Le président de la Fédération des PME-PMI, Hamad Kessal estime que les banques devraient impérativement changer leur approche de travail avec les entreprises. Entretien. ALM : D'après vous, les banques marocaines font-elles suffisamment confiance aux PME-PMI ? Hamad Kessal : Non, elles ne nous font pas confiance. Et la responsabilité est partagée entre les deux parties. D'une part, les banques reprochent aux PME-PMI leur manque de transparence, notamment en ce qui concerne l'établissement des bilans et la fiabilité de leur comptabilité. D'autre part, les PME-PMI continuent de traiter les banques comme des «banques-épicerie», qui se contentent de donner de l'argent, sans plus. En effet, les PME-PMI déplorent l'absence de toute stratégie de conseil et d'accompagnement chez les banques. De notre côté, je peux vous assurer que nous avons tout fait pour plaire aux banques : nous avons organisé des journées d'information, notamment en ce qui concerne le rôle des experts-comptables, etc. Nous avons joué la transparence jusqu'au bout avec les banques. En vain. Les banques continuent de traiter les PME-PMI comme des incapables. Il faut absolument que cette situation change et nous pensons que les banques doivent entamer leurs propres mise à niveau et sortir de leur logique comptable pour travailler d'une manière plus professionnelle avec les PME-PMI qui constituent l'essentiel du tissu économique du pays. Aujourd'hui, la balle est dans leur camp, et nous sommes prêts à explorer avec elles toutes les voies pour sortir de cet état de fait. Dans un contexte de surliquidité, les PME-PMI ne devraient-elles pas bénéficier davantage de facilités ? Oui, naturellement. Mais il se trouve que les banques continuent de se caché derrière le fait que la sur-liquidité est la résultante de la manne financière qu'a engendré les opérations de privatisation et l'augmentation des volumes des transferts des MRE. C'est un faux prétexte. Car la banque marocaine doit investir d'abord dans les hommes. Et c'est pour cette raison que nous demandons aux banques de changer leurs stratégie de travail avec nous et s'orienter vers une autre approche plus efficace. Les banques doivent prendre du risque. Autrement, le problème de la surliquidité restera toujours posé. D'un autre côté, l'argument des 42 milliards de créances non acquittés nous semble également non fondé. Et pour cause, il s'agit pour l'essentiel de créances de grands groupes qui ont profité des multiples dysfonctionnements du système bancaire. Quelles propositions préconisez-vous pour améliorer les rapports entre les banques et les PME-PMI ? Nous proposons solennellement la réalisation d'une charte éthique avec les banques. Il faut que ces dernières nous disent ce qu'elles attendent exactement des PME-PMI. L'objectif est justement de disposer d'une meilleure visibilité de nos rapports. Cette charte permettra à chacun de situer à la fois ses devoirs et ses responsabilités. Et nous, nous sommes entièrement prêt à jouer le jeu. À condition d'éclaircir les choses et de commencer sans tarder à mettre les bases d'un terrain de travail transparent et productif. Pour y arriver, nous demandons à ce que les banques transcendent leur approche purement mercantile et qu'elles participent pleinement au développement économique du pays. J'estime qu'une démarche pareille est fondamentale pour dépasser l'impasse actuelle et qui fait que chacun rejette la responsabilité sur l'autre. Une situation qui ne mènera à rien.