Comme la veille, les Zimbabwéens ont rejoint dimanche les files d'attente dans l'espoir d'élire leur nouveau président. L'opposition dénonce un processus électoral lent, chaotique, et réclame une prolongation du scrutin. Le défilé des quelque 5,6 millions de Zimbabwéens inscrits a repris ce dimanche après une première journée marquée par une forte mobilisation et des lenteurs inquiétantes. La plupart des files d'attente étaient d'ailleurs déjà en place avant même l'ouverture des bureaux de vote (7 heures locales), la plupart des malchanceux de la veille ayant préféré dormir sur place. « Le gouvernement ne nous empêchera pas de voter, nous sommes restés ici toute la nuit et nous allons voter pour le changement », expliquait Vincent, un jeune homme en tête d'une file de 4.000 personnes, devant un bureau de vote de la banlieue d'Harare. « C'est important de voter, pour que mes enfants n'aient plus faim » ajoutait Joyce, une jeune mère qui a attendu des heures la veille sans pouvoir atteindre les urnes. « Ils se moquent de nous, protestait ainsi une femme, mais nous voterons quand même pour ne plus jamais faire la queue, ni pour voter, ni pour obtenir de la farine de maïs pour nourrir nos familles »… Dès le premier jour de l'élection présidentielle, l'opposition a d'ailleurs accusé le pouvoir de volontairement faire traîner le processus électoral pour ce scrutin opposant le président sortant Robert Mugabe au leader du Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC) Morgan Tsvangirai. Le gouvernement, qui a salué dimanche matin « l'enthousiasme» des électeurs, a promis à cette occasion que tous pourraient voter, quitte à prolonger d'un ou deux jours le scrutin. Il faut dire que cette élection constitue le rendez-vous le plus disputé qu'ait connu le Zimbabwe depuis l'arrivée au pouvoir, il y a 22 ans, de Robert Mugabe. Son rival Tsvangirai représente en effet une menace crédible pour le président sortant qu'il a accusé de fraude massive. Le MDC a ainsi réclamé dimanche devant la justice une prolongation du vote au-delà de la fin prévue du scrutin, le soir même, particulièrement dans les zones urbaines peu équipées en bureaux de vote. Cette lenteur du scrutin laisse par ailleurs craindre une explosion de violences dans les différentes villes où se massent les électeurs. Près de la capitale, la première journée avait déjà été marquée par une charge de la police sur une foule en colère, dont douze ont été blessés. Sur le plan international, le scepticisme est de mise. Les Etats-Unis se sont ainsi déclarés dimanche «profondément perturbés » par les «graves problèmes » rencontrés, et ont exigé du pouvoir «de prendre des mesures immédiates». Le communiqué de l'Ambassade américaine à Harare souligne les « délais extrêmement longs pour de nombreux électeurs et la confusion », particulièrement à Harare et Chitungwiza, grande banlieue populaire de la capitale. Quant à la presse sud-africaine, pays qui dispose d'observateurs électoraux au Zimbabwe, elle ne se fait ce dimanche aucune illusion : tout en saluant la détermination des Zimbabwéens, elle donne son verdict sur l'élection, la qualifiant de ni libre, ni équitable à moins d'un «miracle »…