Le sujet est passé pratiquement inaperçu mais le PJD semble bien décidé à s'attaquer au chantier de la révision des textes électoraux. Lors de son passage au forum de l'agence d'information MAP (Maghreb Arab Press), Abdellah Bouano, président du groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants, a évoqué la question. Le parti de la lampe qui traverse une grave crise au sein de sa majorité, notamment en raison des divergences avec son principal allié le parti de l'Istiqlal, commence à réfléchir sur des solutions qui permettront d'anticiper ce genre de crise dans l'avenir. «J'ai évoqué la question de la révision des textes électoraux dans le cadre des cinq défis législatifs auxquels nous faisons face actuellement. Il faut dire que la nouvelle Constitution a renforcé les prérogatives du chef de gouvernement et celles du Parlement sans que les textes électoraux ne subissent un vrai changement pour s'adapter avec les nouvelles dispositions constitutionnelles», explique M. Bouano. Et d'ajouter: «Nous avons gardé pratiquement les mêmes lois électorales et le même mode de scrutin alors que ces textes ne permettent pas d'éviter une balkanisation politique». Le parti se dirige-t-il donc vers une demande de la révision de ces textes? Pour Bouano, il s'agit pour le moment d'un simple défi législatif parmi plusieurs autres défis. «Aujourd'hui, il ne faut pas se focaliser sur l'aspect quantitatif de la production législative mais il est primordial de s'intéresser aux facettes qualitatives des textes adoptés par le Parlement». Le président du groupe parlementaire du PJD reste ainsi prudent parce qu'il sait que le sujet reste sensible et nécessite un consensus au sein de la scène politique et partisane en raison des enjeux. Car une révision des textes électoraux aura pour résultat une scène politique plus ramassée. Si les Pjdistes décident d'aller jusqu'au bout dans cette entreprise, ils pourraient œuvrer à changer le mode de scrutin et demander la révision du découpage électoral. Les déclarations de Bouano au forum de la MAP expliquent en quelque sorte la position de son parti à la première Chambre concernant le projet de loi définissant les critères du découpage territorial. Le texte vient d'être adopté par les députés après la décision du groupe parlementaire du PJD de retirer ses amendements. Ces derniers étaient grosso modo destinés à réduire la marge de manœuvre du ministère de l'intérieur. Après une opposition farouche de la part du groupe parlementaire du Mouvement populaire (majorité), le parti de la lampe a préféré céder en retirant ses amendements controversés devenus une menace pour la majorité parlementaire. Cet incident montre que le parti n'aura certainement pas carte blanche de la part de ses alliés dans ce dossier pour des raisons multiples. L'adoption d'un seuil électoral, par exemple, pourra limiter le nombre des partis politiques qui entrent au Parlement ou dans les instances élues d'une manière générale. Mais le hic est que cette mesure écartera de facto un grand nombre de petits partis dont certains se trouvent ou soutiennent la majorité actuelle. La tâche s'annonce trop difficile au point que la révision des textes électoraux pourra rester encore plus longtemps comme un simple défi.