Que s'est-il passé réellement à Al Hoceïma entre 2 heures 27 de ce matin du mardi 24 février et jusqu'au milieu de l'après-midi ? Il s'est passé tout simplement que les appareils de l'Etat n'ont pas répondu à l'urgence du moment. Que s'est-il passé réellement à Al Hoceïma entre 2 heures 27 de ce matin du mardi 24 février et jusqu'au milieu de l'après-midi ? Il s'est passé tout simplement que les appareils de l'Etat n'ont pas répondu à l'urgence du moment. Que ce soit au niveau des autorités locales, du gouvernement, ou des deux chaînes de télévision publique, tout le monde a été comme paralysé par le séisme. Pourtant un tremblement de terre devrait en principe réveiller tout le monde y compris les plus lointains du lieu du drame. Dans un pays normalement constitué, les responsables gouvernementaux, les élus, les députés et les journalistes ne devraient pas attendre le matin pour réagir. Durant toutes ces longues heures de silence mortel, les Marocains d'ici et d'ailleurs ont vécu dans l'obscurité la plus totale. On devine le drame des rescapés du séisme notamment ceux qui habitent les douars les plus lointains et qui sont restés pendant longtemps face à leurs proches emportés par la mort. Face à un silence assourdissant et à une terre en colère qui n'a pas cessé de trembler après le grand séisme, les sinistrés auraient connu toutes les frayeurs du monde dans la plus grande des solitudes. A l'étranger où la région compte un grand nombre d'immigrés, la peur a été plus terrible face à l'absence de toute information sur leurs proches. Et quand la télévision marocaine avec ses 2 M et TVM s'en mêle pour diffuser des bêtises à la place du drame, la folie n'est pas loin. Il y a eu au moins 14 heures de vide et autant de panique étatique, locale et médiatique pour enfoncer davantage les sinistrés dans une tristesse inouïe. Quelque part tout le monde a démissionné comme si notre pays était irrémédiablement vacciné contre les catastrophes naturelles. L'attentisme qui caractérise notre administration a encore fait des siennes en s'abritant derrière les décombres de moyens ou de manque de logistique. La justification est d'autant stupide quand on la transpose à deux télévisions qui n'avaient qu'à arrêter leur navets de feuilletons pour donner des informations sur le séisme. C'est vraiment catastrophique que personne n'ait eu ce réflexe dans les deux chaînes de concocter des journaux télévisés d'urgence en ne donnant que des informations en attendant l'arrivée des images. Il ne fallait pas un coup de génie pour qu'un journaliste ose se mettre devant une caméra et donner le contenu des dépêches relayées par tous les médias du monde. Mais tout le monde a oublié les règles de son métier au moment où il ne fallait rien oublier que ce soit à la direction de la télévision, au gouvernement ou chez les autorités locales. Or c'est dans les moments difficiles que l'on reconnaît la réactivité des appareils de l'Etat, la souplesse de ses mécanismes de décision et l'esprit d'initiative de ses responsables. Quand il y a du feu à la maison, on appelle les sapeurs-pompiers mais entre-temps on se déploie pour sauver la famille et les meubles. Il semble malheureusement que certains n'étaient pas concernés par les maisons d'Al Hoceïma et de ses régions dans les heures qui ont suivi le séisme. A ce moment, personne n'a tremblé à part les habitants et leurs proches qui ont été paralysés par l'onde du choc du silence.