Les Zimbabwéens votent ce week-end pour élire leur nouveau président, le candidat sortant Robert Mugabe ou le leader de l'opposition Tsvangirai. Un scrutin incertain qui intervient dans un climat de violences et d'exactions. Cette élection représente le plus grand défi de la carrière politique du président sortant Mugabe, le leader du Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC), Morgan Tsvangirai, ayant su s'imposer en deux ans comme le seul capable de le faire tomber. Face à ce danger, Mugabe, avide de pouvoir, a ces dernières semaines usé de violences, de textes législatifs répressifs et de pouvoirs spéciaux pour imposer une loi électorale dénoncée par la Cour suprême. Si depuis le 1er janvier, au moins 33 personnes ont été tuées dans des violences politiques, des centaines d'autres agressées, torturées, enlevées, ou encore violées, ce seul vendredi a vu l'enlèvement de quarante agents électoraux du MDC par des partisans du pouvoir. Le MDC affirme d'ailleurs que depuis sa création en septembre 1999, 107 de ses militants ont été assassinés par le parti présidentiel, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-front patriotique (ZANU-PF). Parallèlement, le pouvoir a promulgué une loi sur la sécurité et l'ordre public empêchant la tenue de bon nombre de meetings du MDC, sans compter les multiples interpellations de son leader Tsvangirai. Les défenseurs des droits de l'homme et l'opposition craignent pour leur part des fraudes massives, d'autant que les listes électorales n'avaient toujours pas été publiées ce vendredi. Le même jour, le ministre zimbabwéen de l'Intérieur, John Nkomo, a quant à lui accusé des agents de renseignements britanniques et américains d'être entrés illégalement dans le pays pour recueillir des informations sur le déroulement de l'élection… Quelque 5,6 millions d'électeurs inscrits doivent se rendre dans plus de 4.500 bureaux de vote ces 9 et 10 mars, pour une élection dont les résultats ne seront pas connus avant le 12 mars. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a pour sa part appelé, jeudi, les Zimbabwéens à se déplacer vers les urnes, souhaitant que le scrutin se déroule équitablement et sans violence… Rien n'est moins sûr.