Les sessions du comité central du Parti du progrès et du socialisme (PPS) tiennent toujours de la foire d'empoigne, un état que certains politiciens qualifient pudiquement de débat démocratique. La 10ème réunion de ce qui passe pour être «le Parlement du parti d'Ali Yata» qui s'est tenue à Rabat samedi, n'a pas failli à cette règle grâce, notamment, à la volonté farouche de Saïd Saïdi de prendre la parole contre l'avis de la présidence de session pour dire sa différence. Le message du 1er opposant à la ligne actuelle tient en peu de mots: le contenu du rapport du bureau politique dont le secrétaire général a donné lecture ne reflète pas la réalité du Maroc. A l'appui de ses dires, celui qui reste dans l'histoire contemporaine du Maroc le 1er homme à avoir soutenu la cause de la femme, cite le FMI qui aurait sommé le Maroc de rétablir ses équilibres macro-économiques en libérant les prix de certains produits de consommation courante et en gelant les salaires. Tout le contraire de ce que tend à créditer la thèse gouvernementale reprise par le BP du PPS. Ce qui a entraîné cette exclamation outrée de Saïd Saadi: est-ce ainsi que nous nous rangeons aux côtés du peuple, nous dont la protection des intérêts des masses constitue un élément essentiel du référentiel? déclarera-t-il en substance. Pourtant, quelques instants plus tôt, le secrétaire général du parti avait fait feu de toute voix pour tenter de convaincre de la pertinence des choix du bureau politique. A commencer par la décision de participer à un gouvernement dominé par le Parti de la justice et du développement (PJD) que des membres du comité ne parviennent toujours pas à accepter. Nabil Benabdallah a donc dû réexpliquer les motivations qui ont amené le PPS à faire cause commune avec le PJD. Il a jugé que la tension politique actuelle n'est pas la conséquence d'un face-à-face opposant les tenants de la modernité aux contempteurs du passé, mais qu'elle est l'expression de la confrontation de ceux qui veulent réformer dans l'intérêt général et ceux que ne font agir que leurs intérêts égoïstes. Et s'il a convenu de ce que le déficit du budget s'est aggravé, de ce que le commerce extérieur avance à reculons et de ce que les transferts des MRE baissent, le secrétaire général du PPS ne désespère pas qu'on y mette bon ordre. Il y a des réformes à entreprendre en urgence et parmi celles-ci le système de compensation, le régime des retraites, le dispositif fiscal… domaines où le PPS entend faire propositions pertinentes et où il promet de veiller à ce que leur réforme ne lèse pas le pouvoir d'achat des classes moyennes et celles à bas revenus, a-t-il annoncé sous les applaudissements de l'assistance. Nabil Benabdallah a donc affirmé la volonté du PPS d'œuvrer à la promotion de la croissance et de l'investissement, de travailler au retour de la confiance, à la rationalisation des dépenses budgétaires, à l'aménagement d'un meilleur rendu fiscal – il a préconisé une imposition partielle de certains secteurs de l'agriculture-, à la réforme du transport… En somme, a-t-il laissé entendre, le PPS continuera d'être une force de proposition pour le progrès et un garant des acquis qui fondent la paix sociale. Ce qui n'a pas empêché cette profession de foi d'être cartonnée par une série de critiques qui ont reproché à la direction du parti de se complaire dans les propositions alors que les citoyens veulent des faits qui améliorent leur quotidien. Douche froide également au niveau des moyens financiers du parti. Le trésorier s'est plaint de ce que la subvention étatique de 300.000 dirhams et les cotisations des membres ne suffisent pas à la tâche. Pour mener à bien l'extension du rayonnement du parti et pour préparer les élections notamment. Mais Nabil Benabdallah ne désespère pas de présenter aux siens des résultats plus satisfaisants en novembre, mois au cours duquel sera célébré «le 70ème anniversaire de la création du PPS» et, plus certainement encore en 2014, année où se tiendra son 9ème congrès national. Entre-temps il a enjoint à ses troupes de plancher sur cette immense colle: quels outils pour le parti demain? Mais il y en a un d'outil de déjà connu: c'est de charger la presse de tous les maux pour être en droit de lui tomber dessus à bras raccourcis. Cet outil s'est retrouvé sur toutes les bouches depuis qu'en entrée à son exposé, le SG du PPS a enjoint à l'assistance d'écouter ce qu'il dit plutôt que d'accorder crédit à la presse «qui déforme tout».