Après avoir annoncé sa démission, le président de la commission technique, de la commission des statuts et des règlements, et en même temps trésorier de la FRMF, Abdellah Ben Hsseïn, revient, quelques jours après, sur sa décision. Dans cet entretien, il parle de l'anarchie qui règne au sein de la fédération et du travail qui reste à faire pour sortir le mode de gestion de notre football de son amateurisme. ALM : Vous avez démissionné de votre poste de président de la commission technique. Pourquoi? Abdellah Ben Hsseïn : Je n'ai démissionné de nulle part. Je veux dire qu'il n'y a pas eu de démission écrite. Je suis toujours là fidèle à mon poste. J'ai pensé à tout le travail qui a été fait au sein de la commission technique de la Fédération royale marocaine de football, depuis presque une année, et qui commence à donner ses fruits. Ce qui est arrivé, c'est que, tout simplement, j'avais besoin d'un peu de recul. Maintenant, il faut penser à l'avenir et essayer de capitaliser l'exploit de l'équipe nationale durant la Coupe d'Afrique des Nations. J'ai déjà eu un entretien avec le sélectionneur national, Badou Zaki, durant lequel on a parlé de son contrat qui sera renouvelé jusqu'à 2006 et de son nouveau salaire. Car, enfin, il faut rendre à Cesar ce qui lui appartient. Lors de votre dernière sortie médiatique, vous avez déclaré que deux membres du Bureau fédéral détiennent le pouvoir de décision et donnent leurs directives par téléphone ? Je l'ai déclaré. Mais je l'ai dit car que j'ai l'impression que personne ne se soucie de l'après Coupe d'Afrique des Nations et la joie collective qui l'a suivie. Je veux que les responsables de la FRMF prennent les choses au sérieux, qu'ils soient à la hauteur de cet événement. Car pour gérer ce succès il faut mettre en place une politique de football. Or, jusqu'à maintenant il n'y a pas eu une seule réunion. Ne serait-ce que pour débattre de tout cela. Il n'y a ni un centre, ni un cadre de décision. Il y a, je dirais, une certaine anarchie. Il faut que ces organes travaillent chacun selon la tâche qui lui a été attribuée. Aussi, il faut qu'il y ait redistribution des cartes. Plus le temps passe, plus on va oublier ce qu'on a vécu pendant et après la CAN, comme moment d'euphorie et de liesse populaire. Il faut capitaliser le beau parcours de l'équipe nationale en travaillant de manière beaucoup plus professionnelle. Pour ne citer que le cas de la commission marketing, elle est, aujourd'hui, au point mort. Comme lors du fameux contrat conclu entre la fédération et la marque « Sierra », dont on ne connaît pas les tenants et les aboutissants. Aussi, il faut donner à cette institution les principes de base juridiques nécessaires. Soit on travaille, soit on tient une assemblée générale. Si ce n'est pas possible, on délègue. Cela fait plusieurs mois que la FRMF n'a pas tenu de réunions. Qui a intérêt à reporter sa tenue, à un moment où le Maroc est en lice pour l'organisation de la Coupe du Monde 2010 ? C'est une inconscience, une légèreté dans la gestion de la chose sportive dans notre pays. Soutenir la candidature marocaine c'est le devoir de nos tous. Seulement voilà, sur le plan juridique, il reste beaucoup de choses à faire. Il faut réunir tous les intervenants autour de la même table pour pouvoir en discuter. Vous avez déclaré que vous aviez gelé votre activité de trésorier, avant de revenir, plus tard, sur votre décision. Est-ce que cela est dû à des trous financiers dans la trésorerie? Si oui, comment en est-on arrivé là ? C'est l'interprétation qui a été faite. Je n'ai jamais dit cela. Je n'ai rien gelé. Tout ce que je peux vous dire c'est qu'il y a des anomalies dans l'opportunité des dépenses. Il faut se mettre d'accord sur la méthode de gestion. L'exemple du Qatar est là pour en témoigner. Après le retour de la délégation marocaine qui a participé au tournoi de « l'amitié » du Qatar, j'ai adressé une lettre à son président, en l'occurrence El Guertili, lui demandant de m'envoyer les justificatifs de ses dépenses. Peut-être que l'opportunité de donner des primes aux joueurs n'était pas efficiente, mais je voulais des documents qui justifiaient tout cela. C'est tout. Tout le monde parle de climat mal-saint, des coups-bas, des crises de jalousie entre les membres du Bureau fédéral, et cela a toujours été le cas. Est-ce que le président est au courant et qu'est-ce qu'il a fait pour mettre de l'ordre au sein de la FRMF ? Comme je l'ai toujours dit, le président a des préoccupations. Mais je n'ai pas dit qu'il y a une animosité. Ce que je voulais dire c'est qu'il y a un amalgame dans la répartition des tâches. La FRMF a des commissions et chacun doit travailler dans son domaine. C'est vrai que s'il y avait des réunions, on n'aurait pas eu tous ces problèmes. Il y a aussi un problème de coordination et de centre de décision. Les décisions doivent être prises collégialement. Ces derniers jours, vous avez dit haut ce que les autres pensent bas. Pourquoi maintenant ? Il arrive un moment où l'on dit ce que l'on pense, avec mes respects pour les autres, sans prétentions ni politiques ni financières, dans le cadre de la morale et de l'éthique. Je suis le gardien du règlement intérieur de la Fédération royale marocaine de football, puisque je suis président de la commission des statuts et des règlements. Comment je peux dire qu'un tel ou tel club est dans la légalité si la fédération, elle même, ne l'est pas. On ne peut pas être en permanence dans la commission technique, la trésorerie et la commission des statuts et des règlements.