Taxe sur les riches, indemnisations de chômage, portail makassib.ma…, le gouvernement multiplie les annonces à quelques semaines des élections. Réelle volonté de réformes ou simple effet d'annonce ? En tous les cas, c'est trop tard. Depuis quelques jours, le gouvernement multiplie les promesses (réformes fiscales, projet de loi relatif à l'indemnité de chômage) et tente tant bien que mal de soigner son image. Le portail nouvellement créé, makassib.ma, en est l'illustre exemple. Ce buzz gouvernemental survient quelques semaines avant les prochaines législatives, et ce n'est certainement pas un hasard. D'habitude peu enclin à communiquer, le gouvernement est cette fois-ci passé à la vitesse supérieure, et Internet est devenue la nouvelle cible de nos officiels. Dernière action en date : le nouveau compte du ministère des Finances sur le site de microblogging « twitter ». Contacté par nos soins, Lahcen Daoudi, membre du bureau politique du PJD, ne croit pas aux dernières annonces du gouvernement. Comme à son habitude, le dirigeant islamiste ne fait pas de cadeaux à l'exécutif et pense que ces annonces ne sont que des « signes montrant que le gouvernement marocain a failli », a-t-il affirmé, ajoutant que ce sont des « actions désespérées, à l'image des dernières cartouches tirées par les forces de Kadhafi en Libye ». Pour Daoudi, le gouvernement « patauge ». « Les Marocains sont assez intelligents pour comprendre que ces gens-là ont conduit le pays à la faillite », tient-il à ajouter. Aux promesses du gouvernement, Daoudi répond en déclarant que « nos ministres ne savent que conjuguer le verbe « faire » au futur. Ils n'ont jamais rien fait de concret ». Et dans un brusque accès de colère, le cadre du parti de la Lampe s'interroge : « Mais qu'est-ce qu'ils ont fait ? Ils ne font que tricher. Ce n'est pas sérieux ». À la question, « Pensez-vous que le gouvernement est populaire ? », Daoudi ironise : « Ils sont populaires auprès de leur proches, mais ces gens-là n'osent même pas sortir dans la rue. Ils ne méritent même pas qu'on leur jette des tomates ». « Le jour où M. Daoudi parlera positivement d'une quelconque mesure adoptée par le gouvernement, vous me le direz ! », répond Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS. Quant aux mesures promises par le gouvernement, le dirigeant du PPS affirme que ce sont « des mesures très alléchantes, qui concernent des questions sociales d'une grande acuité ». Benabdellah tient à rappeler l'importance, selon lui, des promesses du gouvernement, dont le parti qu'il dirige est membre avec deux portefeuilles (ministère de la Communication et ministère de la famille). « L'impôt sur la solidarité est une mesure d'une grande importance, elle mènera sans nul doute vers plus de justice sociale en mettant à contribution les plus aisés. C'est une mesure d'une grande importance car tout le monde devra contribuer à l'effort national », affirme-t-il, tout en ajoutant « qu'il en est de même pour l'allocation chômage » qui, selon lui, « profitera aux plus démunis, et leur permettra de recevoir une sorte de minimum vital ». Concernant le timing de ces mesures, l'ancien porte-parole du gouvernement prétend « qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire ». Pour lui, « quel que soit le timing, c'est une bonne chose ». Quand aux déclarations de Lahcen Daoudi, citées ci-dessus, Nabil Benabdellah pense que l'opposant «est dans son rôle, mais il exagère un peu». « Nous avons aussi été dans l'opposition, et nous croyons qu'il faut savoir applaudir lorsque certaines mesures sont bonnes, cela ne sert à rien de dire non à tout bout de champs », regrette Benabdellah. Autre avis, celui de Omar Balafrej. Le président du Technopark de Casablanca, mais surtout une des plus prometteuses jeunes figures de la gauche, n'a habituellement pas la langue dans sa poche. Mais cette fois-ci, le chantre de la « nouvelle gauche » se félicite des dernières réformes annoncées. Le jeune socialiste estime que « l'indemnité pour perte d'emploi, l'augmentation de la bourse pour les étudiants et l'impôt sur la fortune constituent trois bonnes mesures». « J'avais émis ces propositions il y cinq mois sur 2M, et je me félicite que le gouvernement ait fait preuve de sens de l'écoute », tient-il à affirmer. Quant aux intentions du gouvernement, Balafrej reconnaît que « c'est une décision électoraliste », mais en tant que « social-démocrate », il estime qu'il ne peut que se réjouir de ces annonces. Le seul bémol, selon le jeune intellectuel, est que le « gouvernement n'a pas donné assez de détails concernant l'impôt sur la fortune ». Autant dire que ce sera au prochain exécutif de donner sens à ce qui ressemble à une posture de forme.