ALM: Quels sont les symptômes ou les signaux d'alerte qu'un parent devrait reconnaître chez son enfant avant son passage à l'acte? Amal Hassoun : Quand un enfant commence à se renfermer sur lui, quand il y a de l'agressivité ou un retrait de la vie de famille, les parents devraient se poser des questions. Il ne faut toutefois pas confondre un simple retrait d'un adolescent avec un autre vrai, plus dangereux et qui s'accompagne souvent d'autres éléments comme de la tristesse, le refus de s'alimenter, etc. Tout changement brusque devrait être un appel aux parents d'être vigilant et gérer le mal-être de leur enfant au quotidien afin d'éviter le scénario dramatique qui est le suicide. Comment pourrait-on aborder un enfant ayant des envies suicidaires ? Il est vrai que c'est très délicat de le faire. Quand un enfant souffre et quand on est ses parents, il est important d'instaurer une culture de dialogue. Ceci est très important, l'enfant a besoin d'être entouré de personnes auxquelles il fait confiance. Seulement voilà, quand on est adolescent, on n'a pas forcément cette envie d'échanger avec les parents. Dans ce cas, ces derniers devraient dialoguer avec les amis de leur enfant, des professeurs... il y a toujours des personnes à qui l'enfant fait confiance. Chez ces personnes ressources tout comme à l'école, il faut intervenir pour mieux envelopper et cerner les maux de son enfant. Généralement, y a-t-il un âge où l'enfant est plus exposé à ces envies de suicide ? Malheureusement, on se rend compte que cet âge baisse de plus en plus. Avant les adolescents de 14 ans et plus étaient plus sujets à ce drame. Aujourd'hui, on a des plus jeunes de 7 ou 8 ans qui se donnent la mort. Il faut savoir que la crise amoureuse est une étape de vie très délicate pour l'enfant. Le premier amour et la déception qui s'ensuit amènent l'enfant à penser à partir. Ces chagrins d'amour sont mal gérés et généralement l'enfant n'arrive pas à en parler par fierté. L'enfant ne comprend pas le rejet de l'autre. Dans ce cas, il faut que les parents ou les personnes de confiance fassent comprendre à cet enfant que le fait que l'autre lui dise non n'était pas adressé à sa personne mais à l'idée d'amour car là aussi, le manque de confiance que ces situations peuvent engendrer s'avère dangereux. Est-ce que l'enfant a réellement conscience de l'idée du suicide comme terme à son existence ou serait-ce plutôt une intention de disparaître à un moment donné ? Les enfants font des appels au secours avant tout passage à l'acte. D'après mon expérience, les filles ne vont pas jusqu'au bout. Elles font plus d'appels au secours en faisant des tentatives de secours très souvent et heureusement ratées. Pour les garçons il y a plus de passage à l'acte. Vous savez, les outils pour mettre fin à sa vie ne manquent pas. Il y a même des sites Internet où l'on mentionne clairement «comment réussir son suicide»! C'est une aberration.