Fille de son père, Samira Zaouli, est la seule femme à prendre les destinées d'un club de football, le TAS. Une femme qui a grandi dans le foot. Un sport auquel elle porte un amour fou à tel point qu'elle a tout perdu, aujourd'hui, ou presque. Son travail et son temps. Entretien. ALM : Vous êtes toujours présidente du club TAS, section football ? Samira Zaouli : Je le suis de manière provisoire, en attendant la tenue de l'assemblée générale du club avant la fin de l'année. La situation actuelle du club m'inquiète. Le TAS n'est plus ce qu'il était. Lors d'une réunion avec les différents acteurs du club, il y a plus d'un mois, certains joueurs, sans scrupule, ont déclaré qu'ils étaient pour la descente du club en troisième division. J'étais abasourdie. Je n'arrivais pas à le croire. Je voyais toute l'histoire du club partir en fumée. Je leur ai proposé ma démission. Je leur ai dit : «C'est à vous, maintenant, d'assumer la responsabilité». Quelques jours plus tard, ils ont changé de ton pour me dire qu'ils étaient prêts à travailler avec moi. Entre Samira et le football, il existe une veille histoire d'amour. Est-ce que vous portez toujours le même amour à ce sport? Je ne changerais jamais. Malgré les problèmes que traverse actuellement le club, j'ai décidé de rester. Certes, j'ai perdu beaucoup de temps, mon travail d'enseignante, à cause des absences, j'ai aussi des problèmes de santé, mais je continuerai ma mission. Celle de redorer le blason de ce grand club. Comment faites-vous pour concilier entre vie privée et vie sportive ? Difficile. Faute de moyens, dans notre club, on travaille avec les moyens de bord. J'ai des enfants, un mari, une famille, autant de tâches, et je fais de mon mieux pour être à la hauteur de la responsabilité que l'on m'a confiée. À chaque fois que je demande quelque chose, c'est pour le TAS. Au Hay Mohammadi, nous avons la chance d'avoir un gouverneur, homme d'autorité, mais aussi un homme de sport. Il a toujours été à l'écoute de nos doléances. Je tiens vraiment à le remercier. Vous faites un métier d'hommes. Quel regard portent ces derniers sur vous ? Peut-être que, au début, c'était une surprise pour les Marocains, en particulier, et les Arabes, en général, mais pas pour le club dans lequel j'ai grandi. Outre le fait que je suis la fille de Larbi Zaouli, j'étais adhérente pendant dix ans. Période durant laquelle j'ai appris beaucoup de choses. J'ai acquis une certaine expérience. Puis par la suite, on m'a proposé le statut de présidente du club. Et ce n'est pas pour mes beaux yeux. C'est plutôt grâce à ma volonté, mon dynamisme et mon courage. Au début, certains, sceptiques, ont été contre cette proposition. Ils ont fini par l'accepter, mais difficilement. Qu'une femme arrive à un poste de décision, cela gêne les hommes. Votre nom a toujours été associé à celui du TAS. Pensez-vous que cela va durer longtemps ? Si on échappe, cette saison, à la relégation, cela va changer beaucoup dans l'avenir du club. Pendant 17 ans, les différents dirigeants, qui se sont succédés à la tête du club, n'ont rien fait pour les jeunes. L'heure est venue, maintenant, pour s'occuper des jeunes. Mon objectif est de faire renaître le club de ses cendres. Cela me fait mal au cœur quand j'entends les ex dire : «Le TAS, on l'a enterré avec Larbi Zaouli». Et le 8 mars dans tout cela ? Il en faut d'autres. Car ce que fait la femme marocaine aujourd'hui est extraordinaire. Elle est partout, dans la vie politique, sportive, économique, associative… La preuve, la Moudawana. Tous ses acquis sont, aujourd'hui, le couronnement de longues années de travail, d'engagement, d'implication et d'intégration dans la vie de tous les jours.