Une résistance à donner une place aux femmes dans le champ public. C'est ce qui ressort d'une étude animée, mercredi dernier à Rabat, par la professeure et politologue marocaine, Houria Alami Mchichi, sur initiative de l'ONG de droit marocain Care International Maroc. Une enquête qui s'est penchée sur «Les effets du Printemps arabe sur la participation des femmes dans les sphère publique et politique au Maroc» en posant la question de l'impact de l'année 2011, marquée par plusieurs faits dans le pays, sur la participation des femmes. Ainsi, l'étude a été menée sur la base d'entretiens qualitatifs auprès d'un échantillon de 10 femmes féministes. Après la fin de la recherche, 3 jeunes femmes activistes proches ou engagées dans le M20F ont été interviewées pour confirmer ou infirmer certains propos des féministes. Les conclusions de l'étude qualitative ont montré des difficultés de communication entre les féministes historiques et les jeunes femmes activistes. Selon Mme Alami Mchichi, «cette étude ne prétend pas être exhaustive puisqu'elle a été réalisée dans un contexte de changement et donc il est difficile d'en dégager des effets». Ce constat de la politologue marocaine a été vivement critiqué dans le débat qui a suivi la présentation. D'aucuns ont posé la question «Combien de temps faudrait-il attendre pour évaluer les effets du Printemps arabe?». D'autres ont reproché le fait que l'échantillon se soit limité à trois femmes du M20F alors que la femme occupait une place importante dans ce mouvement. Interrogées, par ailleurs, sur la période précédant les révoltes de 2011, les féministes ont confirmé, lors de l'entretien, que depuis le début des années 90, la participation des femmes était en phase de croissance. L'étude a également montré combien les événements de 2011 ont mis à nu les divergences entre les féministes et les femmes islamistes qui se proclament aussi féministes. Elle a également révélé la faiblesse de la prise de conscience des enjeux du féminisme par les jeunes, notamment ceux et celles du M20F qui ont peu pris en considération les droits des femmes dans leurs revendications. De surcroît, le Printemps démocratique a, selon l'enquête, ouvert des perspectives et des opportunités extraordinaires en matière de participation des femmes dans la mesure où la nouvelle Constitution a reconnu de nombreux droits aux femmes. Pourtant, plus d'un an après, les mutations attendues n'ont pas été réalisées. Bien au contraire, l'impression qui domine chez les femmes interviewées est celle de la stagnation, voire du recul compte tenu des orientations idéologiques du nouveau gouvernement. D'où l'utilité de relever plusieurs défis. Dans ce sens, l'étude a notamment insisté sur la nécessaire relève générationnelle, la clarification des nouveaux enjeux et sur la délimitation des moyens à mettre en œuvre pour maintenir et améliorer la dynamique créée par le mouvement des femmes et renforcer leur participation dans tous les secteurs : public et politique.