La présidente de la CGEM a mis en garde, vendredi à Rabat au cours d'une journée sur la stratégie nationale de promotion de la Très petite entreprise (TPE), contre la tentation de prendre la partie pour le tout et ainsi, de risquer de biaiser la question à l'ordre du jour. Se référant aux propriétés de l'inclusion des ensembles, elle a affirmé que toute TPE n'est pas dans l'informel et que ce dernier n'est pas circonscrit aux seules TPE. Ce trait d'esprit tiré, Miriem Bensalah-Chaqroun a longuement plaidé pour l'autre inclusion : celle économique et sociale, la seule qui compte finalement dans le domaine de la production. Comme les autres intervenants qui se sont succédé au cours de cette journée organisée à l'initiative du ministère des affaires générales et de la gouvernance avec le concours d'organismes d'aide allemands, elle a dit tout le bien qu'elle pense de «la mise en œuvre et de la vision stratégique de la promotion de ce qui constitue 80% du tissu productif marocain». Elle a également laissé entendre l'adhésion du patronat à ce qu'il perçoit comme un projet porteur d'un développement équilibré et durable. Cet engagement affirmé d'une manière aussi publique et par la voix la plus autorisée a fait souffler un réel vent d'optimisme sur la rencontre qui a fait salle comble à la Bibliothèque nationale. Il a de surcroît été réitéré quelques instants plus tard par le vice-président délégué du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM). Mohamed El Kettani qui s'est élevé contre l'idée que les banquiers fassent montre de tiédeur envers les TPE a rappelé que la plupart des «réussites actuelles» ont été de modestes ateliers créés parfois dans des établissements tout aussi modestes tels que des garages, et qui ont pris de l'étoffe grâce aux prêts privés. Le numéro 2 du groupement des banques a pris élan sur ce passé pour affirmer que, comme ils l'ont fait par le passé, les établissements de crédit se feront un devoir de prêter aux TPE qui portent des projets viables. Mais si le financement est nécessaire, il n'est pas suffisant, a estimé le ministre des affaires générales et de la gouvernance qui a considéré que pour que 80% du tissu productif prenne son essor, il faut lui aménager un cadre d'évolution à sa mesure. Mais avant cela, a-t-il fait remarquer, il faut en authentifier les enjeux. Pour lui, ils sont en premier lieu, que ni le privé ni le public ne pouvant offrir emploi à tous les chercheurs de travail, il faut développer l'auto-emploi. Et cet auto-emploi, nulle entreprise mieux que la TPE n'est capable d'en donner à proportion des attentes actuelles. Alors, pour que la TPE réalise son envol, la vision stratégique comporte 2 volets : l'encouragement et l'accompagnement. Au chapitre de l'encouragement, on trouve l'aménagement d'un cadre légal approprié, l'accès au crédit, une fiscalité allégée…. Côté accompagnement, il y a le conseil à l'installation, le suivi, la formation professionnelle, l'évaluation... En bout de piste, cet autre objectif dont la réalisation est de plus en plus perçue comme une franche nécessité : le captage et l'institutionnalisation de l'informel. Mais pour que la solution prenne, tout cela doit être conçu et mis en œuvre dans la perspective de la régionalisation et de la complémentarité sectorielle, a laissé entendre Mohamed Najib Boulif. Et c'est précisément cette complémentarité sectorielle qui a servi de point de départ à l'intervention du ministre de l'emploi et de la formation professionnelle. La TPE est partout, et présente dans tous les secteurs d'activité, elle est susceptible de fournir emploi dans les domaines les plus divers et de faire appel aux compétences les plus variées, a-t-il déclaré. Il a ajouté que l'expérience accumulée par son département en matière de formation et de formation continue peut se révéler d'une grande utilité dans l'accompagnement des projets nouveaux. Car le but n'est pas de donner simplement du travail, mais d'en donner un digne. Outre cette qualité, celles de l'innovation et de la flexibilité ont été mises au crédit de la TPE par l'ambassadeur d'Allemagne, Michael Witter. Avec 7 millions d'emplois, soit 60% du marché du travail et 80% des possibilités de formation et d'apprentissage, la TPE est un pilier de l'économie sociale allemande, a-t-il déclaré. L'économie sociale étant, selon la définition qu'il en a donné, celle qui promeut l'inclusion sans nuire à la compétitivité et qui de ce fait, «est susceptible d'inspirer la stratégie marocaine de promotion des TPE». Au cours de cette rencontre, des conventions ont été signées entre le ministre des affaires générales, celui de l'emploi et les Offices de formation professionnelle et de promotion d'entreprises.