Nous sommes dans la commune Had Dra, à une trentaine de kilomètres au nord de la ville d'Essaouira. Quelques habitants du douar Zmamate découvrent, le matin de ce mardi 18 février, le cadavre d'un jeune homme à poil et pieds ligotés. Ils n'en croient pas leurs yeux, surtout que certains parmi eux connaissent la victime. Il s'agit de M'hand, originaire d'un douar mitoyen, Sidi Laâroussi. Ils alertent les gendarmes qui se dépêchent sur les lieux. Du premier regard, ils constatent que le cadavre porte des traces de violence, ainsi que des blessures graves. Le travail commence pour les enquêteurs de la gendarmerie royale qui, dans un premier temps, prélèvent sur la scène du crime tous les objets pouvant les conduire à tirer l'affaire au clair. Pas moins d'une douzaine d'heures plus tard, les limiers apprennent que le jeune M'hand, âgé de vingt-sept ans, était, la veille de la découverte de son cadavre, en compagnie de son ami, un certain Regragui, âgé de trente-trois ans. Arrêté, celui-ci nie avoir vu, depuis deux jours, son ami, M'hand. Malheureusement pour lui, des témoins confirment qu'ils étaient ensemble. Il n'en fallait pas plus pour qu'il passe à table. Regragui affirme que lui et la victime entretenaient une relation homosexuelle. Lundi 17 février, ils ont décidé de se rencontrer, le soir, pour passer une nuit, à la belle étoile, au douar Zmamate, tout en picolant et couchant ensemble. Une fois sur place, cinq autres amis les ont rejoints. Tous les sept ont commencé à s'enivrer en buvant de l'eau-de-vie. Au fil du temps, l'un des quatre autres jeunes hommes, à savoir Rachid, âgé de vingt-et-un ans, a commencé à s'approcher de M'hand et le solliciter à coucher avec lui. M'hand s'est abstenu puisqu'il n'«aimait» que Regragui. Rachid a tenté alors d'abuser de lui par la force. Quatre des sept amis quittent la scène, alors que M'hand est resté entre Regragui et Rachid. Sous l'effet de l'eau-de-vie, les deux jeunes hommes essayaient d'obliger M'hand à coucher avec eux. Mais devant son refus, Rachid a saisi un couteau et il lui a asséné plusieurs coups. M'hand est tombé par terre gisant dans une mare de sang, ce qui n'a pas empêché les deux jeunes hommes d'abuser de lui. Le jeudi 20 février, la reconstitution du crime a été effectuée. Et le lendemain, vendredi, Regragui, Rachid et les quatre autres amis qui ont quitté la scène du crime avant le meurtre ont été traduits devant la Cour d'appel de Safi.