Le GRET organise son VIIIe colloque international en collaboration avec l'UFR des sciences administratives et développement institutionnel de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat et la Fondation Hans Seidel les 4 et 5 mars 2004 au Centre d'accueil et des conférences du ministère des Travaux publics à Rabat. «Administration, gouvernance et décisions publiques», tel est le thème retenu par le Groupe d'Echange et de Recherche Technologiques (GRET) pour son VIIIe colloque international, les 4 et 5 mars 2004, en collaboration avec l'UFR des sciences administratives et développement institutionnel de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat. « Ce thème à trois composantes nous place au cœur d'une actualité cruciale, celle des changements rapides et profonds qui affectent les organisations publiques dans leur devenir structurel et opérationnel », estime Ali Sedjari, président du GRET et directeur de l'UFR des sciences administratives de l'université Mohammed V de Rabat. Parler de l'administration, de son rôle, de son action et de ses relations avec le public et le privé, estime le professeur Sedjar, revient à expliquer tout l'intérêt de la décision publique et de la capacité de l'administration à gérer avec célérité et efficacité les problèmes scientifiques, techniques et sociétaux. Le processus de prise de décision, inhérent au modèle du pouvoir centralisé et des décennies d'outils conçus par des systèmes relativement simples et par un environnement stable, est aujourd'hui inopérant. La transformation de l'Etat, et donc de son administration, imposée ou dirigée, est liée à la mutation de l'action publique dont les acteurs et les règles se sont transformés. Le Maroc découvre, avec beaucoup de retard, que le modèle de centralité administrative est battu en brèche et qu'il est temps de refondre les processus décisionnels autour des nouvelles valeurs de la gestion publique. Il ne s'agit pas d'un choix volontariste mais impératif, compte tenu de l'ampleur des difficultés et de la complexité des enjeux et des situations. « Notre pays traverse une période assez particulière de son histoire marquée surtout par l'absence de décisions courageuses et porteuses de projets et d'innovations », ajoute-t-il. Il y a aujourd'hui quelque chose de diffus et de confus qui donne l'impression que le pays n'est pas gouverné, que l'administration a des préoccupations autres que celles de s'attaquer aux exigences du pays. Certes, le gouvernement est censé gouverner, mais il ne gouverne pas tout le monde et tout le temps, comme il ne gouverne pas assez ou pas du tout. Ce déficit ou cette absence de gouvernabilité s'explique en partie par les pratiques du pouvoir opératoires dans notre société. La constitution est relativement claire en la matière, mais la réalité politique est à contre courant de l'approche constitutive. « Aujourd'hui on a accumulé de nombreuses connaissances sur les circuits de la décision au sein de l'Etat, sur la manière dont les groupes d'intérêts luttent pour s'y insérer, sur l'influence des représentations et des attentes et sur mille autres mécanismes en jeu dans cette action spécifique qui est « gouverner », ajoute Sedjari avant d'ajouter : «Somme toute, on ne sait pas qui gouverne réellement». A qui profite le vide au moment où l'on assiste à un retour au champ des coulisses, des combines, des clans et des corporations ? Le travail gouvernemental est incohérent, discontinu ; l'administration est émiettée, partagée entre plusieurs pôles et plusieurs décideurs. Qui décide alors ? On le sait à peine, mais les décisions se font rares parce que c'est le discours qui domine la scène politique, c'est la parole qui promet, c'est l'ordre verbal qui s'exécute, c'est l'autorité qui négocie et c'est l'attente qui prime, explique le professeur Sedjari.