C'est comme une séquence d'un film quand un chien découvre le cadavre d'un jeune homme. Ce chien, bien dressé, est arrivé à identifier la maison des auteurs du crime, commis dans la périphérie d'El Jadida. Douar R'kibate, près du quartier industriel à El Jadida. Un jeune homme ignore les raisons pour lesquelles son chien, bien dressé, lui échappe, ce matin du mardi 9 décembre. Il court jusqu'aux herbes pour aboyer et retourne vers lui. Le jeune homme le regarde avec une curiosité absolue. Il ne sait pas ce qu'il veut de lui. Le chien retourne une fois encore en courant vers le même lieu, aboie et flaire avant de rejoindre le jeune homme. Qu'est-ce qu'il cherche, ce chien ? pense -t-il avant de se tenir sur place en scrutant son chien qui commence à le tirer par le pantalon comme s'il lui demandait de l'accompagner vers le lieu dont il est question. Par curiosité, le jeune homme obtempère, le suit lentement jusqu'au lieu indiqué. C'est la surprise. Le jeune homme se plante sur place. Il ne peut avancer d'un pas et ne sait quoi faire. Devant ses yeux, le cadavre d'un jeune homme, sans âme, étendu par terre, présentant des blessures au niveau de sa nuque. “Que dois-je faire ?”, s'interroge le jeune homme. Son chien continue à courir à gauche et à droite tout en aboyant comme s'il cherchait autre chose. Effectivement, il trouve, un peu plus loin, une veste noire. Il continue à chercher. Une fois encore, il se tient debout, dix mètres plus loin, devant une casquette et des espadrilles. Le jeune homme reste bouche-bée. Son chien continue à aboyer, tout en flairant le chemin menant vers la porte d'une maison. Suit-il des odeurs précises ? Il commence à pousser la porte. Pourquoi ? Une femme, sexagénaire, ouvre cette porte et pique son nez dehors. Le chien se jette sur elle. Elle commence à crier, à demander secours. Le chien ne veut plus la lâcher. Le jeune homme vient à son secours en écartant son chien. Pourquoi se jette-t-il sur elle ? Quelle relation avait-elle avec le cadavre ? la scène semble comme une séquence d'un film. Les voisins sortent de chez eux pour voir ce qui se passe. Le jeune homme alerte les gendarmes qui viennent sur le champ sans perdre la moindre minute. Un constat d'usage s'effectue sur place. Le cadavre présente des traces de violence au niveau de la nuque. Tout les habitants du douar le connaissent, bien qu'il soit étranger. Il est issu du douar Lahouawra. Seulement, il vient de temps en temps au douar R'kibate chez Chaïbia, attestent les témoins. Qui est Chaïbia ? C'est la femme qui a été attaquée par le chien. Est-elle sa meurtrière ? Une enquête est lancée aussitôt pour tirer l'affaire au clair. “Non, je ne l'ai pas tué“, se disculpe Chaïbia, les larmes aux yeux. Certes, il était l'ami de son époux, décédé il y a cinq ans. Il s'appelle Mohamed, il est âgé de quarante ans. Cette relation amicale entre Mohamed et l'époux de Chaïbia s'est consolidée après qu'il lui a demandé la main de sa fille. Il attend d'amasser un peu d'argent pour organiser la nuit des noces. Lundi 7 décembre 2003 vers 16h. Chaïbia retourne chez elle, en compagnie de son fils aîné, âgé de quarante-deux ans, après avoir passé la journée au souk. Elle découvre son futur beau-fils, Mohamed, et son fils Rachid en train de manger du poisson et de picoler devant les yeux de son neveux, encore mineur. Chaïbia se révolte, commence à les insulter. Sous l'effet de l'alcool, son futur beau-fils l'injurie. Chaïbia demande aussitôt à son fils aîné de le jeter hors de la maison. Ce dernier obtempère, tient forcément Mohamed et tente de le mettre dehors. Le futur beau-fils résiste, leur demande de lui rendre les cadeaux et l'argent qu'il leur avait versé lors des cérémonies des fiançailles. Hors de lui, le fils aîné de Chaïbia saisit aussitôt un tournevis et commence à asséner des coups à Mohamed. Celui-ci perd conscience quelques minutes plus tard. “Mets-le dehors “, crie la mère. Il fallait attendre la tombée de la nuit pour tirer le cadavre vers un lieu obscur, plein d'herbes pour l'y cacher, loin des yeux des curieux. Le mis en cause et sa mère ont été traduits devant la Chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et complicité.