Le conseil national de l'Istiqlal mettra-t-il ses menaces de quitter le gouvernement à exécution ? Le parti avait donné, lors de la dernière session, à son principal allié à la majorité le PJD jusqu'à l'organisation de la nouvelle session comme ultimatum pour prendre en considération ses revendications. Le délai expirera dans deux semaines alors que la question du remaniement ministériel, cheval de bataille de la nouvelle direction de l'Istiqlal, reste toujours en suspens. En effet, la prochaine session du conseil national du parti de la balance est prévue le 4 mai prochain. D'ici là, la majorité gouvernementale retiendra son souffle. «La question de rompre l'alliance avec la majorité ne sera pas officiellement à l'ordre du jour mais les membres du conseil national ont le droit de demander à ce que la question soit débattue, dans ce cas-là le parti devra prendre une décision», affirme une source bien renseignée à l'Istiqlal. Et de poursuivre: «Pour préparer la prochaine session du conseil national, les membres du bureau politique vont tenir une réunion le week-end prochain à Marrakech. Cette rencontre sera comme un brainstorming où le bureau politique soulèvera également la crise économique et sociale». Ce rendez-vous intervient à un moment où les relations entre le parti de la balance et son allié le PJD se détériorent chaque jour. Bien que les deux formations politiques soient membres de la même alliance au Parlement et au gouvernement, elles adoptent des positions différentes parfois aux antipodes concernant plusieurs dossiers, notamment la réforme de la Caisse de compensation. La tension a même gagné les relations entre l'Istiqlal d'un côté et le PPS (Parti du progrès et du socialisme) de l'autre. Pourtant, les deux partis sont des alliés de longue date puisqu'ils étaient tous les deux membres de la Koutla démocratique depuis les années 90 du siècle dernier. Le secrétaire général du PPS, Mohamed Nabil Benabdellah, ne cache plus son mécontentement vis-à-vis des sorties médiatiques de la direction de l'Istiqlal critiquant la gestion gouvernementale. De leur côté, les Istiqlaliens font de même et critiquent les dernières déclarations du leader du PPS. C'est dire l'atmosphère électrique qui règne au sein de la majorité et rien n'indique pour le moment que les choses vont s'améliorer. «Le parti de l'Istiqlal a tout à fait le droit de faire des remarques et défendre des idées et des points de vue. La majorité n'est pas gérée selon une discipline militaire mais elle répond plutôt à une discipline politique où les uns et les autres doivent exprimer des avis et soulever des débats», explique la même source. Et de conclure: «Ceux qui n'acceptent pas les idées des autres et les débats qui existent au sein de la majorité font juste leurs premiers pas dans l'apprentissage de la démocratie alors qu'ils n'étaient pas démocrates dans leur jeunesse. Mais qu'ils soient rassurés, désormais le débat se fera de cette manière et non pas autrement». Dissolution La première session du conseil national du parti de l'Istiqlal a eu lieu en janvier 2013 sous la nouvelle direction de Hamid Chabat. Les membres du parti en ont profité pour le parachèvement de leurs structures internes. Ahmed Taoufiq Héjira a été ainsi élu président du conseil national du parti. Après avoir élu les nouveaux responsables du parti, les membres du conseil national avaient soulevé la question du maintien de leur parti dans la coalition gouvernementale. La direction avait alors décidé de reporter le débat sur la question à la prochaine session du conseil qui aura lieu dans deux semaines. Certains responsables du parti ne tarissent pas depuis l'arrivée de Chabat à la tête de l'Istiqlal de critiques envers le chef de file de la majorité le PJD. Une sortie du parti de l'Istiqlal de la majorité provoquera immédiatement la dissolution de celle-ci moins de deux années après sa formation à l'issue du scrutin du 25 novembre 2011. A noter que le PJD a évoqué dans l'une des dernières réunions de son secrétariat général le scénario d'une démission du gouvernement et l'appel à des élections anticipées.