aux yeux des autres… Ces jeunes appartiennent-ils à notre société ? C'est dans la réponse lucide et volontaire que l'on apportera à cette question que se joue une partie de l'avenir du Maroc de demain! C'est aussi à eux et elles que j'ai pensé... eux ces jeunes qui, au Maroc, s'engagent et m'ont donné des raisons de m'investir, d'y croire, de voir mon pays d'origine avec des yeux différents et qui, au quotidien, donnent au mot espoir son sens le plus concret. C'est enfin à eux et elles que j'ai pensé, eux ces jeunes Marocains de France, qui – sans forcément le savoir – ont donné, a posteriori, un sens intemporel au combat – qu'avec ceux de ma génération – j'ai mené pour l'égalité, le vivre ensemble, et contre le racisme ! Que ce modeste témoignage d'un militant, d'un «Grand-Frère », leur donne l'envie de se dépasser... et soit, pour eux tous, une balise dans les moments de doute... J'ai tenté ici de retracer un parcours qui m'a aussi permis de si belles rencontres avec ceux qui ont défriché – par leur charisme et leur exemplarité – les chemins ardus de l'émergence d'une jeunesse... Pensées à eux : Mustapha Hadji, Jamel Debbouze, Roschy Zem, Driss El Yazami, Abdellatif Benazzi, Ahmed Soultan, Hicham Arazi, Rachid Benzine, Mohamed Abdi, David Assouline, Fouad Laroui, Mohamed Ezzouak, Nour Eddine Lakhmari, Momo Merhari, Oum, Driss C. Jaydane, Sanaa ElAji, Youssef Chehbi, Younes Boumehdi… Et tous ceux – et celles – qui ont aidé et accompagné cette émergence ! Pour le meilleur… » Voilà je pense qu'après lecture de cette dédicace qui débute mon livre vous comprenez mieux ce que j'ai voulu signifier par ces mots «Oura Chems», ces termes – lourds de sens – et qui en fait indiquent la façon dont les jeunes de certains de nos quartiers populaires ou communes enclavées se désignent eux-mêmes. Bien sûr je parle aussi dans cet ouvrage de tous les jeunes que j'ai rencontrés d'abord en France, puis ici au Maroc et qui étudient, travaillent, militent, s'engagent, se battent et s'en sortent, œuvrent dans des associations, leur école, leur quartier, pour une cause…issus de ce que l'on nomme «la classe moyenne» et dont les parents consentent beaucoup de sacrifices ! J'y parle également de tous ces adultes – anonymes ou connus – magnifiques d'engagement, de générosité, de «don de soi»… pour que nos jeunes précisèment n'aient plus à se définir par ces mots «oura chems» !